Archive | février, 2016

Peuple congolais, je vous aime

17 Fév

Remerciements adressés au peuple congolais après le succès de l’opération « ville morte » du 16 février 2016.

Nous tenons à remercier sincèrement le peuple congolais qui a suivi à la lettre l’appel à la ville morte lancé par la Dynamique de l’opposition en commémoration des chrétiens massacrés le 16 février 1992 par le régime dictatorial de Mobutu et Cie. Les dirigeants ont changé mais la nature du régime n’a pas changé. Le peuple congolais croupit toujours sous une dictature impitoyable qui massacre, tue, assassine, emprisonne et musèle les opposants.

En restant chacun chez lui, nous nous sommes souvenus de cruautés du régime de Mobutu que nous avons tous rejeté et nous nous sommes également souvenus de nos jeunes tombés les 19, 20, 21, 22 et 23 janvier 2015 parce que, comme les chrétiens tombés le 16 février 1992, ils aspiraient eux aussi à la paix et à la justice dans le pays de leurs ancêtres. Qu’ils reposent tous en paix auprès du Seigneur – leur créateur, car la méchanceté humaine les a arrachés trop tôt à la vie. Le dictateur et ses acolytes ont oublié qu’ils mourront eux aussi demain et qu’ils rejoindront ceux qu’ils ont tués.

L’homme n’a qu’une vie, c’est pourquoi nous devons nous dresser avec courage et détermination contre le régime actuel qui inspire la terreur pour se pérenniser au pouvoir. Le Congo n’appartient pas à eux et à eux seuls, il appartient à tous les Congolais. Voilà pour quelle raison nous devons doubler d’efforts pour mettre fin à notre servitude collective.

Cette première victoire doit nous donner des ailes pour aller plus loin dans le combat non violent. Chaque jour, nous devons solliciter l’imagination collective pour proposer des tactiques et les méthodes qui nous permettront de conduire notre lutte jusqu’à la victoire afin d’instaurer la démocratie. Une victoire gagnée de nous-mêmes, c’est-à-dire avec nos propres moyens, nous donnera la véritable indépendance qui est indispensable pour reconstruire notre pays, actuellement pillé par les dirigeants.

Soyons attentifs et prêts. Résistons ensemble pour que d’autres compatriotes ne tombent pas sous les balles de ce régime dictatorial, pour que d’autres Congolais ne soient pas égorgés à l’Est de la République par des soldats rwandais infiltrés dans l’armée congolaise, pour que d’autres femmes, filles et bébés ne soient plus violées par des criminels sans foi ni loi, pour que d’autres adeptes de Bundu dia Kôngo et du pasteur Mukungubila ne soient pas massacrés par les sbires du régime, pour que les militants de l’UDPS ne tombent plus à l’aéroport de N’Djili, sous les balles des sbires du régime, pour qu’il n’y ait plus d’autres Kouthino, Diomi, Christoph Ngoyi, Muyambo, Chalupa, etc.

Battons-nous avec nos mains nues. Oui, sans armes. Notre intelligence collective nous guidera. La victoire nous attend. Elle sera là, au bout de nos peines.

Peuple congolais, je vous aime car vous êtes un peuple patient mais résolu à promouvoir la démocratie. Si nous doublons d’efforts en n’obéissant plus, en ne coopérant plus, en ne nous soumettant plus, nous finirons par vaincre la dictature. C’est sûr.

En 1960, nos parents avaient exigé une indépendance immédiate. Aujourd’hui, nous disons, à notre tour, « le changement, c’est maintenant ». Cette année 2016.

Fweley Diangitukwa

http://www.fweley.wordpress.com

Est-il vraiment nécessaire de dialoguer avec une dictature ? (suite)

8 Fév

Cher compatriote Cyrille Lungudi,

Je vous remercie infiniment pour la lecture que vous avez faite de mon texte et la réponse que vous y avez réservée. Permettez-moi de préciser rapidement quelques points que je juge importants.

Il est vrai qu’en relations internationales et dans le domaine militaire, il y a cette expression : « combattre et négocier en même temps ». Mais vous avez omis de préciser qu’il y a toute une méthodologie qui accompagne ce choix et cela date de la fin du VIe siècle av. J.-C., du temps de Sun Bin, Sun Zi ou Sun Tzu[1]. Tous les manuels classiques traitant de la stratégie le précisent, entre autres le Traité de stratégie de Hervé Coutau-Bégarie[2]. Il ne s’agit donc de faire une distinction rapide et superficielle entre l’intelligence de ceux qui choisissent le « Fight and Talk » et la naïveté de ceux qui choisissent le « Fight or Talk ». C’est plus complexe que cela. C’est ma première précision.

