Archive | février, 2013

Sortir la République du règne de l’anarchie

16 Fév

Vidéo sur l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila

http://www.youtube.com/watch?v=XlHjX39pFdE&list=PLAA5B9DDEE65EE4E5

Sortir la République du règne de l’anarchie

Fweley Diangitukwa
Président du CLD (Le Congo en légitime défense)
www.congolegitimedefense.org
www.fweley.wordpress.com

Nous avons l’obligation de sortir notre pays du règne de l’anarchie. En effet, depuis les élections truquées de 2006, les élections communales n’ont jamais eu lieu, la décentralisation promise à coût de millions et de discours n’a jamais vu le jour. Entre 2006 et 2011, la Constitution a été régulièrement violée avec la complicité des législateurs corrompus par le pouvoir étatique. Depuis les fraudes électorales à l’échelle nationale de 2011, tous les sénateurs de la législature précédente trônent toujours au Sénat sans aucun mandat et personne ne dit mot, les gouverneurs tous d’obédience pprdienne sont toujours à leurs postes à part la province du Bas-Congo et la province Orientale qui ont élu de nouveaux gouverneurs proches du PPRD. Aujourd’hui, toutes les provinces sont dirigées par des gouverneurs d’obédience pprdienne et personne ne trouve à redire. Depuis 2006, les députés qui ont été élus ou qui prétendent avoir été élus par le peuple n’ont proposé aucune loi défendant les intérêts des électeurs par qui ils sont devenus ce qu’ils sont. Et le Parlement ne dit mot sur cette incongruité. Entre-temps, leur salaire est passé de je ne sais combien à six mille dollars et, après 2011, ils ont eu le toupet de réclamer treize mille dollars pendant que le plus pauvre a moins de cinquante dollars dans cette République des copains[1]. Le gouvernorat de la Banque centrale passe des mains d’un Katangais à un autre Katangais comme si le pays n’appartenait qu’aux seuls ressortissants du Katanga. Ce népotisme d’un autre âge rappelle le temps où Moïse Tshiombe était premier ministre. L’anarchie est totale et personne au Parlement, au Sénat et au Gouvernement ne dit mot. Pendant ce temps, l’incompétence règne au sommet de l’Etat. Au lieu d’une minute de silence, dans son discours à la nation devant les Sénateurs et les Députés, le chef de l’Etat a accordé treize secondes aux dix millions de morts à l’Est du Congo. Malgré le mépris réservé aux morts, les auditeurs ont applaudi à tue-tête. Mais dans quelle République sommes-nous ?

Alors que l’opposition est exclue de toutes les instances décisionnelles, se trouvant sans solution pour débloquer la situation d’impasse dans laquelle se trouve présentement la République, devant la peur de l’avenir immédiat, toute honte bue, le pouvoir des fraudeurs se lance à convoquer un dialogue intercongolais. Une forme de Sun City bis. Toutefois, on ne sait pas qui décide ni qui gouverne la République. La preuve est dans la convocation du nouveau dialogue intercongolais. Chaque potentat s’attribue la paternité de l’idée, même ceux qui n’ont pas qualité de convoquer les opposants s’octroient la liberté d’agir dans ce sens. Et personne ne dit mot pour rétablir l’ordre. La cacophonie est déjà au centre du village avant même que les interlocuteurs n’arrivent. Puisque rien ne va plus, il est temps de sortir la République du bateau pprdien qui va à vau-l’eau et qui commence déjà à faire naufrage au milieu de la mer. Aidons les cigales (laudateurs) à cesser de chanter la gloire du raïs pour qu’elles se mettent à travailler comme les fourmis et à produire un revenu réel qui contribuera au produit national brut (PNB) au lieu de les voir dépendre du Trésor public et de produire de simples paroles à longueur de journée – rien que du vent – sans payer des impôts à l’Etat. Les éloges quotidiens au chef de l’Etat n’ont jamais développé un pays. Qu’on se le dise !

Appel à un nouveau dialogue intercongolais

Se maintenir au pouvoir en intégrant des membres de l’opposition (assoiffés du pouvoir et à la recherche des postes politiques pour se remplir les poches) est l’unique but poursuivi par le pouvoir de M. Kabila afin de tourner définitivement la page des fraudes électorales. Ce sera l’occasion d’intégrer aussi des membres de CNDP mué en M23 qui attendent la concrétisation des promesses leur faites en 2009 par M. Kabila. Ne soyons plus dupes. Les dialogues précédents n’ont pas répondu aux attentes des citoyens, ce n’est pas celui-ci qui apportera le changement attendu. Le bon dialogue est celui qui commencera par la reconnaissance des fraudes électorales de 2011. M. Kabila a déjà reconnu les irrégularités mais sans annuler les élections et sans renoncer à son pouvoir. Sans la reconnaissance des fraudes électorales, le dialogue sera un immense passe-temps comme la Conférence nationale, Sun City et toutes les autres rencontres sans issue (Kimia I et II, Kampala).

