Archive | novembre, 2010

Immigrés : les sociétés occidentales produisent la non-intégration des étrangers

19 Nov

Immigrés : les sociétés occidentales produisent la non-intégration des étrangers

Par Fweley Diangitukwa

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La Suisse, comparativement aux autres pays d’Europe, est une exception. Ce pays est composé d’Européens venus de différents pays. Il est difficile de trouver un Suisse de souche, pur-sang. Les vieux Suisses viennent de France, d’Allemagne, d’Italie, d’Autriche, etc. Les plus jeunes sont les fils d’immigrés italiens, espagnols, français, belges, portugais, kossovars, etc. Si les plus anciens occupent des postes politiques au niveau communal et cantonal, ils se faufilent petit à petit au niveau fédéral, en particulier dans l’administration. Ils sont nombreux dans les universités et les entreprises à occuper des postes importants. Les immigrés les plus récents, surtout ceux qui ont une différence de peau – comme les Africains – ont beaucoup de peine à émerger à cause des données sociologiques négatives : la charge culturelle ou le poids culturel. Les Noirs sont en Suisse depuis les années 1980 seulement. La colonisation, la pigmentation, la formation acquise à l’étranger, etc. tout cela ne nous aide pas à avancer. La racisme est une réalité quotidienne.

Dans la mentalité occidentale, les immigrés du Sud sont un fardeau pour les Etats. Certains Européens ont peur que la race noire sinon les étrangers venus de loin supplante la race blanche. Il y a plusieurs mythes en Occident autour des immigrés : on croit que l’Europe est envahie par les immigrés, on croit que les immigrés viennent dans le Nord pour fuir la faim dans leur pays d’origine, on croit qu’il faut freiner l’immigration en limitant le nombre ou en recourant à la politique d’aide au développement, on croit que l’immigration provoque une fuite des cerveaux, on croit que les immigrés ne participent pas suffisamment dans le développement du pays d’accueil parce qu’ils envoient des fonds dans leur pays d’origine. On croit également que le fait que les immigrés restent attachés à leur pays d’origine est un indicateur du défaut d’intégration sociale et économique dans le pays hôte. Le dernier mythe souhaite que les Etats soient capables de gérer, contrôler et stopper les migrations.

J’ai démontré dans mon livre[1] que tous ces mythes sont faux.. Et ces sont ces mythes qui expliquent à mon avis pour quelle raison à compétences égales, les immigrés n’ont pas les mêmes chances que les nationaux. Les relations (réseaux et clientélisme) entretenues entre les nationaux (frère, sœur, cousins, amis de famille, oncle, tante, etc.) facilitent plus les nationaux que les étrangers qui doivent souvent bricoler leur réseau dans le pays d’accueil.

Un Suisse, Jean-Pierre Tabin, a défendu la thèse suivante : « Les paradoxes de l’intégration pourront ainsi être mis en lumière : pour pouvoir s’intégrer elle-même, la société nationale (pays d’accueil) a besoin de produire la non intégration des étrangers. Autrement dit : l’intégration de la société nationale est facilitée par la non-intégration des étrangers à cette société. Vu sous cet aspect, c’est la société d’accueil qui organise la non-intégration des étrangers parce que les nationaux refusent de voir les étrangers comme des personnes bénéficiant de mêmes droits[2] (voir dans mon livre). Ces raisons sont aussi valables pour la France où il y a, à mon avis, plus de discrimination vis-à-vis des étrangers à cause de son passé colonial. Je pense que la Belgique ressemble à la France. La division entre les Flamands et les Wallons n’aide pas les étrangers à émerger. Les Belges de souche se protègent là où les Français respectent le centralisme étatique, c’est-à-dire l’esprit jacobin. Puis, il y a cette peur atavique de l’étranger. L’homme blanc accepte difficilement d’être commandé par un étranger parce qu’il se croit toujours supérieur. C’est le poids de l’histoire. Devons-nous penser qu’il s’agit d’une question de durée et de mentalité ?

En tout cas, les sociétés nordiques sont plus ouvertes que les pays de l’Europe centrale.

La question de l’émigration a plusieurs réponses

La question de l’émigration a plusieurs réponses car la réalité change d’un pays à l’autre et d’une époque à l’autre. Il y a des pays où les migrants sont valorisés et d’autres où il règne une méfiance totale à leur égard. Puis, cela change d’une époque à l’autre. En Afrique par exemple, les Marocains et les Maliens, suivis des Sénégalais accordent une grande importance à leurs migrants car ceux-ci apportent un plus à leur quotidien. Il fut un temps où les migrants étaient recherchés en Afrique du Sud. Les premiers sud-Africains qui étaient rentrés après l’apartheid trouvaient des postes importants. Ce la n’est plus le cas aujourd’hui.