Toujours en relations internationales, il est également dit qu’il ne faut jamais aller à une négociation en position de faiblesse. C’est pour cette raison que les parties qui vont à un dialogue font toujours un effort de gagner du terrain avant la rencontre afin de faire valoir leur position. Ce ne sont donc pas les acteurs qui font la différence mais plutôt les rapports de force entre acteurs qui font la différence. La partie qui est faible avant une négociation perd souvent à cause du manque de ce « faire-valoir » qui lui fait défaut au profit de la partie forte qui lui impose ses choix.

Les acteurs qui vont négocier ont des stratégies et des objectifs. Ce n’est pas parce que les émissaires de l’ONU demandent d’aller négocier qu’il faut accepter à tout prix. Les bons stratèges évaluent avant de décider entre aller et ne pas aller, car les émissaires de l’ONU poursuivent eux aussi leur propre objectif.

En Ukraine, Poutine s’est  trouvé en position de force car il y a des Russes nés en Ukraine qui vivent dans ce pays et la Russie a une obligation morale de les protéger [attention, je commente simplement, je ne prends pas position]. Il y a aussi la proximité entre les deux pays qui ont un passé commun. Nous ne pouvons pas oublier tout le passé historique entre les deux pays.

Kabila a accepté de négocier avec M23 parce que ce mouvement  a réussi à occuper durablement une partie du territoire congolais et les FARDC ne parvenaient pas à le déloger. Cette situation est semblable à ce qui s’était passé à Sun City où le RCD-Goma et le MLC étaient en position de force. Je réaffirme qu’il faut accepter de négocier lorsqu’on est en position de force.

Faisons la différence entre « intermédiaire » et « négociateur ». Un négociateur reçoit une mission et une autorisation officielle.

La photo qui accompagne votre réponse affichant les deux chefs d’Etat agresseurs de notre pays avec  le président de la RD Congo est, à mon avis, mal placée car elle rappelle de très mauvais souvenirs au Congolais que je suis. Vous avez certainement voulu provoquer. Depuis le temps que Monsieur Joseph Kabila rencontre les deux agresseurs de notre pays, s’il savait négocier et s’il préparait le Congo à être dans des rapports de force avantageux avant la négociation, notre histoire serait différente. Hélas !

Vous qualifiez à juste titre les négociations de Kampala d’ « humiliantes » et de « triste mémoire » parce que le Congo s’y est rendu en position de faiblesse et tout nous a été imposé. Le ministre Raymond Tshibanda a signé comme s’il était dans un état d’ivresse totale. Le cas précis de Kampala confirme ce que j’ai dit plus haut : « il ne faut jamais aller à une négociation en position de faiblesse ».

Dans la photo, le président Joseph Kabila est le seul qui a exprimé toute sa joie en public alors que le Congo qu’il a représenté à cette rencontre a perdu plus de 8 millions de morts et des milliers de femmes ont  été violées. Il n’y avait aucune raison de montrer toutes ses dents en public. Il aurait dû plutôt exprimer la fermeté et la détermination. Pourquoi les deux autres présidents n’ont-ils pas ri comme lui. Devant le photographe, se souvenait-il encore qu’il représentait un pays agressé par les deux autres présidents assis à ses côtés ? Ce jour-là, son attitude a frisé l’irresponsabilité. Pire, on l’a vu sur une autre photo esquissant des pas de danse devant les mêmes  deux chefs d’Etat des pays agresseurs du Congo. Et, c’est cette photo que vous avez choisie. Je trouve cela très choquant et regrettable.

 

Il est tout à fait normal qu’ « après une éclatante victoire militaire, le vainqueur sente encore le besoin du « Talk » (signature des accords de paix, armistice, etc.) pour… consolider la paix » parce qu’il est en position de vainqueur.  J’ai beaucoup de respect pour les FARDC car elles comptent dans ses rangs des soldats de grande valeur, mais il faut reconnaître que le M23 a été chassé avec le concours de la MONUSCO.

