Par Fweley Diangitukwa, politologue et écrivain
M. (Papy) Tamba est un esclave et pour le dire aisément, j’emprunte quelques éléments à Max Weber dans son livre « Le savant et le politique », Paris, La Découverte, 2003 et à mon livre Fweley Diangitukwa, « Qu’est-ce que le pouvoir ? », Paris, L’Harmattan, 2004.
« Tout Etat se fonde sur la violence », disait Trotski pour sa part à Brest-Litovsk. Cette manière de voir l’Etat rejoint le point de vue de Max Weber pour qui l’Etat représente le monopole de la violence physique légitime (p. 118). L’Etat moderne se définit ainsi sociologiquement par un moyen spécifique qui lui appartient en propre, comme tout groupement politique : la violence physique. Certes, la violence n’est pas le seul moyen de l’Etat car il utilise bien d’autres comme la corruption, la communication, la persuasion mais la violence est son moyen spécifique. Vu sous cet angle, « l’Etat est un rapport de domination exercé par des hommes sur d’autres hommes, et appuyé sur le moyen de la violence légitime (ce qui signifie : considérée comme légitime) » (p. 119).
M. (Papy) Tamba, qui se colle l’étiquette de « humble » pour distraire les Congolais, se fait en plus passer pour un « Papy ». Il n’a pas attendu que les autres le prennent pour un homme humble, lui-même s’est attribué cet adjectif. Pour quelle raison ? Il est le seul à le savoir. Mais revenons à l’essentiel.
L’homme dont il est question dans ce papier est au service d’un pouvoir qui recourt au monopole de la violence physique légitime pour s’imposer, en oubliant que le concept de pouvoir a déjà beaucoup évolué car il s’est élargi en s’ouvrant à la gouvernance qui fait intervenir des acteurs venant de différents horizons, notamment des secteurs public et privé ainsi que des milieux associatifs (société civile) et en s’appuyant sur la démocratie participative. M. (Papy) Tamba ignore tout cela.
« Quiconque fait de la politique aspire au pouvoir : soit comme moyen au service d’autres buts (idéaux ou égoïstes), soit pour lui-même, c’est-à-dire pour le sentiment de prestige dont il procure la jouissance » (p. 119), écrit Max Weber. Pour que l’Etat existe, « il faut que des hommes dominés se soumettent à l’autorité revendiquée par ceux qui se trouvent en position de domination dans chaque cas considéré » (p. 119). Nous avons compris, M. (Papy) Tamba est un homme dominé qui a accepté en âme et conscience de se laisser dominer. D’où l’étiquette d’« esclave » que je lui colle dans le titre de cet article.
Il existe trois formes de domination : traditionnelle, charismatique et légale-rationnelle. Le pouvoir de M. Joseph Kabila aurait dû se trouver dans la troisième catégorie si la CEI, la CENI et la Cour suprême de justice n’ont pas régulièrement organisé des fraudes électorales en sa faveur. De sorte qu’aujourd’hui, son pouvoir ne se trouve dans aucun de ces trois types de domination. Il jouit d’un pouvoir usurpé que nous avons qualifié de « défi » au lendemain de sa prestation de serment.
Pour servir le pouvoir ignoble de M. Joseph Kabila, M. Tamba a procédé par l’abandon de soi (lui-même), de son estime et de sa fierté personnelle pour ne plus voir que ce que son soutien sinon sa soumission au pouvoir de M. Joseph Kabila peut lui rapporter en nature, c’est-à-dire en argent et biens matériels. Il se soumet au chef d’Etat tricheur non en vertu du charisme de celui-ci ou parce qu’il croit en lui et en sa mission à la tête de l’Etat, mais parce que c’est le seul moyen de s’assurer une vie relativement « aisée ». Il sait qu’en se mettant du côté du pouvoir, il peut devenir un petit parvenu vaniteux et opportuniste. Puisque son chef est fourbe, il devient fourbe. Puisque son chef est démagogue, il devient démagogue. Puisque son chef est cynique, il devient cynique, etc. Il essaie, par tous les moyens, d’imiter son maître pour bénéficier de son admiration et de ses largesses. Max Weber dit : « Toute entreprise de domination qui exige une administration continue a besoin, d’une part, d’hommes prêts à agir en obéissant aux maîtres qui prétendent être détenteurs de la violence légitime, et elle a besoin, d’autre part, de disposer, par le biais de cette obéissance, des biens matériels nécessaires pour exercer le cas échéant la violence physique. En d’autres termes, elle a besoin de personnes constituant un état-major administratif et de moyens matériels d’administration » (pp. 122-123). Nous l’avons compris, M. (Papy) Tamba fait partie de cet état-major administratif dont a besoin tout pouvoir tyrannique pour dominer un peuple. Dans ce sens, il est un vassal qui a grandement peur de perdre ce qu’il gagne par la soumission. Pour mériter leur salaire, les vassaux se perdent en éloge pour leur chef. Max Weber écrit : « la peur de les perdre (prébendes) est ce qui fonde de manière ultime et décisive la solidarité de l’état-major administratif avec le détenteur du pouvoir » (p. 123). Pour diriger de façon tyrannique un peuple qu’il voudrait soumis à son pouvoir, « il (le chef) s’appuie sur des serfs ou sur des plébéiens, c’est-à-dire des couches de non-possédants, dépourvus d’honneur social propre, qui lui sont totalement liés du point de vue matériel et qui ne disposent d’aucun pouvoir propre à lui opposer » (p. 124).
