Archive | août, 2013

Jean-Pierre Vununu sur les traces de Van Bilsen

25 Août

Jean-Pierre Vununu sur les traces de Van Bilsen

Avec son plan, Jean-Pierre Vununu est sur les traces de Van Bilsen. Alors que les Congolais réclamaient l’indépendance, un sujet Belge du nom de Van Bilsen, avait sorti un plan d’indépendance en 30 ans, car, pensait-il, les Congolais n’étaient pas encore prêts à se gouverner eux-mêmes. Marchant sur les mêmes traces, cette fois-ci, un authentique Congolais, Jean-Pierre Vununu, propose, pince-sans-rire, un plan de 10 ans pour faire naître une prise de conscience chez les Congolais avant d’organiser de nouvelles élections au suffrage universel direct, car il pense, comme Van Bilsen, que les Congolais ne sont pas prêts à se gouverner eux-mêmes. Pour ce compatriote, la seule personne capable de conduire le Congo jusqu’à 2023, c’est M. Joseph Kabila. A part lui, il n’y a aucun autre Congolais compétent et capable de conduire les affaires politiques dans notre pays. Il le dit sans blague, en homme responsable et engagé dans la cause politique. Dois-je pleurer ou mourir de honte ?

Parce que le plan de Van Bilsen était mauvais, il a été rejeté par le peuple congolais qui a anticipé l’indépendance à la grande surprise de l’auteur dudit plan de 30 ans. Je dois dire que le plan proposé par notre compatriote Jean-Pierre Vununu est pire que celui de son prédécesseur dans cette voie. J’explique mon jugement plus bas. Lorsque Van Bilsen proposait son plan de sortie, le Congo était encore une colonie et il parlait au nom de la Belgique. Mais depuis 1960, le Congo a obtenu son indépendance – certes nominale car nous sommes toujours dirigés par les Noko Blancs via leurs représentants à la tête de l’Etat (Mobutu, Kabila et tous ceux qui font leur politique). Néanmoins, les Congolais revendiquent le droit d’être souverains sur la terre de leurs ancêtres, même s’ils ne le sont pas encore pleinement.
Dans son plan, notre compatriote Jean-Pierre Vununu propose de supprimer tous les acquis de l’indépendance, en commençant par le premier principe admis par tous les politologues et tous les juristes du monde entier, à savoir la notion du « peuple souverain primaire ». Il propose concrètement de supprimer tous les droits au peuple parce qu’il est incapable de décider pour son avenir et de confier lesdits droits à M. Kabila qui sera secondé par trois vice-présidents. Et ceci pendant dix ans : de 2013 à 2023. Dix ans de sans droit d’expression, de sans alternance car sans élections au suffrage universel direct. Oui, dix ans de sans droit. Il condamne sévèrement la formule 1 + 4 (=5) car il estime que ces 4 vice-présidents ne servaient à rien, sinon à dépenser inutilement l’argent des contribuables. En revanche, ce qu’il propose ne diffère en rien à ce qu’il condamne. Tenez, il propose une formule de 1+3+1 (=5). A mon avis, sa proposition sera pire que ce que nous avons vécu car les revenus de nouveaux vice-présidents seront supérieurs par rapport au cas précédent.
Dans sa réponse à Monsieur Vununu, notre compatriote Ruffin Matente a dit très justement ce qui suit que je partage à 100% : « Le Congo doit renaître par un projet politique restituant au peuple ses droits souverains sur ses propriétés collectives usurpées par un Etat au service d’un ordre néocolonial ». Tout individu qui ignore que le pouvoir vient du peuple, qu’il est exercé par le peuple et pour l’intérêt du peuple n’est pas un démocrate. Il est un tyran en puissance. Combien triste il est de constater qu’en plein XXIe siècle, un homme cultivé propose de priver au peuple congolais toute possibilité de se prononcer sur les affaires publiques pendant une durée de 10 ans !
Lisons son texte pour découvrir les failles et les faiblesses qui donnent froid au dos car notre compatriote – piqué par je ne sais quelle mouche – nous propose ni plus ni moins une dictature qui ne dit pas son nom et dans laquelle il exclut toute action venant du peuple, alors que c’est lui le souverain primaire, alors que les acteurs qu’il nous propose vont exercer leur pouvoir sur le peuple congolais. Pire, il va jusqu’à proposer une solution ad hoc. Il dit qu’au cas où M. Etienne Tshisekedi…., il serait remplacé par son fils, comme si les postes politiques étaient des « propriétés » privées. En tout cas, on croit rêver debout ou on ressent même l’impression que l’enfer tombe sur le Congo.