Le dialogue dont nous parlons n’est pas convoqué par la communauté internationale ni par les partis dans l’opposition mais par le chef de l’Etat sortant qui a utilisé la violence en 2006 contre Jean-Pierre Bemba et en 2011 contre Etienne Tshisekedi. Qui vous dit qu’il n’utilisera pas la même violence à l’issue du dialogue si les conclusions lui sont défavorables. Nous ne pouvons pas agir en ignorant le passé récent.

Notre pays à connu plus de 8 millions de mort.  On ne peut pas « liquider vite le sujet et passer rapidement aux vraies affaires : les élections! », comme vous le dites. Vous êtes trop expéditif, à mon avis. Le chef de l’Etat n’a toujours pas dit clairement et officiellement qu’il ne sera pas candidat. La CENI n’a pas travaillé pendant 4 ans et c’est maintenant, en 2016, qu’elle apprend aux Congolais qu’elle va s’occuper du fichier électoral. Que faisait-elle pendant tout ce temps ? Mais de qui se moque-t-elle ? Voyez-vous, il y a des préalables avant de parler d’élections. Toutefois, une chose est certaine, la fin du mois de septembre sonnera la fin du mandat de l’actuel locateur de la « maison blanche » congolaise. C’est la Constitution qui le dit et, dans un pays, la Constitution, c’est la voix de Dieu.

« D’autres Congolais s’interrogent sérieusement en se disant : ne pourrions-nous pas être raisonnables et accepter d’aller au dialogue pour trouver des moyens de discuter, de négocier des solutions pour contraindre le pouvoir à abdiquer ? »

Il est clairement dit dans la formation que cette question ne vient pas de moi mais de certains Congolais que j’ai écoutés.

Oui, je reconfirme mon idée : « L’opposition doit se rendre compte que la négociation ou le dialogue n’a jamais été un moyen réaliste pour renverser une puissante dictature lorsque celle-ci a pris l’habitude de ne pas respecter ses engagements et de réviser régulièrement la Constitution en sa faveur. »

Je suis tout à fait d’accord avec vous lorsque vous dites : « Les peuples eux ont toujours été en mesure d’en venir à bout des maux ». Mais je cesse d’être d’accord avec vous lorsque vous ajoutez : « La classe politique congolaise étant une, si on explorait un dialogue classe politique (tous ceux qui doivent de présenter comme candidat) avec les institutions de la république et le peuple pour s’assurer que cette fois, c’est LUI (le peuple) qui fera le choix ? ». Non cher compatriote. Le peuple fera de bons choix si nous lui donnons des moyens et surtout s’il agit dans un contexte de neutralité.

Excusez-moi, mais j’ai supprimé la photo d’Adolf Hitler que vous avez mise à la fin car cet homme était un véritable leader pathologique. Il a tué des millions de gens, exactement comme Kagame et Museveni.

Je vous salue et vous souhaite une bonne soirée.

 

Fweley Diangitukwa

http://www.fweley.wordpress.com

[1] Sun Tzu, L’Art de la guerre, Paris, Flammarion, 1972.

[2] Hervé Coutau-Bégarie, Traité de stratégie, Paris, Economica, 4ème édition, 2003, 1020 pages.

Est-il vraiment nécessaire de dialoguer avec une dictature ?

8 Fév

Est-il vraiment nécessaire de dialoguer avec une dictature ?

Confrontés à deux reprises à des régimes tyranniques, les Congolais se sont installés dans une attitude de soumission passive voire de servilité. D’autres parmi nous, habitués à jongler avec la dictature depuis le temps du maréchal Mobutu, ont vite conclu qu’il était, pour eux, plus utile de composer avec la nouvelle dictature, en espérant qu’en redevenant des caciques de l’autre dictature qu’ils n’ont pas eux-mêmes créée, il leur sera possible de cacher leur passé et de bénéficier des avantages du nouveau régime. Faute d’alternatives réalistes, cette option a particulièrement séduit les anciens Mobutistes et beaucoup d’autres jeunes intellectuels qui ont vite adhéré au PPRD (parti au pouvoir) et dans d’autres partis qui gravitent autour de la mouvance présidentielle. D’autres ont préféré restés fidèles à leur idéal de lutter pour une réelle libération démocratique de notre pays. Puis, les années ont passé, quelques partis qui se disaient de l’opposition ont finalement rejoint le régime tyrannique dans lequel ils ont occupé des postes importants, créant ainsi un doute dans le rang de ceux qui sont restés fermes dans leur choix de société.

