Archive | août, 2012

L’esclavage moderne : le cas de M. (Papy) Tamba et Cie

14 Août

Par Fweley Diangitukwa, politologue et écrivain

 M. (Papy) Tamba est un esclave et pour le dire aisément, j’emprunte quelques éléments à Max Weber dans son livre « Le savant et le politique », Paris, La Découverte, 2003 et à mon livre Fweley Diangitukwa, « Qu’est-ce que le pouvoir ? », Paris, L’Harmattan, 2004.

« Tout Etat se fonde sur la violence », disait Trotski pour sa part à Brest-Litovsk. Cette manière de voir l’Etat rejoint le point de vue de Max Weber pour qui l’Etat représente le monopole de la violence physique légitime (p. 118). L’Etat moderne se définit ainsi sociologiquement par un moyen spécifique qui lui appartient en propre, comme tout groupement politique : la violence physique. Certes, la violence n’est pas le seul moyen de l’Etat car il utilise bien d’autres comme la corruption, la communication, la persuasion mais la violence est son moyen spécifique. Vu sous cet angle, « l’Etat est un rapport de domination exercé par des hommes sur d’autres hommes, et appuyé sur le moyen de la violence légitime (ce qui signifie : considérée comme légitime) » (p. 119).

M. (Papy) Tamba, qui se colle l’étiquette de « humble » pour distraire les Congolais, se fait en plus passer pour un « Papy ». Il n’a pas attendu que les autres le prennent pour un homme humble, lui-même s’est attribué cet adjectif. Pour quelle raison ? Il est le seul à le savoir. Mais revenons à l’essentiel.

L’homme dont il est question dans ce papier est au service d’un pouvoir qui recourt au monopole de la violence physique légitime pour s’imposer, en oubliant que le concept de pouvoir a déjà beaucoup évolué car il s’est élargi en s’ouvrant à la gouvernance qui fait intervenir des acteurs venant de différents horizons, notamment des secteurs public et privé ainsi que des milieux associatifs (société civile) et en s’appuyant sur la démocratie participative. M. (Papy) Tamba ignore tout cela.

« Quiconque fait de la politique aspire au pouvoir : soit comme moyen au service d’autres buts (idéaux ou égoïstes), soit pour lui-même, c’est-à-dire pour le sentiment de prestige dont il procure la jouissance » (p. 119), écrit Max Weber. Pour que l’Etat existe, « il faut que des hommes dominés se soumettent à l’autorité revendiquée par ceux qui se trouvent en position de domination dans chaque cas considéré » (p. 119). Nous avons compris, M. (Papy) Tamba est un homme dominé qui a accepté en âme et conscience de se laisser dominer. D’où l’étiquette d’« esclave » que je lui colle dans le titre de cet article.

Il existe trois formes de domination : traditionnelle, charismatique et légale-rationnelle. Le pouvoir de M. Joseph Kabila aurait dû se trouver dans la troisième catégorie si la CEI, la CENI et la Cour suprême de justice n’ont pas régulièrement organisé des fraudes électorales en sa faveur. De sorte qu’aujourd’hui, son pouvoir ne se trouve dans aucun de ces trois types de domination. Il jouit d’un pouvoir usurpé que nous avons qualifié de « défi » au lendemain de sa prestation de serment.

Pour servir le pouvoir ignoble de M. Joseph Kabila, M. Tamba a procédé par l’abandon de soi (lui-même), de son estime et de sa fierté personnelle pour ne plus voir que ce que son soutien sinon sa soumission au pouvoir de M. Joseph Kabila peut lui rapporter en nature, c’est-à-dire en argent et biens matériels. Il se soumet au chef d’Etat tricheur non en vertu du charisme de celui-ci ou parce qu’il croit en lui et en sa mission à la tête de l’Etat, mais parce que c’est le seul moyen de s’assurer une vie relativement « aisée ». Il sait qu’en se mettant du côté du pouvoir, il peut devenir un petit parvenu vaniteux et opportuniste. Puisque son chef est fourbe, il devient fourbe. Puisque son chef est démagogue, il devient démagogue. Puisque son chef est cynique, il devient cynique, etc. Il essaie, par tous les moyens, d’imiter son maître pour bénéficier de son admiration et de ses largesses. Max Weber dit : « Toute entreprise de domination qui exige une administration continue a besoin, d’une part, d’hommes prêts à agir en obéissant aux maîtres qui prétendent être détenteurs de la violence légitime, et elle a besoin, d’autre part, de disposer, par le biais de cette obéissance, des biens matériels nécessaires pour exercer le cas échéant la violence physique. En d’autres termes, elle a besoin de personnes constituant un état-major administratif et de moyens matériels d’administration » (pp. 122-123). Nous l’avons compris, M. (Papy) Tamba fait partie de cet état-major administratif dont a besoin tout pouvoir tyrannique pour dominer un peuple. Dans ce sens, il est un vassal qui a grandement peur de perdre ce qu’il gagne par la soumission. Pour mériter leur salaire, les vassaux se perdent en éloge pour leur chef. Max Weber écrit : « la peur de les perdre (prébendes) est ce qui fonde de manière ultime et décisive la solidarité de l’état-major administratif avec le détenteur du pouvoir » (p. 123). Pour diriger de façon tyrannique un peuple qu’il voudrait soumis à son pouvoir, « il (le chef) s’appuie sur des serfs ou sur des plébéiens, c’est-à-dire des couches de non-possédants, dépourvus d’honneur social propre, qui lui sont totalement liés du point de vue matériel et qui ne disposent d’aucun pouvoir propre à lui opposer » (p. 124).

M. (Papy) Tamba est dépourvu d’honneur social propre et il ne dispose d’aucun pouvoir propre à opposer à son maître nourricier parce qu’il est un soumis. Tous les laudateurs sont dans le cas de M. Tamba. Celui-ci et ceux qui font le même boulot que lui n’ont pas le temps de se cultiver car ils passent leur temps à chercher des arguments pour défendre leur chef. D’où leur superficialité et leur ignorance dès qu’ils se mettent à traiter un sujet autre que le panégyrique à leur maître. M. (Papy) Tamba est incapable d’être original en dehors de ses textes élogieux en l’honneur de son nourricier. Entre 2005 et 2006, j’ai eu à discuter avec lui sur la question de développement. J’ai vite renoncé car je n’apprenais pas grand chose de lui. Depuis, je ne le lisais plus, sinon très rarement. Ses derniers propos que nous avons vite contestés et détruits sur le Rwanda-Urundi en tant que colonies allemandes sont une preuve. Cet homme – comme son compère dans le mal, j’ai cité M. Samy Bosongo qui signe aussi ses articles de soutien au pouvoir de M. Joseph Kabila par d’autres noms comme Claudia Girl, Sandra Bushiri, Clarisse Nseka etc. – ne traite jamais des sujets de fond. Les quelques rares fois qu’il a osé, il s’est vite rendu compte de ses inepties qu’il est tombé dans le silence. Pour ne pas se sentir vaincu, il a chaque fois réapparu avec un autre sujet complètement différent du précédent sujet polémique.