Depuis 2006, le pays attend la décentralisation et les élections communales. Les gouverneurs des provinces sont toujours maintenus à leurs postes sans mandat populaire (à part le Bas-Congo et la province Orientale où des proches du PPRD ont été élus). Les sénateurs sont également maintenus à leurs postes sans mandat. Le blocage de nos institutions est total et, malgré cela, le pouvoir invite l’opposition au dialogue pour parler du maintien au pouvoir de M. Kabila. Quel cynisme !

Nous avons l’obligation de refuser en ne répondant pas positivement à cet appel. C’est notre capacité d’anticipation qui empêchera les hommes de Kabila de manquer d’arguments pour convaincre le peuple. Le CLD appelle le peuple congolais à sortir la République du règne de l’anarchie. Il est question de nous interroger sur notre façon ou manière d’agir en empêchant le pouvoir de tromper encore les Congolais. Si, cette fois, nous nous laissons avoir, la Constitution sera revue après le dialogue. Cette révision permettra à M. Joseph Kabila et au PPRD de se préparer pour un troisième mandat. Le CLD refusons ce scénario.

Fweley Diangitukwa
Président du CLD (Le Congo en légitime défense)
www.congolegitimedefense.org
www.fweley.wordpress.com


[1] La République des copains est  le sous-titre du livre de Fweley Diangitukwa, « Qui gouverne le Zaïre ? », Paris, L’Harmattan, 1997.

Le laudateur et le résistant

9 Fév

Le laudateur et le résistant

Fable de Jean de La Fontaine

« La cigale et la fourmi »

Adaptation à la situation RDcienne

par Fweley Diangitukwa

Le 09 février 2013

 

Le laudateur ayant loué le raïs

Tout le temps

Se trouva fort dépourvu

Quand le changement fut venu

Pas une seule sympathie chez les Congolais

Il alla crier protection

Chez le résistant qu’il a continuellement vilipendé

Le priant de le comprendre et de le protéger

Afin de reprendre pied dans la société

Jusqu’à ce que le vent  du changement passe

« Désormais, je soutiendrai le peuple, lui dit-il,

Avant qu’il ne me demande des comptes,

Foi de laudateur,

Intérêt et respect du peuple congolais. »

Le résistant n’est pas protecteur :

C’est là son moindre défaut,

« Que faisiez-vous tout le temps de la tyrannie ?

Pendant que des millions de Congolais mouraient ?

Des activistes des droits de l’homme, des journalistes,

des religieuses, des prêtres, des femmes et des enfants,

des adeptes de Bundu dia Kongo, etc.

étaient assassinés et des innocents mis en prison ?

Pendant que les jeunes étaient au chômage

et des fraudes électorales  étaient organisées ?

Dit-il à ce laudateur sans scrupules

– Nuit et jour devant tout le monde

Je louais le raïs pour me remplir les poches, ne vous déplaise.

– Vous le louiez ? j’en suis fort aise :

Eh bien, chantez et dansez maintenant ! ».

Quelle est la contribution des Congolais de l’étranger à l’économie nationale ?

8 Fév

Débat : Quelle est la contribution des Congolais de l’étranger à l’économie nationale ? Réponse donnée par Fweley Diangitukwa

Les laudateurs congolais admirent les contributions des migrants des autres pays et ils critiquent très sévèrement le manque de réalisations notables des migrants congolais mais ils ignorent complètement qu’il existe des stratégies pratiquées par des Etats pour tirer profit de la migration parmi lesquelles il y a la réduction des taxes (importation et exportation), l’encouragement à ouvrir des activités commerciales dans le pays d’accueil (la Chine finance ses ressortissants à l’étranger pour ouvrir des restaurants mais avec l’obligation de vendre des produits chinois), la même Chine paient de hauts salaires aux docteurs qui acceptent de rentrer travailler en Chine sinon elle encourage ses migrants intellectuels à travailler dans les centres de recherche à l’étranger tout en participant au transfert de la connaissance vers les universités et centres de recherche en Chine. L’Inde envoie ses bons étudiants-informaticiens aux Etats-Unis pour se perfectionner (voir Silicon Valley) et ceux-ci rentrent travailler dans son propre pôle d’excellence à Bangalore. Certains pays de l’Afrique de l’Ouest pratiquent une réduction des coûts pour les objets de valeur exportés par leurs migrants, etc. Les migrants qui publient, qui innovent ou qui inventent reçoivent des prix ou des encouragements de leur pays d’origine. Les réalisations des nationaux vivant à l’étranger sont mises en valeur dans le pays d’origine, etc.