Mais voilà, la mouvance présidentielle qui a triché aux élections de 2006 et à celles de 2011 n’arrive pas à gouverner la République à cause de son impopularité grandissante ; elle n’arrive pas à mettre fin au viol des femmes ni aux massacres à Beni, Lubero, Butembo et ailleurs. Pour gagner un peu en crédibilité et élargir le peu de légitimité qui lui reste, le régime tyrannique a organisé des concertations nationales à coût de millions. Mais, au lieu de respecter les recommandations faites par les concertateurs, le pouvoir a préféré les ignorer.

Se rendant compte qu’il arrive à la fin de son deuxième et dernier mandat, le chef de l’Etat a convoqué un dialogue national inclusif pour, dit-il, résoudre la crise. Mais de quelle crise s’agit-il et, s’il en existe une, qui en est à l’origine ? Suffira-t-il de participer au dialogue pour que la crise disparaisse comme par miracle ?

D’autres Congolais s’interrogent sérieusement en se disant : ne pourrions-nous pas être raisonnables et accepter d’aller au dialogue pour trouver des moyens de discuter, de négocier des solutions pour contraindre le pouvoir à abdiquer ? Il y a beaucoup de compatriotes qui croient naïvement qu’une dictature peut accepter de se retirer après des accusations proliférées contre elle pendant le dialogue, parce que, pensent-ils, elle aura reconnu publiquement la situation difficile à laquelle le pays est confronté. Ceux qui pensent ainsi connaissent mal la façon de raisonner des tyrans. Ils oublient qu’on n’a jamais vu dans l’histoire un régime tyrannique qui quitte le pouvoir parce que des dialogueurs lui ont demandé de démissionner. Un tel raisonnement frise la naïveté. Un tyran n’est jamais un homme de bonne foi. Il n’abdique que sous une très forte pression qui le mettra en danger s’il s’entête de garder le pouvoir. Donc, le dialogue n’aura de sens que si M. Joseph Kabila annonce officiellement qu’il respectera la Constitution en ne briguant pas un troisième mandat. Le reste n’est que perte de temps.

La négociation est utile et elle est vivement recommandée dans certaines situations qui ne portent pas sur des questions fondamentales et sur lesquelles un compromis est acceptable, comme régler une grève, une mutinerie, etc. Pour ce genre de conflit, il est possible de trouver un point d’accord situé entre les propositions présentées par les parties prenantes en présence. Mais pour des questions de partage de pouvoir avec un régime tyrannique – questions étroitement liées à la vie et à la survie politique du régime tyrannique –, le dialogue et/ou la négociation est loin de régler ce genre de conflit parce que l’enjeu de la négociation concerne l’existence même des cruautés commises par la dictature et, en filigrane, la revendication  des familles de victimes. Ce genre de dialogue tourne vite au procès lorsque le régime qui le convoque perd le contrôle.

En tout cas, la fin du mandat présidentiel prévu dans la Constitution est un sujet qui n’est pas négociable. Puisqu’il en est ainsi et puisque le détenteur du pouvoir a refusé jusqu’à présent de déclarer publiquement qu’il ne briguera pas un troisième mandat à la fin de son dernier mandat constitutionnel, le dialogue qui s’annonce est en réalité inutile. Il servira à amuser la galerie, certainement à justifier la nécessité d’accorder un troisième mandat au titulaire sortant et à brûler inutilement l’argent public. Donc, devant l’enjeu fondamental, d’une très grande importance, qui affecte le développement futur de la nation congolaise, aucune solution acceptable ne peut être trouvée par le dialogue, car cette question-là relève exclusivement du respect de la Constitution. Et, pour cette question, aucun compromis n’est possible car la Constitution y a déjà répondu.

La participation à un vrai dialogue s’obtient par le respect du droit. Or, dans le cas d’espèce, la Constitution n’est pas respectée – du moins jusqu’à présent. D’où l’inutilité du dialogue qui ne traitera pas la question la plus préoccupante, à savoir la fin du mandat présidentiel et l’organisation de futures élections, sans la candidature du président sortant. C’est cela l’enjeu, qu’on ne l’oublie pas.

L’opposition doit se rendre compte que la négociation ou le dialogue n’a jamais été un moyen réaliste pour renverser une puissante dictature lorsque celle-ci a pris l’habitude de ne pas respecter ses engagements et de réviser régulièrement la Constitution en sa faveur.