Ma lecture du plan proposé par M. Jean-Pierre Vununu et mes avis critiques

Les propos de l’auteur sont entre guillemets.

Il dit : « […] en prenant en compte la gestion du pays sans Premier ministre sous l´ère Laurent Désiré Kabila et de la Transition 1+4 sous Kabila fils, notre peuple aurait-il été bien servi ? La réponse est négative ».

Il trouve que depuis l’indépendance du Congo, « le peuple congolais est le plus grand perdant, le dindon de la farce […] Il est le seul à ne pas voir ses aspirations être remplies au moment où la plupart des politiciens congolais, toutes tendances confondues, se sont servis au détriment du peuple, pourtant considéré comme le souverain primaire ». Après avoir rappelé « la source de nos malheurs sous la seconde République et le commencement de la descente aux enfers qui ont fait de ce paradis terrestre qu´est notre pays, un enfer sur terre où l´espérance de vie est descendue jusqu’à 48,7 ans d´âge », il trouve que « notre pays a eu une CHANCE d´avoir à sa tête, un homme qui ne fut pas contaminé de la mentalité congolaise pour la simple raison qu´il n´a pas grandi en R.D.C. sous le joug de Mobutu ». Ce discours de considérer Joseph Kabila comme une chance pour le Congo a été tenu en 2005-2006 par le belge Louis Michel lorsqu’il roulait ouvertement pour M. Joseph Kabila afin de s’enrichir sur le dos du Congo de Lumumba. Il est aujourd’hui surprenant qu’un Congolais – pur-sang – récupère le même discours pendant que notre pays pleure plus de huit millions de morts. Dans la plupart des nations, le peuple exige que le futur chef d’Etat soit né et ait grandi dans le pays car il apportera des solutions au mal du pays sur la base de sa connaissance parfaite du pays. Les Etats-Unis ont même repris cette exigence dans leur Constitution. En revanche, notre Compatriote trouve que le Congo a une « chance » d’avoir à sa tête un chef d’Etat venu de l’étranger et parachuté à la tête de l’Etat sans véritablement connaître les problèmes du Congo et qu’il devait tout à apprendre sur le Congo à partir de l’âge de 29 ans ! Que doit-on penser d’une telle appréciation ? Qui est mieux placé pour réparer une maison, celui qui possède et maîtrise le plan de construction de la maison ou un étranger qui ne sait rien et doit tout apprendre avant de se mettre au travail ?

Le président Laurent-Désiré Kabila a qualifié l’AFDL de « conglomérat d’aventuriers ». Ce sont des hommes, venus du Rwanda, qui ont mis la main sur toutes les hautes fonctions du pays. Ils ont créé les « CPP » très vite qualité de « Congo pasi na pasi », puis le « PPRD » dont le sigle ressemble au PPR qui existe au Rwanda. Un aventurier n’est jamais apprécié par la société ou par le peuple. A cause de son passé et de son état, il ne peut qu’être « incompris, diabolisé, vilipendé et même injurié à longueur de journée ».

Il est vrai que « la mentalité (des Congolais) était empestée depuis l´époque de Mobutu » avec l’usage de la corruption. Mais qui dit que cette mentalité a été corrigée par les dirigeants du PPRD ? Qu’est-ce qui a changé entre la corruption sous le régime de Mobutu et celle sous le régime actuel ? Mobutu a emprisonné, il a pendu publiquement, il a tué et il  corrompu l’élite congolaise. Kabila n’a pas fait mieux. Dès lors, comment peut-on condamner l’un et admirer l’autre ?

Beaucoup de Rwandais ont pris des armes et ont occupé une partie du territoire congolais sans inquiétude. Parmi eux, il y a Nkunda Batware Mihigo et Ntaganda pour ne citer que ces deux. Jamais le pouvoir de M. Joseph Kabila n’a pris des armes pour lutter contre eux. En plus, il est de notoriété publique que M. Joseph Kabila faisait du business avec M. Ntaganda depuis le conflit entre les Hema et les Lendu. James Kabahere a clairement dit que si M. Joseph Kabila est devenu président du Congo, il le doit au Rwanda et au Rwanda seul. Malgré cela, notre compatriote Jean-Pierre Vununu pense que l’actuel chef d’Etat du Congo « a été accusé à tort d´être au service de l´ennemi ». Sur quelle base le croire alors que toutes les preuves sont là, apportées par ceux à qui M. Joseph Kabila a rendu service, notamment Nkunda Batware Mihigo (lire Pierre Péan, Carnages, Fayard, 2010).