 

Quant à la promotion des étrangers dans des postes politiques, la méfiance des décideurs politiques s’explique par plusieurs raisons : la promotion dans le pays d’accueil fait généralement suite à l’appartenance à un réseau (les anciennes relations comptent beaucoup dans les nominations) et ensuite ceux qui ont toujours vécu dans le pays pensent qu’ils ont souffert plus par rapport aux étrangers ou ils pensent que les nationaux ont plus de droits que les étrangers ou encore plus que les leurs qui reviennent de l’étranger qu’ils soupçonnent parfois travailler pour des puissances étrangères ou pour les intérêts des pays où ils ont vécu avant leur retour. En Chine et en Inde par exemple, les Chinois revenus de l’étranger éprouvent beaucoup de peine à trouver un poste politique. En revanche, ils sont appréciés dans les centres de recherche, universités, laboratoires, firmes et autres. La cohésion au sein de partis politiques luttant à l’intérieur explique en grande partie la difficulté qu’éprouvent ceux qui rentrent et qui tombent comme un cheveu dans (la soupe) des structures où les anciens membres ont pris l’habitude de se fréquenter régulièrement et de partager un certain nombre de secrets.

 

C’est un état d’esprit qui change avec l’information que l’on donne aux citoyens. Tout dépend également de celui qui dirige. Au début du règne de Mobutu et de Laurent-Désiré Kabila, les Congolais revenant de l’étranger étaient valorisés. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Il appartient aux étrangers de changer cet état de chose par l’information, par la construction de leurs propres réseaux et par l’exécution d’un travail exemplaire dans le poste occupé.

 

Il n’y a pas que du côté négatif dans la fuite des cerveaux, il y a aussi du positif et la fuite des cerveaux ne concerne pas que l’Afrique. Les Européens hautement qualifiés vont aux Etats-Unis et au Canada pendant que les Africains viennent en Europe. Il y a des pays qui savent tirer profit de cette fuite, c’est notamment le cas des pays comme les Etats-Unis, le Canada, la Chine, l’Inde, Singapour, l’Espagne, etc. En matière d’immigration, les pays africains n’ont pas de stratégies et de bons stratèges.

 

La Grande-Bretagne recrute des infirmières en Afrique du Sud et ce pays forme son personnel soignant sur la base du programme britannique afin de résoudre le problème d’équivalence. Mais tous les infirmiers formés en Afrique du Sud ne sont pas recrutés par la Grande-Bretagne qui recrute aussi au Botswana sur les mêmes conditions. Des jeunes gens suivent la même formation avec l’espoir d’être recrutés par des agences afin d’aller travailler en Grande-Bretagne mais tous ne sont pas envoyés dans ce pays. Du coup, l’enseignement dans ces deux pays et le niveau du personnel médical local se sont améliorés. La Chine et l’Inde recrutent leurs migrants hautement qualifiés pour enseigner et travailler dans des pôles d’excellence pendant leurs vacances et/ou leur année sabbatique. Ces deux pays incitent leurs migrants les plus doués à rentrer travailler chez eux afin de faire bénéficier au pays d’origine l’expertise acquise à l’étranger. Que font la RD Congo et les pays africains ? Nous avons souvent des gouvernements irresponsables en matières de politiques publiques.

 

Il nous faut de bons stratèges et de bonnes stratégies pour amorcer le développement de nos pays et freiner ainsi l’exode des personnes hautement qualifiées. Impossible de faire autrement.

[1] Migrations internationales, codéveloppement et coopréation décentralisée, Paris, L’Harmattan, 2007, pp. 196-201.

[2] Ibid., pp. 235-237.

POURQUOI NOUS AVONS CHOISI LA LEGITIME DEFENSE ?

11 Nov

Veuillez d’abord écouter :

http://congojustice.org/le-conflit-au-congo-la-verite-devoilee/

POURQUOI NOUS AVONS CHOISI LA LEGITIME DEFENSE ?