Max Weber écrit : « Il y a deux manières de faire de la politique sa profession. Ou bien l’ont vit ‘pour’ la politique, ou bien ‘de’ la politique […] quiconque vit ‘pour’ la politique en « fait sa vie », en un sens intime. […] Vit ‘de’ la politique en tant que processus celui qui cherche à en faire une source permanente de revenu, ‘pour’ la politique celui pour lequel ce n’est pas le cas » (p. 131). Nous avons compris que M. (Papy) Tamba et les gens dans son cas vivent « de » la politique. Ils doivent louer publiquement et continuellement M. Joseph Kabila pour vivre, autrement c’est leur fin car ils vont être sortis du système. Ils sont des esclaves modernes pour cette raison.

M. (Papy) Tamba est incapable d’exister par lui-même. Comme un esclave qui a constamment besoin de son maître, il doit applaudir quelqu’un d’autre, le citer ou encore écrire sur la personne qui le fascine et de qui il attend une récompense pécuniaire car seul il pense qu’il n’est rien et ne peut rien. D’où son degré de dépendance et de flatterie dans ses écrits. Cela fait pitié pour un homme de son âge. Pourra-t-il s’affranchir un jour ? Il faut le croire.

En tout cas, l’histoire des nations montre que ce sont les chefs d’Etat les plus incompétents qui adorent être loués et êtres cités en public. Ils peuvent ainsi croire et laisser croire qu’ils valent plus que ce qu’ils ne sont en réalité.

En écrivant sur M. (Papy) Tamba, je voudrais simplement attirer l’attention de mes compatriotes qui ne doivent pas se laisser distraire car ses écrits et sa prise de parole publique ne poursuivent d’un seul objectif : éviter aux Congolais de s’intéresser à l’essentiel et trouver les moyens de mettre fin à la domination d’un pouvoir venu d’ailleurs.

 Fweley Diangitukwa

www.fweley.wordpress.com

Les fraudes électorales en RD Congo (élections du 28 novembre 2011)

13 Août

Conférence à Essen (en Allemagne), le 30 juin 2012

Par Dr Fweley Diangitukwa (politologue et écrivain)

Je présente mes très sincères remerciements aux organisateurs qui m’ont permis de venir m’adresser à vous aujourd’hui. Grâce à leur site « Lecridesopprimés » nous pouvons échanger en toute tranquillité entre opprimés du régime actuel. Je présente également mes très sincères remerciements à vous tous qui êtes venus partager votre amour du Congo avec moi. Votre présence me touche beaucoup.

Avec vous, je voudrais répondre à la question simple : pourquoi le Congo, notre pays, organise-t-il des fraudes électorales ? Pour répondre à cette question de départ, je vais évoquer une partie de notre histoire commune car c’est là que se trouve le début de réponse. Je vais considérer trois périodes dans mon intervention :

–         la période coloniale qui a été à l’origine de la création du Congo dans sa forme actuelle ;

–         les fraudes électorales de 2006 ;

–         les fraudes électorales de 2011.

Nous évoquerons les autres éléments de la politique congolaise dans la partie échange. Je suis venu ici à Essen avec l’idée d’échange et de partage.

Je vous transmets maintenant ma compréhension des causes à l’origine des fraudes électorales dans notre pays et vous compléterez si vous pensez que je n’ai pas tout dit.

D’où vient le Congo dans sa forme actuelle ?

Si jusqu’au XVe et XVIe siècles, la différence dans le développement entre les nations n’était pas très grande, cette différence a commencé à se creuser dès la découverte de la boussole et le début de l’industrialisation. La découverte du Nouveau Monde et la traite négrière ont permis aux pays européens à se développer rapidement en pillant les ressources de l’Amérique (du Nord et du Sud) et en exploitant, à travers la présence des Nègres envoyés dans le Nouveau Monde, une main-d’œuvre gratuite. Après l’interdiction de la traite négrière, les puissances européennes se sont intéressées à l’immense continent noir dans l’unique but d’exploiter ses ressources naturelles sous prétexte de « civiliser » les indigènes qui y habitaient. Les grandes puissances de l’époque, composées à peine de quelques pays européens comme l’Espagne, le Portugal, l’Angleterre, la France, les Pays-Bas, avaient des colonies en Amérique du Nord et du Sud, en Asie et en Afrique.

Le roi des Belges, qui voulait donner un débouché à son pays, engagea sa propre fortune dans la recherche d’une colonie afin d’exporter ses produits manufacturés, « contribuer à valoriser ses capacités commerciales, lui assurer l’accès à des matières premières et à des produits de terre dont elle ne disposait pas, ou encore pour ouvrir des perspectives pour ceux – nombreux à l’époque – qui vivaient en Belgique dans la misère et le chômage »[1]. C’est dans ces circonstances qu’était née, dans la tête du roi Léopold II, l’idée de posséder une colonie.

En effet, la question « D’où vient le Kongo ? » est apparemment très étrange car le Kongo a toujours existé aux yeux des habitants de ce pays. Mais cette question prend tout son sens lorsqu’on parle de la rencontre entre le Kongo et le monde extérieur, en particulier entre le Kongo et l’Occident, car l’Est du Kongo était déjà en contact avec l’Asie, particulièrement avec les Arabes, longtemps avant l’arrivée des Européens à l’intérieur du continent noir.

Pour l’histoire récente, la réponse à la question : « D’où vient le Kongo dans sa forme actuelle ?», nous est donnée par l’historien belge Jean Stengers dans son livre intitulé « Congo. Mythes et réalités. 100 ans d’histoire ». Au XVIIIe et au XIXe siècles, après l’abolition de la traite négrière, posséder une colonie était à la mode. Tout Etat de l’Europe occidentale, ayant la prétention de dominer le reste du monde, cherchait à avoir une colonie. C’est donc tout naturellement que le duc de Brabant, futur Léopold II, roi des Belges, se décida d’en avoir une. Sans Léopold II, il n’y aurait pas eu de Kongo, du moins dans sa forme actuelle[2]. La colonisation du Congo est à l’origine une aventure individuelle, celle duc de Brabant, qui finit par devenir une aventure collective.