M. Jean-Pierre Vununu écrit : « Depuis 12 ans qu´il est au pouvoir, il n´a jamais cessé de lorgner autour de lui, de fouiller parmi ses proches collaborateurs de manière à dénicher une équipe soudée, motivée, engagée et résolument tournée vers le bien du peuple ». En l’écrivant, il a oublié que le même Joseph Kabila a dit qu’il n’a jamais trouvé quinze Congolais compétents sur une population de près de soixante-dix millions et qu’il travaille avec des moins bons tout en continuant à dénicher les quinze oiseaux rares ! Les a-t-il enfin trouvés « avec le choix de l´actuel Premier ministre, Augustin Matata Ponyo et de ses autres collaborateurs qui ont travaillé dans l´ombre pour le succès diplomatique, politique et militaire que la R.D.C a engrangé ces derniers temps » ? Peut-être, car, nous dit M. Jean-Pierre Vununu, comme disent les Français : « La mayonnaise a pris ! ». Il faut le croire car il ajoute en précisant bien : « On ne change pas une équipe qui gagne ».

Après avoir expliqué le travail « inutile » des casques bleus dans les années 1960 et leur manque d’efficacité dans la guerre actuelle à l’Est, M. Jean-Pierre Vununu dévoile son plan de sortie : 1+3+1. Il propose « une transition de dix ans à compter de fin des travaux de ces concertations nationales (2013) jusqu´à 2023 pour stabiliser d´abord le pays socialement, économiquement et politiquement ». D’après lui, ce plan est nécessaire « pour apaiser les tensions et chercher les voies et moyens de sortie de la crise postélectorale et de la guerre récurrente à l´Est ». Il ne se pose pas la question de savoir qui sont à l’origine de cette crise postélectorale. Il ne condamne pas les acteurs de cette crise (ni la CENI de Daniel Ngoy Mulunda ni la Cour Suprême de justice). Ce qui est plus important à ses yeux, ce sont les « Dix années pendant lesquelles, toutes les éminences grises de la classe politique, de la société civile et des forces vives du pays travailleront ensemble pour l´émergence d´un nouveau Congo en vue de continuer l´élan déjà entamé par l´actuel Président et son gouvernement ». S’il a toujours condamné la longue durée du régime de Mobutu, il trouve tout à fait normal voire nécessaire que son maître gouverne le Congo pendant vingt-deux ans sans discontinuer, de 2001 à 2023, voire plus puisqu’il était déjà aux affaires avant d’accéder à la magistrature suprême. Puis, ô surprise, il joute ce qui énerve tout théoricien en science politique et en droit : « il serait inutile d´organiser des élections en 2014, 2015 et peut être en 2016 voire tous les 5 ans. C´est un luxe à notre avis ». En le disant, il supprime tous les droits qui devraient être reconnus aux Congolais et pour lesquels les peuples du monde entier se sont battus et ont perdu des milliers et des millions d’âmes. M. Jean-Pierre Vununu croit que le bonheur viendra au Congo en supprimant simplement les élections et il oublie qu’il n’y avait pas d’élections sous Mobutu mais les Congolais n’étaient pas heureux. Mais pourquoi jusqu’à 2023 ? Il ne donne aucune explication. Pourquoi pas jusqu’à 2050 ou pourquoi pas jusqu’à la mort physique de M. Joseph Kabila ? Pourquoi ne pas lui proposer la même durée que le maréchal Mobutu ? Il a oublié que le régime de Mobutu qui n’organisait pas les élections n’a pas « allouer ce pactole à la création d´une classe moyenne inexistante en R.D.C, à la sécurité sociale, alimentaire et sanitaire ». Or, plus haut, il a reconnu que « la mentalité des Congolais) a été empestée depuis l’époque de Mobutu ». Par quel miracle cette même mentalité va-t-elle subitement changer pour « résoudre la fracture sociale » et pour que « ce (futur) gouvernement de transition ait amplement le temps d´épargner pour pouvoir organiser en toute quiétude toutes les élections en une même période en 2023 » ? M. Jean-Pierre Vununu croit au miracle qui viendrait de la prise de conscience. Comment naîtrait cette prise de conscience chez la classe politique sans les contraintes du peuple ? Il ne le dit pas. Ce sera probablement un autre miracle dont lui seul connaît le secret ! En tout cas, c’est à partir de l’horizon 2023 qu’il trouve « des bases en vue de préparer la refondation de la nation congolaise ». Si ceux qui seront élus en 2014, 2015 et 2016 n’auraient pas « une prise de conscience » et « ne seraient pas différents de ceux qui les ont précédés en 2006 et de ceux qui sont actuellement en place », il a la certitude que ceux qui seraient élus en 2023 et après 2023 auront automatiquement la prise de conscience nécessaire pour « ne pas se faire payer en tournant les pouces […] au détriment […] du peuple congolais ». Par quel miracle ? De nouveau, il est le seul à détenir le secret, puisqu’il ne le dit pas.