Par Fweley Diangitukwa (Politologue et écrivain)

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Au stade où se trouve notre pays et à considérer le silence des autorités gouvernementales face aux drames que vit au quotidien notre peuple, nous ne pouvons rien à attendre de ce régime qui se maintient en recourant à la violence physique. Le territoire congolais est continuellement violé par les soldats rwandais et ougandais qui entrent et sortent comme ils veulent et comme s’ils se trouvaient à l’intérieur de leur propre pays. Les femmes et les jeunes filles sont quotidiennement violées mais le gouvernement ne répond pas en mettant en place des mesures efficaces pour les protéger. Les violeurs ne sont ni poursuivis ni punis. Rien n’est fait pour intimider et empêcher de nouveaux viols et de nouvelles violations des droits de l’homme.

Depuis 2006, nous assistons à une valse des décisions qui n’honore pas notre République. Les magistrats ont été limogés sans être jugés alors qu’ils étaient accusés de corruption, portant atteinte à leur dignité et à leur honneur. Les adeptes de Bundu dia Kongo ont été sauvagement massacrés mais les auteurs n’ont jamais été poursuis, jugés et punis. Une série de massacres et d’assassinats de journalistes et des défenseurs des droits de l’homme, à Kinshasa et ailleurs, se poursuit comme s’il n’y avait pas une autorité politique dans notre pays. Floribert Chebeya a été assassiné mais le Parlement et le Sénat n’ont pas protesté au point de suspendre leurs travaux pour exiger la condamnation des auteurs de ce crime odieux. La communauté internationale n’a pas non plus protesté, allant jusqu’à demander la tête de l’auteur de cet assassinat crapuleux. Le gouvernement congolais a profité de l’accalmie qui a suivi l’assassinat de Floribert Chebeya pour fêter tranquillement le 50e anniversaire de l’indépendance du Congo, comme si les Congolais étaient réellement indépendants ! Les derniers événements en date concernent la mort de M. Armand Tungulu et la tuerie d’un roulage à Kinshasa parce que celui-ci n’a pas vite libéré la voie où se trouvait le très protégé Zoé, frère d’un chef d’Etat élu frauduleusement en 2006. L’Etat dirigé par M. Joseph Kabange (Kabila) a failli. Celui-ci a prouvé son incompétence notoire depuis le temps qu’il trône inutilement à la tête de notre pays. Puisqu’il a prouvé aux Congolais qu’il est incapable d’apporter le bonheur aux Congolais, il est temps de l’obliger à partir parce qu’il ne sait pas se donner les moyens de quitter paisiblement le pouvoir.

La publication du Rapport Mapping par le Haut Commissariat des Nations Unies à Genève, le 1er octobre dernier, n’a pas empêché le président de la RD Congo – qui est l’un des principaux auteurs des crimes de guerres et crimes contre l’humanité cités dans ledit rapport – de se promener librement à l’étranger, comme s’il n’avait commis aucun crime sur le territoire congolais. Il a été royalement accueilli à Montreux pendant les travaux de la francophonie.

Pendant que les uns ont un salaire faramineux de six mille dollars auquel s’ajoutent des avantages sociaux liés à leurs fonctions, les fonctionnaires et les enseignants triment et se débattent. Ils n’ont pas un salaire dépassant les 100 dollars par mois. Les accord de Mbudi n’ont jamais été respectés et plus personne n’en parle. Alors que les uns et les autres vivent dans le même pays.

Les dirigeants ont  atteint un degré d’indifférence et d’irresponsabilité qui ne peut plus être accepté. Après avoir organisé les fraudes électorales en 2006, ils s’apprêtent à  organiser de nouvelles fraudes qui leur donneront le droit de se maintenir au pouvoir et de jouir de leurs fonctions comme ils l’ont fait jusqu’à présent, en ignorant le peuple. Tous les observateurs objectifs savent et disent ouvertement que les élections de 2006 n’étaient pas démocratiques et elles ne doivent pas être considérées comme une référence. Lorsque l’on observe ce qui a été fait au Togo, au Gabon, au Kenya, au Zimbabwe, au Congo-Brazzaville, au Rwanda et ailleurs, ainsi que les préparatifs qui précèdent l’organisation de prochaines élections, nous concluons que le pouvoir de Kinshasa se prépare à organiser de nouvelles fraudes électorales en 2011. Cela se décèle dans le déséquilibre que l’on découvre dans la composition de la CENI où la coalition au pouvoir s’offre 4 membres et l’opposition n’a que 3 membres. La société civile est complètement ignorée de cette structure. Le fonctionnement du pouvoir en Afrique montre que notre continent n’a pas encore intégré la culture de l’alternance au pouvoir. Du reste, il faut qu’un chef d’Etat ait une formation claire – je vais dire un métier précis – pour qu’il envisage l’idée de quitter le pouvoir (c’est le cas du Sénégal depuis le départ de Senghor). Dans le cas contraire, le putschiste se pérennise au pouvoir. On n’a jamais vu dans l’histoire un groupe qui s’empare du pouvoir d’Etat par la violence l’abandonner de gaieté de cœur, sans y être contraint par la force.