Lorsque le 17 février 1860, le duc de Brabant prononce son premier grand discours au Sénat, il est question de « promouvoir le commerce belge à l’étranger et de l’exportation des produits belges »[3]. Pour y parvenir, il préconise non seulement la création de comptoirs en Orient mais il aborde aussi la question des acquisitions coloniales que son pays, la Belgique, pourrait envisager. Il dit : « Les comptoirs et les colonies n’ont pas seulement toujours bien servi les intérêts commerciaux des peuples, mais c’est encore à ces établissements que la plupart d’entre eux ont été redevables de leur grandeur passée ou présente »[4]. A travers la possession d’une colonie, Léopold II envie les avantages que les pays européens coloniaux, comme l’Angleterre, la France, le Portugal, l’Espagne, les Pays-Bas, en tirent. La Compagnie des Indes Orientales est à ses yeux un exemple frappant et encouragent. Il écrit : « Ses dividendes s’élèvent, en moyenne, depuis son établissement jusqu’en 1648, à 22 %. Il y a eut des années où elles atteignirent 40, 50, 60 et même 76 % ». […] C’est grâce à ses colonies que la Hollande voit ses fonds publics se maintenir si haut sur toutes les places de l’Europe, sa dette s’amortir de jour en jour, et ses impôts diminuer, malgré les immenses travaux publics projetés. L’an dernier, le produit net des Indes néerlandaises a été de 70 millions de francs environs »[5].

Il est évident que le futur roi des Belges poursuivait essentiellement un but commercial mais pas humanitaire dans l’acquisition d’une colonie. A travers l’exemple de la colonie de la Hollande, le duc de Brabant était hanté par l’excédent colonial, c’est-à-dire par le « produit net des Indes néerlandaises ». Cette précision ayant trait au goût du lucre, c’est-à-dire à l’enrichissement rapide et illicite, est d’une très grande importance car elle explique la suite des événements dans les relations entre la Belgique et le Congo et surtout parce qu’elle caractérise la relation avec le pouvoir de tous les acteurs qui gouvernent le Congo, depuis le roi des Belges jusqu’à Joseph Kabange (Kabila). L’attrait à l’aventure et à l’enrichissement rapide distingue l’homme politique congolais par rapport aux décideurs des autres pays. Est-il permis d’insuer sinon de dire clairement que ce mauvais comportement vient du roi des Belges ?

En Octobre 1858, le duc de Brabant dit à l’homme d’Etat espagnol, Pacheco, ce qui suit : «…mais ce qui lui (Belgique) manque le plus est une colonie pour créer une marine et obtenir de nouveaux marchés pour son industrie […] Vous qui conservez de si riches possessions outre-mer, vous devriez nous vendre une des îles de l’archipel des Philippines »[6]. C’est tout naturellement vers l’Asie que le futur roi des Belges tourne son regard pour acquérir une colonie. En octobre 1861, le futur Léopold II écrit au ministre belge à La Haye, le baron du Jardin, ce qui suit : « Pourrais-je connaître le nombre d’employés du Gouvernement en Hollande et aux Colonies ? Je voudrais savoir le nombre de Hollandais officiels qui vivent des colonies…. »[7].

Dans son second discours au Sénat en mars 1861, Léopold II déclare chercher à : « des revenus nouveaux pour le Trésor qui permettraient peut-être un jour au Gouvernement, à l’exemple de celui de la Néerlande, d’abaisser les impôts dans la mère patrie »[8].

L’idée de posséder à tout prix une colonie fut confirmée dans la pensée du futur roi des Belges après la lecture de l’ouvrage de Money, « Java or how to manage a colony, paru à Londres au printemps de 1861 mais que le duc Brabant ne lit qu’en novembre de la même année. Dans ce livre, Money, qui était un avocat britannique de Calcutta (Inde) et qui avait eu l’occasion de visiter Java, décrit le système colonial hollandais avec une vive admiration, car il le jugeait supérieur au régime anglais de l’Inde. La description du tableau détaillé des excédents coloniaux qui avaient été versés dans les caisses de la métropole avait beaucoup surpris le futur roi des Belges. Cela confirma son hantise d’avoir une colonie n’importe où.

Dans toute la pensée du roi des Belges, l’argument du revenu fourni par la colonie à la métropole est central, sinon capital. En 1861, il a écrit : « L’Inde et Java sont des mines inépuisables. La question se résume ainsi : est-il avantageux de posséder des mines d’or »[9]. Dès lors, il devint de toute évidence que la Belgique, sinon le roi lui-même, possédât quelque colonie car, « Si la Belgique qui a déjà son railway pouvait y ajouter quelque nouveau Java, on pourrait espérer la réduction de l’impôt du sel, la suppression des douanes, etc., tout cela sans amener la moindre diminution de nos ressources ou de nos dépenses actuelles. Les douanes tomberont le jour où des revenus transatlantiques viendront fournir à la mère patrie une dotation égale au produit des droits de douane »[10].

En devenant roi en 1875, Léopold II entend convaincre ses compatriotes en s’appuyant sur des arguments d’ordre économique : « L’Angleterre a avec l’Inde un commerce immense, elle règle les douanes de ce vaste empire qui constitue un débouché sans pareil pour tous ses fabricants […] Que ne deviendrait pas Anvers, ville de commerce et port de guerre, si nous avions une province en Chine ? […] L’Inde a donné le coton au Lancashire le jour où l’Amérique a été en révolution (et) fournit aussi le thé au marché de Londres. […] Java rapporte immensément. […] L’armée des Indes, la marine des Indes, l’administration des Indes (sont) trois immenses carrières ouvertes à l’activité de la jeunesse néerlandaise. […] Dans l’Inde, toutes les familles anglaises ont un ou deux de leurs enfants qui y vivent, y cherchent et y font fortune. Ces fortunes se rapportent à Londres et cette capitale, semblable à une ruche d’abeilles où ces insectes, après avoir sucé les meilleures fleurs, viennent déposer leur miel, est une des riches villes du monde. […] Dans l’Inde, le capital anglais se place à 20, 30 et 40 pour cent »[11].

Armé d’une idée de gain réalisé sur le dos des indigènes – c’est-à-dire armé d’un esprit de lucre – le roi des Belges se mit à chercher inlassablement une colonie. Après avoir vainement tenté de posséder les îles Fidji, de trouver une colonie en Extrême-Orient, en Chine (Formose), au Japon, à Bornéo, au Tonkin avec l’appui de la France, en Océanie, et, après avoir constaté que la voie était définitivement fermée en Asie, il se retourne vers l’Amérique latine dans le désordre argentin et sur la côte d’Afrique, et en fin de compte, vers l’Afrique centrale où il va tenter sa chance. Toujours hanté par le même goût de lucre, il écrit en 1877 : « Nous devons nous procurer une part de ce magnifique gâteau africain »[12]. Dès 1875-76, il est intéressé par le bassin du fleuve Congo et c’est là qu’il trouve son bonheur[13]. Jusqu’à sa mort, le roi des Belges a entretenu un intérêt actif avec le Congo. Il passe donc quinze ans avant de trouver une colonie.

Il est de notoriété publique que la colonisation du Congo est avant tout une aventure personnelle du roi des Belges. Auparavant, en 1878, c’est par une souscription que le roi a financé l’expédition de Stanley au Congo. Puis, pour matérialiser son rêve, il crée, en 1882, l’Association Internationale du Congo (A.I.C.) et c’est à travers cette Association qu’il participe à la Conférence de Berlin.