Faisant du copier-coller de la formule 1+4 (=5) qu’il a sévèrement critiqué, il accouche d’une souris qui n’est nullement différente de ce que nous avons déjà vécu. Il dit :

« Le gouvernement d´union nationale pourra avoir la configuration suivante :

1. Présidence

·      Président                    : Joseph Kabila

·      1er Vice-président       : Étienne Tshisekedi Père ou Félix Tshisekedi au cas où …

·      2ème Vice- président   :  Vital Kamerhe

·      3ème Vice-président    :  Léon Kengo ».

C’est à ce niveau qu’intervient son ad hoc : « Étienne Tshisekedi Père ou Félix Tshisekedi au cas où … ». A part M. Tshisekedi, au cas où l’un ou l’autre…, que propose-t-il ? Rien. Car, pour lui, les autres sont comme du roc, « éternels » ; rien de méchant ne pourrait leur arriver, mais cela est possible à celui qu’il n’aime guerre en politique. Il oublie que tout homme est mortel. Pire, il ne propose aucun nom de femme parmi les trois.

S’il n’y avait pas de Premier Ministre dans la formule de 1+4 (=5), il en propose un dans le gouvernement qui sortira des concertations nationales. Il dit : « Que l´actuel Premier Ministre Matata Ponyo qui fait trop bien son travail soit maintenu. La composition de son gouvernement aura en son sein 60% des membres issus de la majorité et 40% de l´opposition et société civile… ». Alors qu’il parle d’un gouvernement d’union nationale, c’est-à-dire décidé de commun accord, il se permet d’imposer (il n’utilise pas le conditionnel mais le futur) la composition avant même les concertations nationales. Sur quelle base propose-t-il cette composition 60% majorité et 40% opposition et société civile réunie ? Il est le seul à le savoir. A-t-on affaire à un démocrate ou un tyran ?

Le choix qu’il propose rendra plus lourd encore l’équipe du pouvoir exécutive et plus cher le budget à prévoir. Mais cela n’est pas un souci pour lui.

Même s’il y a des députés cooptés dans l’actuel Parlement, M. Jean-Pierre Vununu trouve que « tous les députés soient maintenus pendant toute la période de transition de dix ans afin d´élaborer des lois sur les réformes devant préparer la refondation de la grande nation Congolaise à l´horizon 2023… ». Même si tous les députés seront sans mandat après 2016, cela n’a aucune importance. Si les sénateurs actuels sont tous présentement sans légitimité car non élus, M. Jean-Pierre Vununu trouve tout fait normal et logique que « eux aussi garderont leurs sièges pour la même tâche, celle de se mettre au pas avec leurs collègues du Parlement pour le rendez-vous de 2023… ». Au niveau des Provinces, à part le Bas-Congo, l’Equateur et la province Orientale où il y a eu des élections, tous les autres Gouverneurs sont sans légitimité. M. Jean-Pierre Vununu ne trouve aucun inconvénient « que les Gouverneurs en place restent en poste ainsi que leurs gouvernements provinciaux et les députés provinciaux », jusqu’en 2023.

L’auteur du plan en question s’oppose à l’idée d’organiser une quelconque élection sur toute l’étendue de la République jusqu’en 2023, mais il ne dit pas comment chaque tribu va désigner un(e) délégué(e) à mandater à l´Assemblée provinciale afin que l´État, sans intermédiaire, soit plus proche de ses administrés.

Sans avancer un seul argument, il impose la même « proportion 60% pour la majorité actuelle et 40 % pour l’opposition et la société civile » non seulement au niveau municipal et local mais aussi dans « la nomination des nouveaux mandataires pour donner une nouvelle impulsion à la gestion de la cité et des citoyens dans la perspective que chaque entité administrative soit au rendez-vous de l´émergence sociale, culturelle et économique à l´horizon 2023 ».

Il refuse que l’Etat gaspille de l’argent pour le moment car les défis à relever sont immenses, mais il trouve normal que le même Etat gaspille de l’argent dans un gouvernement mammouth avec un Président, trois vice-présidents et un Premier ministre qui n’est autre que l’actuel.

Il se prononce pour le maintien de la CENI avec l’abbé Malu Malu à sa tête malgré les fraudes de 2006 et cette CENI n’aura qu’une tâche à accomplir : le recensement. Il dit : « Qu´on donne du temps à la CENI, au gouvernement et à la classe politique actuelle pour organiser le recensement de la population, produire des cartes nationales d´identité ». Dix ans pour remplir une seule tâche, n’est-ce pas trop, n’est-ce pas du gaspillage ? Il en a cure. Ce qui l’intéresse, c’est de voir son maître à la tête du pays jusqu’en 2023.