Que fait la RD Congo pour encourager ses migrants ? Réponse = RIEN. Au contraire, les migrants congolais sont devenus des vaches à lait pour l’économie congolaise : le passeport congolais est le plus cher au monde, le coût de dédouanement de voitures est parmi le plus élevé en Afrique et au monde. Allez voir à Matadi comment les Congolais de l’étranger sont sollicités voire spoliés, comment la corruption fonctionne et le genre des tracasseries administratives qu’ils subissent pour faire sortir leurs marchandises. J’ai moi-même vécu cette forme d’humiliation plusieurs fois. J’ai ouvert une pharmacie à Kinshasa que j’ai fermée au bout de deux ans parce que les agents de l’Etat passaient jour et nuit avec des prétextes fabriqués de toutes pièces pour soutirer de l’argent en plus des taxes payées normalement à l’Etat.

Le gouvernement congolais interdit le droit de vote aux Congolais de l’étranger et il refuse la nationalité aux enfants congolais nés à l’étranger qui obtiennent la nationalité du pays d’accueil (droit du sol comme au Canada, Etats-Unis, Australie, etc.) et aux migrants congolais qui ont pris la nationalité étrangère (ce qui n’est pas mon cas). En même temps, le même gouvernement congolais demande aux Congolais de l’étranger d’investir massivement au Congo. Quelle logique contradictoire ! Au fond, que veut la RDC ? Quelle est sa politique à l’égard des migrants congolais ? Notre pays a-t-il une politique en la matière ? Combien d’argent donne-t-il aux migrants congolais pour leur exiger en retour d’investir dans leur pays d’origine ? Le gouvernement congolais s’intéresse-t-il aux conditions de vie de ses ressortissants à l’étranger ? Il y a tant de questions à poser et pour lesquelles la réponse est toujours NON. Le sous-ministère des Congolais de l’étranger a été vite supprimé. Et pour cause ? Alors que partout au monde les nationaux sont bien accueillis de retour dans leur pays, chez nous, ils rencontrent toutes sortes de tracasseries. Je voyage beaucoup. Mes bagages ne sont jamais fouillés car le contrôle électronique suffit mais à l’aéroport de N’Djili, il y a une seconde fouille avec des mains introduites dans les sacs des voyageurs. Quelle honte ? Nous devons évoluer.

En Suisse, nous sommes deux Congolais à travailler sur le thème de migration : Jules Bagalwa Mapatano qui travaille niveau micro (migrants congolais à Genève) et moi-même Fweley Diangitukwa qui travaille au niveau macro (migrations internationales).

Je demande aux laudateurs de cesser de spéculer lorsqu’ils écrivent sur le net pour soutenir leur « Raïs » et de commencer à être sérieux et profonds. Qu’ils nous disent maintenant quelle est leur propre contribution à l’économie nationale. Que rapportent-ils concrètement à l’économie nationale en passant tout leur temps devant l’écran de l’ordinateur pour soutenir leur « Raïs » qui n’apporte aucune amélioration aux conditions de vie des Congolais ? S’ils posent à eux-mêmes la question qu’ils posent aux Congolais de l’étranger, peut-être qu’ils deviendront plus conscients de leur inutilité dans le développement du Congo.

Leur manière de fonctionner et leur superficialité dérangent les Congolais sérieux qui veulent traiter en profondeur les problèmes qui préoccupent notre société. Que le gouvernement démocratise le pays, qu’il encourage ensuite les Congolais de l’étranger et ceux-ci travailleront pour le Congo.

Il existe des documents de base qui doivent être connus par ceux qui discutent sur le thème de migration. Il y a à titre indicatif :

– « World Migrations. Costs and benefits of international Migration », publié par l’IOM (International Organisation for Migration). Dans la publication de 2005, lire les pages 379-421 pour les données statistiques. IOM (ou OIM en français) a son siège à Genève et j’ai travaillé avec cette institution lorsque j’ai écrit mon livre Fweley Diangitukwa, « Migrations internationales, codéveloppement et coopération décentralisée », Paris, L’Harmattan, 2008. Ce livre est signalé dans Wikipedia (je suis fier) et préfacé par une grande personnalité.

– Ali Mansoor/Bryce Quilin, « Mirgation and Remittances », 2006, publié par The World Bank/Banque Mondiale. J’étais prése nt à l’IOM lorsque ce livre a été présenté au public par les auteurs et j’ai écrit un papier paru dans un journal.

– Revue « Migrations internationales. Chaînon maquant de la mondialisation », nos 81-82, publiée par Courrier de la Planète.

Il y a une longue bibliographie sur ce thème dans mon livre cité ci-dessous.

 

Fweley Diangitukwa

http://www.fweley.wordpress.com