Entre 1879 et 1884, le roi des belges finance une nouvelle expédition de l’Anglais Henry Morton Stanley. Celui-ci remonte le cours du fleuve Congo, jetant ainsi les bases d’un territoire qui – en gros – correspondait à la forme de ce vaste bassin fluvial[14]. Pour avoir accès à l’océan Atlantique, le roi des Belges négocia avec les Portugais et les Français qui occupaient déjà la quasi-totalité du littoral. Il fit des concessions avec eux en leur cédant une partie du territoire se trouvant dans d’autres lieux afin d’avoir une ouverture lui autorisant l’évacuation des matières premières vers la métropole.

Après avoir acquis le Congo à titre personnel, il entame son action, en fin diplomate, sous le couvert d’organisations comme le Comité d’études du Haut-Congo puis l’Association internationale du Congo qui sont des paravents derrière lesquels Léopold II exerce son pouvoir et sa volonté sur sa nouvelle colonie.

« On peut trouver un symbole et une illustration de ce qu’est le caractère personnel de l’oeuvre dans la nature de l’Association Internationale du Congo, dont les années 1884-1885 marquent le triomphe. L’Association Internationale du Congo, l’A.I.C., est mentionnée à partir d’octobre 1882. C’est elle qui, en 1884-1885, se fera reconnaître comme puissance souveraine successivement par les États-Unis, par l’Allemagne, puis par les autres pays participant à la Conférence de Berlin, et qui, une fois reconnue, adhérera à l’Acte Général de Berlin. Or, dans cette Association, avec qui Léopold Il est-il associé ? Avec personne. L’A.I.C. est un être purement fictif : ce n’est qu’un nom, derrière lequel il n’y a que le seul Léopold II »[15].

Au Congo, le caoutchouc va être une véritable manne car au moment où le roi devient propriétaire du Congo, le caoutchouc qui pouvait être récolté immédiatement en quantités considérables bénéficiait d’une forte demande sur le marché mondial. « Les recettes deviennent très belles »[16], annonce le Roi dès juin 1895. « L’année suivante déjà, le budget sera en équilibre. Il présentera par la suite des bonus souvent considérables. Léopold II, maître absolu du Congo, peut désormais disposer librement d’un ‘excédent’ qui va se chiffrer par millions. Il peut aussi disposer librement des ressources de l’emprunt. Le crédit financier qu’a acquis l’Etat Indépendant lui permet en effet de placer des emprunts. Entre 1901 et 1908, il va se procurer de cette manière près de 100 millions de francs.

« Que faire de ces sommes considérables ? Léopold II n’éprouve à ce sujet aucun doute : elles doivent servir avant tout à la Belgique, à son pays, pour lequel il a travaillé, et qui est déjà virtuellement, à ses yeux, la métropole du Congo »[17].

Grâce à la possession du Congo et surtout aux recettes très importantes que lui procure sa colonie, Léopold II a enfin des idées claires sur l’embellissement de son pays, la Belgique qui va rapidement se développer et se moderniser avec l’argent venu du Congo. En effet, les pillages des ressources du Congo ne datent pas d’aujourd’hui. Ils ont commencé avec le roi des Belges qui était soutenu dans ses actions criminelles par plusieurs firmes transnationales.

Le roi des Belges cherche visiblement à s’enrichir sur le dos du Congo sans le moindre effort. « Sa grande pensée est d’embellir son pays, Créateur d’Empire, il veut devenir aussi un Roi-bâtisseur. En se servant d’un instrument qu’il a créé tout spécialement à cet effet, la Fondation de la Couronne, il se lance dans les travaux publics et les constructions monumentales. Partout en Belgique les chantier s’ouvrent : Arcade du Cinquantenaire, Musée de Tervuren, agrandissement du château de Laeken, Tour japonaise et Pavillon chinois, travaux d’Ostende, de Ciergnon, de l’Hôtel de Belle-Vue à Bruxelles. Avec ses architectes, le Roi élabore pour l’avenir des plans plus importants encore.

« En réalisant aux frais du Congo ces travaux souvent grandioses, le Roi jugeait qu’il pratiquait une politique tout à fait normale. Le Congo, déclarait-il, apportait de la sorte sa ‘juste participation à l’embellissement de notre (de son) territoire’ »[18]. Il y avait un cynisme délirant dans ses propos. Ce cynisme avait été décrit par Brooke et Spenser St. John qui avaient parlé du roi des Belges en termes de ugly European après l’avoir rencontré. Alors qu’il n’avait encore que vingt-deux ans, il offrait déjà à la Reine Victoria la collaboration de troupes belges pour participer à une expédition en Chine afin de s’emparer par la force des richesses de ce pays. En 1859, il rêvait s’emparer de la masse d’argent se trouvant au Japon. Il écrit : « Au Japon, il y a des richesses incroyables. Le trésor de l’Empereur est immense et mal gardé… M. von Siebold me disait encore l’autre jour, la masse d’argent accumulée là-bas est telle que si l’Europe en avait connaissance, on organiserait de suite une expédition pour s’en emparer »[19]. Il ne pensait à rien d’autre qu’à la manière de s’enrichir démesurément en tirant de l’argent de la population. Il n’y avait en lui aucune générosité de cœur. Voilà le genre de ugly European qui s’était emparé du Congo. Que pouvait-il faire d’autre que piller les ressources naturelles de cet immense territoire qui devenait sa propriété privée. Au bas mot, le roi des Belges était un criminel, un voleur animé d’une cupidité insatiable et c’est ce même comportement que nombre de ses compatriotes ont affiché dans leurs rapports avec la colonie. Encore aujourd’hui, de nombreux hommes politiques et hommes d’affaires belges ont un comportement cupide dans leurs relations avec le Congo.

Revoir style Alors que le Congo manquait tout, le roi des Belges dépensait des fonds congolais pour développer la Belgique par la réalisation des travaux somptuaires : « Le Congo n’avait pas de routes, il n’avait presque pas de médecins ni d’hôpitaux, il manquait de moyens de transport, ses bâtiments administratifs étaient souvent minables, et l’on utilisait l’argent congolais, par brassées de dizaines de millions, pour construire l’Arcade du Cinquantenaire, la Tour japonaise ou le golf de Cleemskerke ! »[20]. Malgré la pauvreté du Congo et son état de délabrement, Léopold II réalisait, dans « sa folie ruineuse », des travaux gigantesques ou gargantuesques dont le financement provenait de l’exploitation de sa seule colonie en Afrique. Il fermait les yeux devant les mains coupées des indigènes qui refusaient de fournir au roi le caoutchouc en qualité industrielle : « L’utilisation des ressources coloniales au profit de la métropole lui paraissait de l’essence de la colonisation intelligemment comprise »[21]. Pour Léopold II, la Belgique devait trouver au Congo « des compléments de ressource pour développer et garantir sa propriété »[22].