Que dire en guise de conclusion ? La théorie politique a retenu que le « pouvoir vient du peuple, il est exercé par le peuple et pour l’intérêt du peuple ». Toute personne qui s’écarte de cette voie est un tyran qui s’ignore.

Les solutions pour sortir notre pays de l’impasse existent (voir ma propre contribution dans mon livre Fweley Diangitukwa, Stratégies pour la conquête, l’exercice et la conservation du pouvoir, Monde Nouveau/Afrique Nouvelle, 2011). L’une d’elles est justement l’organisation des élections au suffrage universel direct avec une équipe crédible mise en place par le peuple – et non par le pouvoir. L’autre solution est la lutte contre l’impunité et la corruption. Un pays lutte contre l’impunité en mettant en place une magistrature neutre non affiliée à un pouvoir quelconque (voir Montesquieu avec sa séparation des pouvoirs) et en punissant les fautifs sans complaisance. Un pays lutte contre la corruption en créant des emplois, en payant correctement les travailleurs et en organisant la dénonciation des réseaux mafieux. La meilleure façon « d´épargner pour le financement des futures élections » est d’avoir une équipe crédible à la tête de l’Etat, en évitant les fraudes que nous avons connues en 2006 et 2011.

Un pays se développe grâce à l’alternance. Chaque nouvelle équipe apporte de nouvelles idées par le fait de la concurrence. De la même façon, le monde change et se développe grâce au changement de générations. On ne saurait faire autrement. Décréter dix ans de blocage des institutions est un non-sens qui ne peut être compris que par M. Jean-Pierre Vununu et par les membres de son camp. Aucun démocrate ne pourrait accepter un tel plan.

Le « code d´éthique politique » ne peut venir qu’avec des autorités élues, c’est-à-dire légitimes ou reconnues par le peuple. Il ne vient jamais par miracle. C’est en ayant un peuple bien informé et exigeant. C’est par cette voie que l’on parvient « à promouvoir la naissance d´un nouvel État dans lequel seul l´intérêt national prime devant les ambitions personnelles et autres intérêts particuliers ». Les antivaleurs sont combattues en punissant fermement ceux qui les pratiquent, mais pas en laissant en liberté les assassins (voir assassins de Laurent-Désiré Kabila, Aimé Kabila, Chebeya, Bazana, Tungulu, des religieux et religieuses à l’Est, etc.), les violeurs de femmes, les soldats qui vendent les armes aux ennemis du Congo ou en ne punissant pas ceux qui organisent le pillage de l’économie du Congo. « La création d´une structure appropriée dans le domaine civique et éducatif » ne suffit pas, il faut punir. Or, le pouvoir que vous soutenez emprisonne des innocents (voir dossier Laurent-Désiré M’Zee) et laisse les criminels en liberté. M. Kabila a lui-même déploré les fraudes électorales mais il n’a sanctionné personne. En agissant ainsi, il entretient les antivaleurs et l’impunité.

Cher Compatriote Jean-Pierre Vununu,

J’aimerais vous voir défendre la démocratie et non la tyrannie. J’ai lu les différentes réponses que vous avez tenté de donner aux compatriotes qui se sont opposés à votre plan. Aucune ne m’a poussé à changer mon avis sur votre projet.

Pour toutes les raisons que j’ai évoquées, votre plan est bon pour la poubelle car il est irréaliste et irréalisable. Du moins, en ce qui me concerne. Il est absurde de penser qu’à partir d’aujourd’hui jusqu’en 2023, c’est-à-dire pendant dix ans, aucun Congolais ne pourrait avoir l’ambition de devenir Président de la République, Sénateur, Député, Gouverneur, Bourgmestre, mandataire, etc. C’est absurde. Y avez-vous pensé ? Au pire, je dirai que je tolérerai celui qui le pense sans le dire que vous qui le dites avec des mots crus, sans-pince-rire. J’espère que vous ne mettrez pas en application votre plan si, par bonheur, vous devenez chef de l’Etat, car ce sera la fin du Congo.

Donnez aux Congolais la possibilité de se prononcer sur les affaires politiques, c’est-à-dire publiques, qui les concernent. Ne décidez pas à leur place car vous ne maîtrisez pas tout et vous n’avez pas le droit de vous substituer à leur place.