M. (Papy) Tamba est dépourvu d’honneur social propre et il ne dispose d’aucun pouvoir propre à opposer à son maître nourricier parce qu’il est un soumis. Tous les laudateurs sont dans le cas de M. Tamba. Celui-ci et ceux qui font le même boulot que lui n’ont pas le temps de se cultiver car ils passent leur temps à chercher des arguments pour défendre leur chef. D’où leur superficialité et leur ignorance dès qu’ils se mettent à traiter un sujet autre que le panégyrique à leur maître. M. (Papy) Tamba est incapable d’être original en dehors de ses textes élogieux en l’honneur de son nourricier. Entre 2005 et 2006, j’ai eu à discuter avec lui sur la question de développement. J’ai vite renoncé car je n’apprenais pas grand chose de lui. Depuis, je ne le lisais plus, sinon très rarement. Ses derniers propos que nous avons vite contestés et détruits sur le Rwanda-Urundi en tant que colonies allemandes sont une preuve. Cet homme – comme son compère dans le mal, j’ai cité M. Samy Bosongo qui signe aussi ses articles de soutien au pouvoir de M. Joseph Kabila par d’autres noms comme Claudia Girl, Sandra Bushiri, Clarisse Nseka etc. – ne traite jamais des sujets de fond. Les quelques rares fois qu’il a osé, il s’est vite rendu compte de ses inepties qu’il est tombé dans le silence. Pour ne pas se sentir vaincu, il a chaque fois réapparu avec un autre sujet complètement différent du précédent sujet polémique.
Max Weber écrit : « Il y a deux manières de faire de la politique sa profession. Ou bien l’ont vit ‘pour’ la politique, ou bien ‘de’ la politique […] quiconque vit ‘pour’ la politique en « fait sa vie », en un sens intime. […] Vit ‘de’ la politique en tant que processus celui qui cherche à en faire une source permanente de revenu, ‘pour’ la politique celui pour lequel ce n’est pas le cas » (p. 131). Nous avons compris que M. (Papy) Tamba et les gens dans son cas vivent « de » la politique. Ils doivent louer publiquement et continuellement M. Joseph Kabila pour vivre, autrement c’est leur fin car ils vont être sortis du système. Ils sont des esclaves modernes pour cette raison.
M. (Papy) Tamba est incapable d’exister par lui-même. Comme un esclave qui a constamment besoin de son maître, il doit applaudir quelqu’un d’autre, le citer ou encore écrire sur la personne qui le fascine et de qui il attend une récompense pécuniaire car seul il pense qu’il n’est rien et ne peut rien. D’où son degré de dépendance et de flatterie dans ses écrits. Cela fait pitié pour un homme de son âge. Pourra-t-il s’affranchir un jour ? Il faut le croire.
En tout cas, l’histoire des nations montre que ce sont les chefs d’Etat les plus incompétents qui adorent être loués et êtres cités en public. Ils peuvent ainsi croire et laisser croire qu’ils valent plus que ce qu’ils ne sont en réalité.
En écrivant sur M. (Papy) Tamba, je voudrais simplement attirer l’attention de mes compatriotes qui ne doivent pas se laisser distraire car ses écrits et sa prise de parole publique ne poursuivent d’un seul objectif : éviter aux Congolais de s’intéresser à l’essentiel et trouver les moyens de mettre fin à la domination d’un pouvoir venu d’ailleurs.