C’est 1885, après la conférence de Berlin (novembre 1884-février 1885), que s’érige véritablement un « Etat indépendant du Congo » qui sera, jusqu’à 1908, une propriété privée du roi Léopold II, au moment où il accepta de céder à la Belgique sa colonie d’exploitation qu’il n’avait jamais visitée. Malgré la faible présence de ses hommes dans l’occupation du territoire colonial, à la conférence de Berlin, le roi des Belges fit reconnaître ses sphères d’influence sur le Congo auprès des autres puissances européennes présentes à cette conférence. Ces puissances imposèrent quelques conditions au roi des Belges. Si celui-ci devait exercer un pouvoir réel sur sa colonie, il devait « laisser la porte ouverte aux autres puissances, sur pied d’égalité, tant pour l’achat que pour la livraison des produits »[23]. Cette réalité, qui n’a jamais changé, est en grande partie à l’origine de l’instabilité actuelle du Congo car, en matière économique, toutes les puissances occidentales pensent toujours qu’elles ont la liberté d’entrer au Congo et de sortir de ce pays comme cela se passait à l’époque coloniale.

Parallèlement au but poursuivi autrefois par le roi des Belges, le volubile ancien commissaire européen au Développement et à l’Aide humanitaire, le dénommé Louis Michel, omniprésent dans le dossier congolais[24], est aujourd’hui hanté par le même rêve, le même goût de lucre lui « légué » par son roi, celui de s’enrichir rapidement, démesurément et personnellement tout en embellissant la partie wallonne de son pays. Le Commissaire européen, Louis Michel, est en quelque sorte un colonisateur retardé. Il aurait certainement voulu vivre à l’époque coloniale pour maltraiter les Congolais, leur donner des leçons et piller en toute impunité les ressources naturelles du Congo, comme ses compatriotes l’avaient fait avant lui. Beaucoup de Belges, qui se comportant comme Louis Michel, veulent s’enrichir sans effort sur le dos du Congo en soutenant les autorités politiques. Dans la plupart des milieux politiques belges, le Congo est toujours considéré comme une colonie qui doit contribuer à enrichir la Belgique qui est un pays pauvre en ressources naturelles. Que serait la Belgique sans la RD Congo ?

Malgré les preuves accablantes qui prouvent l’implication directe du roi des Belges dans les pillages des ressources naturelles du Congo, depuis l’accession de la colonie à l’indépendance, aucun leader n’a osé demander à la Belgique d’indemniser l’ancienne colonie pour les crimes commis. Pourtant, de nombreux indigènes avaient eu des bras coupés ; les travaux forcés avaient entraîné un génocide qui n’a jamais été reconnu et dénoncé. Pour rappel, le Kongo perdit dix millions de victimes sous la colonisation. Le Kongo qui comptait plus de 23 millions d’habitants n’avait plus qu’environ 13 millions en 1960.

Léopold II et la Belgique ont gouverné le Kongo en s’appuyant sur les trois « C » : colonisation, christianisme et commerce. Aujourd’hui encore, les trois « C » sont en grande partie la source du mal kongolais.

Pour qui veut comprendre la réalité actuelle et les difficultés que rencontre la République démocratique du Congo, la connaissance du passé est primordiale.

Jusqu’à présent, le Kongo est une vache à lait qui enrichit d’autres pays, principalement occidentaux. Combien de temps durera encore cette réalité ?

Encadré 2. Comment fut proclamée la naissance de L’Etat Indépendant du Congo, en sigle EIC, le 01 juillet 1885.

Le 10 avril 1884, le sénat de Washington reconnut la souveraineté de l’Association Internationale du Congo. Des déclarations échangées le 22, entre le gouvernement des Etats-Unis et M. Sanford, délégué de l’A.I.C., sanctionnèrent cette reconnaissance. Le 03 novembre suivant, l’Allemagne suivit l’exemple des Etats-Unis et, de décembre 1884 a février 1885, les autres puissances adhérèrent successivement au nouvel état des choses dans le bassin du Congo, en passant des conventions avec les représentants de l’Association.

Le 23 février 1885, les plénipotentiaires des puissances réunis en Conférence, à Berlin, sous la présidence du prince de Bismarck, manifestèrent en l’honneur du fondateur du nouvel Etat ; le colonel Strauch, président de l’Association et muni des pouvoirs du roi Léopold II, fut introduit et adhéra a l’Acte Général de la Conférence qui venait d’être rédigé.

Le 21 avril, la Chambre des représentants de Belgique reçut communication d’une lettre par laquelle le Roi demandait à être autorisé par la Législature à devenir le souverain de l’œuvre créée, en Afrique, par l’A.I.C. Cette autorisation lui fut accordée le 28 par la chambre et le 30 par le sénat.

Le premier acte officiel du nouveau souverain africain date du 06 mai 1885 : par décret de ce jour, il composa son cabinet de « trois administrateurs généraux : M. le colonel Strauch, qui avait été le secrétaire général de l’Association Internationale Africaine et le président de l’A.I.C., prit l’intérieur ; M. Van Eetvelde, consul général de Belgique en Chine, les affaires étrangères, et M. Van Neuss, directeur général au département de finances de Belgique, les finances.

Quelques jours après, vers le 20 – sans que nous puissions préciser la date – fut signé un acte par lequel le président de l’AIC renonçait, en faveur du roi Léopold II, aux droits que les traités avaient conférés à l’Association. Cet acte ne reçut pas de publicité et nous croyons même qu’il n’en a jamais été mention.

Le 29 mai, nouveau décret, dans les termes suivants : « L’arrêté royal date de Bruxelles, 29 mai 1885, par lequel le roi Léopold proclame la constitution de l’Etat Indépendant du Congo et son avènement à la souveraineté… ». Au Congo, l’Association avait depuis un an, a la tête de ses affaires un officier anglais, le colonel sir Francis de Winton qui, le 06 juin 1884, avait succédé a Stanley Falls, du nouvel état de choses qui venait d’être établi. Il le fit simplement.

Le 1er juillet – c’est cette date qui a été comme date officielle de la proclamation de l’Etat du Congo. Il adressa aux missionnaires et aux commerçants la lettre suivante qui, de même que le décret du 29 mai, ne reçut aucune publicité officielle.

Voici le texte :

 

Monsieur,

Vu le manque des moyens ordinaires par lesquelles les actes, ordonnances et proclamations peuvent être publiés, j’ai l’honneur de vous remettre sous pli une proclamation que j’ai fait émettre sous l’autorité de S.M. le Roi Léopold, Souverain de l’Etat indépendant du Congo, et de vous prier de bien vouloir faire part de son contenu à tous vos employés, dans les limites du nouvel Etat.

Je prends l’occasion de vous assurer que les buts du gouvernement de l’Etat indépendant du Congo sont : la préservation de la loi et de l’ordre, la promotion du commerce et de l’industrie et la protection et le bien public des populations natives.