Compte tenu de notre situation actuelle et de l’indifférence des autorités politiques quant à la vie misérable de nos citoyens, nous n’avons plus que le choix de soutenir tout compatriote qui cherche à trouver la voie qui nous permettra de recouvrer notre dignité car nous avons l’obligation de défendre légitimement notre Congo contre les envahisseurs et les infiltrés. Défendre légitimement le Congo est un devoir patriotique reconnu dans la Charte des Nations Unies. C’est à ce prix qu’il y aura un changement dans notre pays et c’est à ce seul prix que nous recouvrirons notre liberté et notre fierté nationale. Dans cette voie, nous soutenons et soutiendrons sans faille tout patriote qui, s’appuyant sur les princes de légitime défense, défendra les intérêts de la nation et nous demandons et demanderons à tous les patriotes congolais, épris de paix et d’amour pour leur patrie, de le suivre. Nous avons l’obligation de prouver au monde entier que le peuple congolais est capable de se prendre en charge et de définir librement son destin. Les ennemis du Congo se sont trop longtemps moqués du peuple congolais, cela doit maintenant finir. Réveillons-nous et prenons ensemble notre destin en main. Demain, nous serons définitivement libres et indépendants et nous construirons une grande nation au cœur de l’Afrique.

En guise de rappel, le coup de force de Jerry Rawlings au Ghana fut un coup de grâce. Par lui et grâce à lui, le Ghana est entré dans une ère nouvelle de développement, au point de sortir de la liste des pays pauvres hautement endettés. Il fut un homme de génie qui posa un acte de grandeur. Avant l’arrivée du capitaine Rawlings au pouvoir, le Ghana fut un pays incertain en proie à la corruption et à l’anarchie. La corruption était reine et les hommes forts se succédaient au pouvoir pour se servir comme on se succède dans un taxi, jusqu’au jour où cet homme d’Etat vint mettre de l’ordre. Lors du premier coup d’Etat de Rawlings, le 4 juin 1979, plusieurs dirigeants furent exécutés. La violence extrême de ce coup de force témoignait de l’indignation publique devant la vénalité et la corruption devenues emblématique du régime militaire. Le nouveau régime militaire dirigé par le capitaine Jerry Rawlings confia la gestion publique à des élites très qualifiées. Le gouvernement du Parti national du peuple (PNP) fut confié au Dr Hilla Limann. Dans sa « remise en ordre », le Conseil révolutionnaire des forces armées (CRFA) exécuta huit officiers militaires de haut rang, dont notamment trois anciens chefs d’Etat, en condamna plusieurs autres à la peine de mort in absentia, en incarcéra un certain nombre d’officiers militaires ainsi que de civils ou confisqua leurs biens. Son deuxième coup d’Etat en 1981 a marqué le début d’une période de croissance. Après l’action insurrectionnelle de Rawlings, le taux de pauvreté a été réduit de moitié entre 1991 et 2006. Aujourd’hui, le Ghana a atteint le principal Objectif du Millénaire pour le développement (OMD) avant la date limite fixée.

En nous basant sur ce cas concret, nous demandons à vous soldats congolais, fils authentiques du pays, de ne plus obéir aux ordres donnés par ceux qui vous oppriment et qui n’améliorent pas vos conditions de vie. Désormais, pointez vos armes contre les ennemis du Congo et contre leurs complices. Organisez la résistance là où vous êtes contre les envahisseurs.

Mbandaka n’était qu’une étape. Demain, nous construirons ensemble un pays plus beau qu’avant comme les Pères de l’indépendance nous l’ont demandé.

Fweley Diangitukwa

Auteur de nombreuses publications aux éditions L’Harmattan, notamment « Le règne du mensonge politique en RDCongo. Qui a tué Kabila ? », 2006, « Les fraudes électorales. Comment on recolonise la RDC », 2007, « Qu’est-ce que le pouvoir ?« , 2004.

Ø      Dernière publication, « La thèse du complot contre l’Afrique. Pourquoi l’Afrique ne se développe pas », Paris, L’Harmattan, mars 2010.