S’il m’est déjà arrivé de ne pas partager certaines de vos pensées, j’avoue que je ne vous reconnais pas dans votre plan. Vous me donnez l’impression de quelqu’un qui est en mission pour sonder l’opinion publique, comme M. Evariste Boshab l’a fait dans son ouvrage. Visiblement, M. Boshab et vous-même poursuivez le même objectif : la suppression de l’article 220 de la Constitution afin que votre maître commun reste « éternellement » au pouvoir, du moins pendant le temps que vous êtes et resterez actifs. Là, où M. Boshab use de mots pour convaincre, vous allez droit au but en imposant dix ans de pouvoir sans alternance, dix ans de blocage de toutes les institutions au profit d’un homme, d’un seul homme.

Toutes ces tentatives de la part des hommes cultivés ne me rassurent pas. Malgré cela, j’ai foi en l’avenir.

Pour vous paraphraser, je dirais : soyons toujours justes dans notre manière d’analyser le fait politique congolais afin que nos compatriotes acquièrent l´espoir d´aller toujours de l´avant en étant meilleurs et exigeants.

Avec mes salutations patriotiques.

Fweley Diangotukwa

http://www.fweley.wordpress.com

Le 22 août 2013 02:48, Jean-Pierre Vununu <jpvununu@yahoo.de> a écrit :

MON PLAN DE SORTIE DE CRISE EN R.D.C. : 1 Président, 3 Vice-présidents et 1 Premier Ministre.

Depuis l´accession de notre pays à l´indépendance, l´actuel Premier ministre, Matata Ponyo est le 30ème à ce poste en 53 ans. Et, ce qu´il faut souligner ici est le fait que ce nombre des Premiers ministres à la tête des gouvernements de notre pays, ne reflète pas le nombre des remaniements parce que plusieurs parmi eux ont été reconduits à la tête du gouvernement avec des réajustements des ministres et vice-ministres.

Ce qui nous préoccupe aujourd’hui, c´est de rappeler à l´opinion Congolaise cette parenthèse afin de pouvoir se demander si  après autant des Premiers ministres et autant des gouvernements successifs en prenant en compte la gestion du pays sans Premier ministre sous l´ère Laurent Désiré Kabila et de la Transition 1+4 sous Kabila fils, notre peuple aurait été bien servi ? La réponse est négative.

Ainsi, de tous ces gouvernements successifs, le plus grand perdant, le dindon de la farce est et reste le peuple Congolais. Il est le seul à ne pas voir ses aspirations être remplies au moment où la plupart des politiciens Congolais, toutes tendances confondues, se sont servis au détriment du peuple, pourtant considéré comme le souverain primaire.

Pire, lorsqu´on scrute profondément les causes endogènes et exogènes de la misère de notre peuple, l´on trouvera qu’elle n´émane que de la mauvaise foi et d´un durcissement de cœur de la part de ceux qui devaient pourtant s´occuper de son quotidien. Point n´est besoin ici de revenir à la source de nos malheurs sous la seconde République et du commencement de la descente aux enfers qui ont fait de ce paradis terrestre qu´est notre pays, un enfer sur terre où l´espérance de vie est descendue jusqu’à 48,7 ans d´âge

Et, voilà que notre pays a eu une chance d´avoir à sa tête, un homme qui ne fut pas contaminé de la mentalité Congolaise pour la simple raison qu´il n´a pas grandi en R.D.C. sous le joug de Mobutu. Mais, dommage que celui-ci soit incompris, diabolisé, vilipendé et même injurié à longueur de journée. Pourtant, il se coupe en mille morceaux pour remuer ciel et terre afin de trouver des solutions et essayer de s´en sortir avec cette lourde tâche d´être le Président d´un peuple aussi complexe dont la mentalité a été empestée depuis l´époque de Mobutu. Une tâche facile croiraient certains alors qu´il est perceptible que c´est un travail titanesque. Ce sont ces antivaleurs qui ruinent et freine l´évolution de la R.D.C  voire du Congolais en parlant de l´homme Congolais où qu´il se trouve.

Aussi, inutile de revenir aux différentes étapes encourues par l´actuel Président au cours desquelles, il a été accusé à tort d´être au service de l´ennemi. A chaque fois, il a prouvé le contraire. Depuis 12 ans qu´il est au pouvoir, il n´a jamais cessé de lorgner autour de lui, de fouiller parmi ses proches collaborateurs de manière à dénicher une équipe soudée, motivée, engagée et résolument tournée vers le bien du peuple. Eh bien voilà, il est arrivé à ce point, avec le choix de l´actuel Premier ministre, Augustin Matata Ponyo et de ses autres collaborateurs qui ont travaillé dans l´ombre pour le succès diplomatique, politique et militaire que la R.D.C a engrangé ces derniers temps. Comme disent les Français: « La mayonnaise a pris ! ».