En outre, je m’empresse de vous assurer de mon amitié et de ma bienveillance personnelle, et j’ose espérer que vous communiquerez franchement avec moi sur tous les sujets qui ont rapport aux intérêts de la maison commerciale que vous représentez, ainsi que sur tout autre sujet que pourrait suggérer votre expérience comme étant utile au nouvel Etat. Agréez, monsieur, l’assurance de ma parfait considération.

Vivi, 1er juillet 1885.

F. DE WINTON,

Administrateur général.

La lettre du 1er juillet 1885, par laquelle sir François proclamait la Constitution de l’Etat émane visiblement de lui ; quelques tournures de phrase un peu exotiques en témoignent. Sans doute, il ne faisait que paraphraser les instructions que lui avaient apportées le courrier.

On ne peut en dire autant de l’ordonnance sur le régime foncier qu’il rendait le même jour, qu’il annexait a sa lettre en l’appelant ≪ une proclamation, et qui, dans le bulletin officiel, est le troisième en date des documents officiels congolais. Elle montre toute la première préoccupation du gouvernement de l’Etat fut l’organisation régulière de la propriété foncière.

Voici le texte de cette ordonnance qui, pour être l’un des premiers pas du législateur congolais, a néanmoins le mérite d’une rédaction juridique d’une irréprochable précision.

Elle fut rédigée par M. Van Neuss :

ARTICLE PREMIER. A partir de la publication de la présente proclamation, aucun contrat ni convention passe avec des indigènes pour l’occupation, à un titre quelconque, de parties du sol, ne sera reconnu par le gouvernement, et ne sera protégé par lui, a moins que le contrat ou la convention ne soit fait a l’intervention de l’officier public commis par l’administrateur général et d’après les règles que ce dernier tracera dans chaque cas particulier.

ART. 2. Nul n’a le droit d’occuper sans titre des terres vacantes, ni de déposséder les indigènes des terres qu’ils occupent ; les terres vacantes doivent être considérées comme appartenant a l’Etat.

Vivi, le 1er juillet 1885.

Source : Le Mouvement Géographique n° 27 du 3 juillet 1910 : 27e année.

Les fraudes électorales de 2006

Les Leaders francophones belges ont été les sponsors et les lobbystes de l’imposteur auprès de la Communauté Internationale aux élections de 2006.

Les fraudes électorales de 2011

Les fraudes électorales de 2011 sont une version remaniée et corrigée des fraudes organisées en 2006.

Je présente succinctement les fraudes électorales et les irrégularités en trois étapes :

1. Avant les élections

Avant les élections, des tricheries électorales avérées ont été réalisées par les procédés suivants :

–         l’enrôlement des électeurs (enfants, étrangers, soldats, etc.) ;

–         la publication tardive des listes électorales ;

–         le non-accès au serveur et aux listes électorales par les partis politiques de l’opposition ;

–         le gonflement des listes électorales à l’Est ;

–         des bulletin électoraux manquants dans plusieurs bureaux de vote ;

–         des bulletins sans le nom et la figure de Tshisekedi dans certains bureaux du Kasaï ;

–         la circulation des bulletins de vote déjà cochés en faveur de Joseph Kabila. (Comment ces bulletins sont-ils sortis de la CENI ?) ;

–         la nomination de 18 juges de la Cour suprême de Justice à la veille des élections.

Des restrictions exorbitantes appliquées aux médias. Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication a suspendu deux réseaux de diffusion sans décision officielle ainsi qu’un journal proche de l’opposition. À Mbujimayi, la police a fermé la RLTV sans raison ». A Lubumbashi, une Commission électorale parallèle a été mise en place dirigée de Katumbwa Mwanke et Kyungu wa Kumwanza et mise en place le 17 août 2011. Cette commission a géré au jour le jour plus de cinq millions de bulletins pré cochés au nom du candidat numéro 3, c’est-à-dire Joseph Kabila. Monsieur Hubert Kamwila Nswana de Kolwezi a été exécuté froidement pour avoir tenté de dénoncer l’existence de cette commission parallèle, sur ordre de Kyungu wa Kumwanza.

La MONUSCO a aidé la CENI dans l’organisation de l’hold up électoral au congo. C’est elle qui a assuré le transport des bulletins déjà cochés pour Kabila. C’est elle qui a assuré le transport des militaires du pouvoir vers les deux Kasaï et Lubumbashi. Les diplomates à Kinshasa rappellent que la sœur de kKbila était consul honoraire de la Corée du sud quand Ban Ki Moon était ministre des affaires étrangères de ce pays.

 

2. Pendant les élections

Pendant les élections prévues le 28 novembre 2011, les votes (élections présidentielles et législatives) ont continué jusqu’au 30 novembre dans certains bureaux à l’Est de la République, en violation de la loi électorale ;

Il y a eu :

–   la suspension de chaînes de radio et de télévision de l’opposition, notamment RTL, ainsi que la répression des marches de l’opposition à Bukavu et à Goma.

–   des actes de violence généralisée et le sang a coulé abondamment dans les deux Kasaï pour décourager les électeurs à participer au processus électoral. La police nationale n’a pas renoncé à l’utilisation des munitions réelles afin d’éviter la récidive des tueries criminelles commises le 26 novembre et les 9 et 10 novembre à Kinshasa. Il y a eu 32 morts.

–   des votes de 100 % dans la province du Katanga, notamment à Malemba Nkula et à Bukama dans le territoire de Kabongo. Plusieurs autres bureaux ont affiché des scores à la soviétique voisinant les 100 %. Cela signifie que entre l’enrôlement et l’élection, aucun électeur n’est décédé, n’est tombé malade, ne s’est pas déplacé et n’a eu de préférence pour un autre candidat. Ce qui est impossible.

–   un commando armé (qui) a attaqué et détruit deux véhicules de la CENI en train de déployer le matériel de vote dans la ville de Lubumbashi. Des bulletins de vote destinés à près de 300 BVD ont été ainsi calcinés.

–   l’existence de nombreux bureaux fictifs.

– la mission d’observation de l’Union européenne observe qu’un grand nombre d’électeurs ont voté sans être préalablement inscrits sur les listes électorales, c’est le cas des témoins qui ont voté par dérogations ou des listes d’omission ou ceux qui n’ont pas retrouvé leur nom dans la liste mais qui avait des cartes d’électeurs, enivrons 17% des votants (en 2006 ce taux était de seulement 8%),

– le système de transmission des résultats par satellite n’était pas présent partout,

– plusieurs témoins des candidats ou des partis politiques ont été empêchés d’observer l’ensemble des étapes de compilation des résultats,

– 4.875 bureaux de vote (dont 2.020 à Kinshasa) n’ont pas été comptabilisés, soit 7,63% du total national,

– Il y a eu des actes de corruption dénoncés entre autres par Adam Bombole qui aurait reçu 800 mille dollars pour disperser les voies de M. Etienne Tshisekedi à Kinshasa et à l’Equateur. M. Kengo wa Dondo a joué le même jeu. M. Jacque Ndjoli, vice-président de la CENI aurait reçu 3000 000 de dollars.