Si le régime était sincère dans sa démarche, il aurait d’abord libéré les prisonniers politiques, organiser des procès contre ceux qui ont massacré la population, arrêter les opérations policières, reconnaître des erreurs comme les fraudes électorales antérieures. C’est après cette démarche que le dialogue allait être convoqué et accepté par tous. Or, rien de tout cela n’a été fait. Le pouvoir est resté dans son arrogance et dans son indifférence d’antan. À quoi servira donc le dialogue ? À imposer la volonté gouvernementale aux dialogueurs ?

N’oublions pas que ce sont les rapports de force entre les parties prenantes qui déterminent l’issue d’un dialogue ou d’une table ronde et jamais les bonnes intentions des acteurs en concertation.

Ne perdons jamais de vue que le candidat Joseph Kabila n’a pas respecté les résultats des élections de 2006 face au candidat Jean-Pierre Bemba et qu’en 2011, le même, Joseph Kabila, n’a pas respecté les résultats face au candidat Etienne Tshisekedi. À chaque étape, il a utilisé ses forces sur le terrain pour agir unilatéralement de manière non conforme aux résultats. Quels sont les moyens dont disposent les opposants pour faire respecter leurs revendications essentielles à l’issue du dialogue ? Que va-t-il se passer si M. Joseph Kabila refuse encore le résultat du dialogue ? Ces exemples pris dans un passé récent montrent, si besoin est, l’inutilité d’aller au dialogue.

Le président Kabila et ses acolytes ne sont pas prêts à abandonner le pouvoir et la richesse sans cause qu’ils accumulent. Ils savent que rien de tout cela ne restera s’ils perdent leur position envieuse de gouvernants. Alors, ils seront prêts à corrompre et à tout promettre pourvu qu’ils gardent le pouvoir, car ils sont habitués à violer effrontément tous leurs engagements. Ils pensent que tout leur est permis dans notre pays en recourant à la violence. Mais ils se trompent car il y a au final la loi du nombre (= peuple) qui n’est inscrite dans aucune constitution. Vox populi vox Dei. Lorsque le peuple dira son dernier mot, prêt ou pas, ils tomberont !

Le médiateur international que l’on réclame tant pourra venir avec une seule intention : rouler les opposants dans la farine et repartir aussitôt, tout en étant heureux d’avoir réussi sa mission. Le médiateur international n’est donc pas une garantie sûre. Déjà la MONUSCO, qui est présente au Congo depuis plusieurs années, n’a jamais résolu la crise congolaise.

Tout montre que la dictature, qui se croit encore très forte et capable de contrôler tous les rouages du pouvoir, voudrait se servir du dialogue pour obtenir la soumission de l’opposition sous le fallacieux prétexte de résoudre la crise. Pour certains, le dialogue est indispensable parce que notre société est bloquée. Pour eux, il faut aller au dialogue pour préparer la transition. Ceux qui pensent ainsi se trompent car ils oublient que ce dialogue cache de graves dangers : le « glissement » et le maintien au pouvoir des acteurs qui convoquent le dialogue.

Ce manque de clarté m’a obligé de m’opposer, dès son annonce, à l’idée de dialogue, de la même façon que je m’étais opposé à l’idée de concertations nationales avant leur organisation. Et l’histoire m’a donné raison car les concertations nationales ont été une véritable arnaque, un vol organisé, un simple moyen de faire sortir de l’argent du Trésor public.

La négociation est utile lorsque les partis qui voudraient y participer se trouvent dans une position de force et que la dictature est aux abois et cherche une porte de sortie. Dans ce cas, le tyran et son régime négocient pour éviter la prison et pour sauver le maximum de leurs biens. Nous ne sommes pas encore dans ce cas d’espèce. C’est pourquoi les Congolais qui sont meurtris et soumis ne doivent pas aider le dictateur et ses acolytes à atteindre leurs buts de se maintenir au pouvoir. C’est pourquoi aussi, j’invite mes compatriotes à se méfier du piège qui nous est tendu par le régime tyrannique actuel par le biais du dialogue inclusif qu’il convoque. C’est tout simplement une ruse du dictateur qui vise à obtenir un sursis en obtenant l’accord de l’opposition, alors que la violation des droits humains se perpétue. Le seul dialogue qui mérite notre attention est celui qui interviendra lorsque toutes les conditions seront réunies et lorsque le tyran, aux abois, cherchera un couloir de sécurité pour négocier réellement sa sortie. À l’heure actuelle, un compromis est impossible avec une dictature.

Fweley Diangitukwa

http://www.fweley.wordpress.com