En outre, un adage sportif dit, « On ne change pas une équipe qui gagne ». Mais, en ce qui concerne la situation actuelle du pays, il faut reconnaître qu´il y a péril en demeure. D´où, la nécessité de privilégier l´intérêt de la nation au prix d´immenses sacrifices et de privations incalculables.

Ceci étant, l´appel lancé par le Président de la République sur la cohésion nationale est venu à point nommé compte tenu de la recrudescence de la guerre à l´ Est, l´instabilité récurrente et la mauvaise mine politique postélectorale qui n´augurent rien de bon et conditionnent la réconciliation des Congolais. Cela est capital pour enlever les beefsteaks dans la bouche de ceux qui se servent de cette instabilité pour nous diviser. Il est regrettable qu´une telle initiative qui devait souffrir d´aucune conditionnalité car les 5 thématiques prévues aborderaient sans tabou, toutes les matières afin d´arriver à un compromis entre Congolais, soit boudée et conditionnée par certains parmi les Congolais.

De plus, 53 ans après l´indépendance, l´on doit être encore très indigné lorsqu´on voit certains exiger la médiation extérieure. C´est comme si entre Congolais on ne pouvait plus se parler et dialoguer ensemble. Une attitude contraire à ce qui se passe au niveau de chaque tribu  de notre pays avec l´arbre à palabre dans nos villages. L´histoire ne nous renseigne pas une autorité Congolaise appelée à la rescousse dans un pays Africain pour aller jouer la médiation. Au contraire sur ce registre, la R.D.C bat le record et ne semble pas s´en détacher d´un comportement frisant l´immaturité, se contentant ainsi, d´être constamment sous tutelle.

Encore, il faut souligner qu´en 1960 déjà, les troupes Onusiennes étaient sur notre territoire et 53 ans après l´indépendance, même si les circonstances ont changé, une coïncidence malheureuse fait qu´elles sont encore là et totaliseront 14 ans au mois de novembre de cette année. Nous ne travaillons jamais suivant un timing en relevant les défis politiques, stratégiques et patriotiques de manière à appliquer ce que nous recommande notre hymne national afin de sortir de cette spirale infernale d´être toujours assistés avec ses corollaires d´immixtion et de manipulation. Maintenant, disons ensemble : BASTA !

Que les Concertations nationales actuelles soient les moments historiques  conduisant notre pays vers une nouvelle ère. Quand est-ce que nous dresserons nos fronts longtemps courbés pour un bel élan en vue de signer un bon démarrage du pays ?

A en croire le Président du Sénat, M Léon Kengo, un gouvernement de transition verra bien le jour après ces concertations nationales. Si tel est le cas, nous ne pêcherons pas en eau trouble, et nous ne serons pas le premier à soutenir une telle idée sauf chacun y va selon sa configuration.

Mon plan de sortie : 1+3+1

Pour apaiser les tensions et chercher les voies et moyens de sortie de la crise postélectorale et de la guerre récurrente à l´Est,  nous proposons un plan de sortie suivant :

Que la classe politique Congolaise se mette d´accord pour une transition de dix ans à compter de fin des travaux de ces concertations nationales (2013) jusqu´à 2023 pour stabiliser d´abord le pays socialement, économiquement et politiquement. Dix années pendant lesquelles, toutes les éminences grises de la classe politique, de la société civile et des forces vives du pays travailleront ensemble pour l´émergence d´un nouveau Congo en vue de continuer l´élan déjà entamé par l´actuel Président et son gouvernement.

Après 30 premiers ministres dans l´histoire de notre pays muni du constat actuel où notre pays bat encore de l´aile pour sortir du bourbier dans lequel il est actuellement enlisé, en sus, en y ajoutant la misère toujours grandissante de notre peuple, il serait inutile d´organiser des élections en 2014, 2015 et peut être en 2016 voire tous les 5 ans. C´est un luxe à notre avis.

Qu´on alloue ce pactole à la création d´une classe moyenne inexistante en R.D.C, à la sécurité sociale, alimentaire et sanitaire. Bref, à résoudre la fracture sociale. Ce gouvernement de transition aura amplement le temps d´épargner pour pouvoir  organiser en toute quiétude toutes les élections en une même période en 2023.

Il faut savoir que les élections couplées Présidentielle et Législative de 2011 ont coûté  700 millions de dollars. Or, en y ajoutant  les élections sénatoriales, provinciales, municipales et locales on attendrait facilement le quadruple si pas le quintuple. Ce qui pourra dépasser les 2 milliards de dollars voire 3,5 milliards de dollars rien que pour des élus qui viendraient se faire payer en tournant les pouces pour certains, ce, au détriment toujours du dindon de la farce, le peuple Congolais.  Le renouvellement de la classe politique avec des élus qui ne s´occupent pas du quotidien du peuple n´est plus une priorité.