3. Après les élections

Après les élections, le président sortant, Joseph Kabila, a reconnu les fraudes électorales en parlant d’erreurs mais la justice n’a pas trouvé là une raison pour annuler le scrutin ou pour mettre en doute les résultats.

L’usage des SMS a été bloqué en RDC pendant une semaine pour éviter, selon le pouvoir sortant, la circulation de résultats électoraux fantaisistes, mais en réalité, c’était pour empêcher la transmission des résultats des votes et des commentaires sur ces résultats ainsi que pour éviter les contacts entre groupes de manifestants, gêner la mobilisation des militants et empêcher l’organisation des marches de protestation.

Les magistrats de la Cour suprême de justice ont été corrompus pour entériner les résultats annoncés par la CENI. Chacun aurait reçu la somme de 500.000 dollars. La décision de la CSJ était une parodie de justice. La CSJ a été qualifiée – et avec raison – de « Cour privée de Kabila ». Elle était à la solde du pouvoir. Malgré les multiples irrégularités ayant entaché le processus électoral, dénoncées par l’opposition mais aussi par des observateurs internationaux, la CSJ a confirmé à la virgule près les résultats de la CENI.

Malgré également les trop nombreuses déficiences et irrégularités constatées lors de la collecte et de la compilation des résultats, la CSJ n’a pas usé de ses prérogatives pour examiner les résultats de façon plus approfondie, critique et indépendante.

La transmission des plis sécurisés à la CENI n’a pas été systématique. La CENI a fait disparaître les preuves (de nombreux PV ont disparu dans les bureaux de dépouillement) 3000 colis des bulletins électoraux perdus soit 2000 colis à Kinshasa (représentant à peu près 350,000 électeurs) et 1000 autres colis dans le reste du pays (essentiellement en provenance du Centre et de l’Ouest de la République) et représentant 500,000 électeurs). En tout 850,000 bulletins n’ont pas été comptabilisés.

– la proclamation des résultats a été faite le 9 décembre au lieu du 6 décembre 2011, en violation de la loi électorale.

– le président sortant a donc été proclamé président élu à la majorité simple par le président de la CSJ, Jérôme Kitoko, parce que, selon la cour, l’opposition n’a pas été à mesure de présenté des preuves susceptibles de faire annuler les résultats.

Voici les faux résultats présentés par la CENI :

– Kabila = 48,95% (au-dessous de la majorité requise, à savoir plus de 50 %).

– Tshisekedi = 32,33 % ;

– Kamerhe = 7,74 %

Message de Tshisekedi au peuple congolais :

Après la publication des résultats, Tshisekedi a appelé l’armée à lui obéir et il a promis une récompense pour la capture de Joseph Kabila. « Je vous demande de garder votre calme et votre sérénité, parce que quelqu’un qui est vainqueur ne s’agite pas, ne se trouble pas. Au contraire, il reste serein. Quant aux fauteurs en eau trouble, à commencer par Monsieur Kabila, je vous demande, à vous tous, de rechercher ce monsieur partout où il est dans le territoire national et de me l’amener ici vivant. Celui qui m’amènera Kabila ici ligoté, aura une récompense très importante.

De même, le gouvernement de monsieur Kabila est démis depuis ce jour. Les départements ministériels seront dirigés par des secrétaires généraux jusqu’à nouvel ordre. Officiers, sous-officiers, caporaux et soldats de l’armée nationale congolaise, je vous enjoins de n’obéir qu’à l’autorité légitime. La police nationale souveraine, vous ferez de même ».

– Le jour de la prestation de serment du président élu, Etienne Tshisekedi, le président sortant a envoyé les chars au Stade des Martyrs pour empêcher que le Président de la République Elu par le Peuple n’aille prêter le Serment.

Dans leur stratégie de faire croire qu’ils partageaient l’indignation du peuple congolais, les acteurs internationaux qui organisent le pillage des ressources naturelles du Congo avec la complicité des Congolais ont publiquement dénoncé les fraudes :

– L’Union européenne a contesté les résultats ;

–         Le Centre Carter a dit que « le scrutin de 28 novembre n’est pas crédible ».

–         La MONUSCO s’est jointe à la position du Centre Carter.

–         L’ONU à New York a demandé un dépouillement clair.

La preuve de ce double langage a été donnée par Ngoyi Mulunda en personne au cours d’une interview faisant état de l’implication de la communauté internationale dans la compilation des résultats. Le Bureau électoral de la Monusco et le PNUD, logés dans le même immeuble que la CENI faisaient la compilation et envoyaient des imprimés de résultats à la CENI.

Les élections étaient faussées à l’avance, par la volonté de la communauté internationale. Le pasteur Ngoyi Mulunda avait dit la vérité mais il était complice car il n’a pas démissionné. Tout le système était noyauté par les parrains du Congo.

La CENI a signé un accord technique avec la MONUSCO, le PNUD et les bailleurs de fond. Les fraudes étaient impossibles sans la complicité de ces partenaires. Du reste, la compilation était faite dans le bureau du PNUD qui transmettait les résultats à la CENI. Les élections au Congo étaient une mafia internationale organisée pour faire main basse sur les ressources naturelles du Congo tout en montrant à M. Joseph Kabila qu’il est au pouvoir grâce au soutien de la « Communauté internationale » présente en RDC.

Le porte-parole de la Mission de stabilisation des Nations – Unies au Congo, Madnodje Mounoubai a, au cours du point de presse hebdomadaire d’hier, contredit le président de la Ceni, le pasteur Daniel Ngoy Mulunda. Ce, au sujet de l’affaire du mail qu’un agent de la Monusco aurait envoyé au Cardinal Monsengwo (attestant que les résultats des élections tels que proclamés par la Ceni n’étaient pas conformes à la vérité ni à la justice)que Ngoy Mulunda avait évoqué au parlement, il ya quelques jours.

« (…) il n’est pas aussi heureux de dire n’importe quoi au parlement. Qu’une institution se base sur un mail privé envoyé par un individu pour justifier les lacunes connues de tous et reconnues par tous, est une véritable mise en scène. Nous devons être sereins, essayer de reconnaître nos faiblesses pour aller de l’avant. La vérité de l’homme, pasteur soit-il, peut aussi faillir », a déclaré le porte-parole de la Monusco qui répondait à une question de la presse.

La stratégie des acteurs internationaux s’inscrivaient dans ce que Nicolas Machiavel qualifie de « faire croire » : La Belgique, l’Union européenne comme les Etats-Unis ont mis en doute la transparence et la crédibilité des résultats des élections générales en RDC pour donner aux Congolais l’illusion qu’ils sont des démocrates et qu’ils souhaitaient la transparence des urnes. Mais la réalité est tout autre, bien différente de l’apparence qu’ils ont affichée.

Toute leur déclaration était du verbiage creux et servait uniquement à distraire l’opposition congolaise. Leur démarche était un choix calculé et stratégique. En mêlant leur voix à l’indignation, ces et ces Organisations cherchaient à inciter M. Étienne Tshisekedi à s’adresser à la justice ou à se fourvoyer à la Justice tout en sachant qu’elle ne lui sera pas donnée. C’était un piège pour lui dire, après le refus de le reconnaître vainqueur de l’élection présidentielle par la Cour suprême de justice de la République, qu’il devait respecter les  lois de son pays. Leur but est de faire croire. Ils étaient de connivence avec Joseph Kabila et ils savaient que la CSJ ne donnerait pas raison à M. Étienne Tshisekedi. Du reste, cette cour privée de Joseph Kabila n’a pas donné raison à M. Kamerhe qui a introduit un recours en bonne et due forme. Tout montre que la Communauté internationale n’est pas prête à reconnaître le choix des Congolais et à abandonner leurs très nombreux avantages au Congo. Ils refuseraient de confier le pouvoir à un Congolais qu’ils ne contrôlent pas afin de garder une mainmise sur les ressources naturelles du Congo.

La fameuse phrase « Bien que ces déficiences ne paraissent pas de nature à remettre en cause l’ordre des résultats, elles affectent malheureusement l’intégrité du scrutin » est une mauvaise traduction de la version anglaise qui ne disait pas exactement la même chose. Ecoutez :

http://www.dailymotion.com/embed/video/xpn9tp

Toutes les Organisations étrangères ont demandé au peuple congolais d’accepter les résultats erronés et éhontés sans faire pression contre les fraudeurs. Elles ont ainsi parrainé les fraudes électorales. Dans ce sens, les élections ont dévoilé la face cachée des organisations qui interviennent dans la politique congolaise. Aucune d’elles n’est crédible. Toutes les Organisations étrangères ont ménagé de manière implicite le camp Kabila coupable de fraudes.

L’Eglise catholique, par la voix du cardinal Monsengwo a déclaré que les résultats déclarés par la CENI « ne sont conformes ni à la vérité ni à la justice ».

Les enjeux

Le Secrétaire Général de l’UDPS, Jacquemin Shabani, a dit : «Joseph Kabila avait rendu la République démocratique du Congo pratiquement comme une jungle où la justice n’existait pas. Donc, il n’y avait pas une institution habilitée pour juger un contentieux électoral ; étant donné que les membres étaient à la solde d’un candidat (…) Cet [arrêt de la CSJ] était rédigé depuis longtemps, parce ces magistrats étaient internés, depuis le début de la campagne par Joseph Kabila, à l’hôtel Venus [de Kinshasa].»

La cérémonie d’investiture de Joseph Kabila, prévue le 20 décembre, a été boycottée, seul le président Mugabe y était présent. Le ministre belge des affaires étrangères, Didier Reynders, a refusé de s’y rendre mais il est quand même allé au Congo après les résultats des législatures. Il s’est fait représenté par l’ambassadeur belge à Kinshasa, Dominique Struye Swielande.

Lire page 108 de mon livre : Fweley Diangitukwa, « Les fraudes électorales. Comment on recolonise la RDC », Paris, éditions L’Harmattan, 2007.


[1] Congo 1960. Échec d’une décolonisation, op. cit., p. 22. Ce but n’a jamais changé. Les firmes transnationales et les puissances occidentales s’intéressent au Congo dans le seul but de piller ses ressources naturelles. Il est permis d’affirmer que le malheur du Congo vient principalement de l’extérieur. Si l’attrait au ressources disparaît, la guerre disparaîtra aussi.

[2] Le royaume du Kongo a préexisté à l’aventure coloniale du roi des Belges.

[3] Jean Stengers, Congo. Mythes et réalités. 100 ans d’histoire éd. Duculot, Paris – Louvain-La-Neuve, 1989, p. 9.

[4] Annales parlementaires, Sénat, 1859-1860, p. 59.

[5] Ibid., pp. 59-60.

[6] Jean Stengers, op. cit., p. 11. Il ne put, comme il l’espérait, racheter les Philippines à l’Espagne.

[7] Lettre du 25 octobre 1861, fonds cité; publ. de manière très incomplète dans G. Stinglhamber et P. Dresse, « Léopold II au travail », Bruxelles, 1945, pp. 65-79, cité par Jean Stengers, op. cit., pp. 11-12.

[8] Annales parlementaires, Sénat, 1860-1861, p. 109.

[9] L. Le Febve De Vivy, Documents d’histoire précoloniale, p. 21.

[10] Ibid., pp. 30-31.

[11] Se référer à Jean Stengers, op. cit., pp. 13-14.

[12] Léopold II à Solvyns, 17 novembre 1877 ; Archives des Palais Royaux, Congo, no 100. Publ. dans P. van Zuylen, L’Echiquier congolais ou le secret du Roi, Bruxelles, 1959, p. 43.

[13] A la fin du 19e siècle, il y a un engouement des puissances européennes pour l’Afrique. Français, Britanniques et Portugais cherchaient à explorer l’intérieur du continent dans le but de délimiter les frontières des colonies qu’ils s’empressaient à faire connaître à l’ensemble des puissances européennes. Cette délimitation se faisait à l’avantage du pays qui, le premier, découvrait telle ou telle vaste zone du continent africain.

[14] Congo. Échec d’une décolonisation, op. cit., p. 23.

[15] Jean Stengers, op. cit., p. 42.

[16] Léopold II à d’Anethan, 16 juin 1895 ; Arch. du ministère des Affaires étrangères, Série générale Congo, cité par Jean Stengers, op. cit., p. 40. « Le caoutchouc fut la première matière à être exploitée en abondance, dans des conditions très controversées, comprenant le travail forcé, assorti parfois de mutilations pour les récalcitrants durant la période de l’Etat Indépendant du Congo (1885-1908) », in Marie-France Cros et François Misser, Géopoliique du Congo (RDC), Bruxelles, éd. Complexe, 2006, p. 30.

[17] Se réfrer à Jean Stengers, Combien le Congo a-t-il coûté à la Belgique ?, p. 149 et sv.

[18] Lettre à de Smet de Naeyen, fin 1896 ; Arch. Générales du Royaume, Papier van Eetvelde, no 10. Se référer également à Jean Stengers, op. cit., pp. 30-31.

[19] Jean Stengers, op. cit., p. 20.

[20] à Jean Stengers, op. cit., p. 31.

[21] Ibid., p. 32.

[22] Discours d’Anvers du 12 juin 1909, in le Mouvement géographique, 20 juin 1909, col. 289-292.

[23] Congo 1960. Échec d’une décolonisation, op. cit., p. 23.

[24] « Volubile » : l’expression est de Jean-Claude Willame in Congo. Échec d’une décolonisation, op. cit., p. 156, note 11.