Que ceux qui sont en place s´entendent à remettre les pendules à zéro et, repartent sur des bonnes bases en vue de préparer la refondation de la nation Congolaise à l´horizon 2023. Qui dit que sans une prise de conscience, ceux qui vont être élus avec les  futures élections  de 2014, 2015 et 2016 seraient différents de ceux qui  les ont précédés  en 2006 et de ceux qui sont actuellement en place ?

Cela fait 128 ans que notre peuple attend l´accomplissement de ses aspirations. La pente amorcée par l´actuel gouvernement est très bonne et, nous pouvons conclure ici, qu´avec le Président Kabila, les signes avant-coureurs pour l´accomplissement de ces aspirations sont visibles. Prêtons-lui nos mains, unissons-nous et mettons nos différends de côté pour servir notre nation sans aucune condition et intérêt particulier.

Le gouvernement d´union nationale pourra avoir la configuration suivante :

1.   Présidence

·      Président                    : Joseph Kabila

·      1er Vice-président       : Étienne Tshisekedi Père ou Félix Tshisekedi au cas où …

·      2ème Vice- président   :  Vital Kamerhe

·      3ème Vice-président    :  Léon Kengo

Au niveau des vice-présidents, l´ordre d´arrivée à l´élection Présidentielle de 2011 a été pris en compte. Les sphères de trois vice-présidents pourront être définies par la classe politique après concertations…

2. Au niveau du gouvernement

Que l´actuel Premier Ministre Matata Ponyo qui fait trop bien son travail soit maintenu. La composition de son gouvernement aura en son sein 60% des membres issus de la majorité et 40% de l´opposition et société civile…

3. Au niveau du Parlement

Que l´actuel Président qui fait bien son travail ainsi que tous les députés soient maintenus pendant toute la période de transition de dix ans afin d´élaborer des lois sur les réformes devant préparer la refondation de la grande nation  Congolaise à l´horizon 2023…

4. Au niveau du Sénat

Que l´actuel Président Léon Kengo arrivé quatrième à l´élection présidentielle de 2011 en devenant ainsi 3ème vice-président soit remplacé par l´un parmi les sénateurs actuels qui eux aussi garderont leurs sièges pour la même tâche, celle de se mettre au pas avec leurs collègues du Parlement pour le rendez-vous de 2023…

5. Au niveau des Provinces

Mêmement. Que les Gouverneurs en place restent en poste ainsi que leurs gouvernements provinciaux et les députés provinciaux. En vue de favoriser une démocratie participative et de proximité, qu´un(e) délégué(e) de chaque tribu se retrouvant dans une province soit mandaté(e) à l´Assemblée provinciale afin que l´État sans intermédiaire, soit plus proche de ses administrés. De telle manière que, chaque Gouverneur de province aura facilement des informations sur la situation se déroulant sur toutes les tribus de sa province. Cet atout est une prévention aux conflits latents pour permettre à l´État de réagir avant l´embrasement de chaque situation particulière…

6. Au niveau municipal et local

Que la proportion 60% pour la majorité actuelle et 40 % pour l’opposition et la société civile soit appliquée dans la nomination des nouveaux mandataires pour donner une nouvelle impulsion à la gestion de la cité et des citoyens dans la perspective que chaque entité administrative soit au rendez-vous de l´émergence sociale, culturelle et économique à l´horizon 2023. Qu´en 2023, chaque entité administrative arrive à démontrer son poids dans la productivité et sa contribution au niveau national au prorata des aides ou retrocessions reçues par le gouvernement central…

7. Au niveau des entreprises publiques

Pas question de politiser celles-ci. Que la méritocratie soit la première condition. Elles doivent être compétitives. Que l´État n´ait pas peur d´appliquer le protectionnisme, l´avenir du pays en dépend.

En conclusion, nous savons que certains trouverons excessif la durée de cette transition. Mais, vous conviendrez avec nous, qu´actuellement, la R.D.C n´est pas un pays économiquement stable pour suivre le rythme des pays stables en organisant des élections  tous les 5 ans. Pour le moment, les défis à relever sont immenses, sur ce, à quoi bon gaspiller l´argent avec le financement des élections qui sont loin de résoudre le vécu quotidien du peuple Congolais ?

Qu´est-ce que tous les remaniements, les élections ont apporté sur le plan développement de la R.D.C ? Adaptons notre système selon nos réalités. Nous n´avons pas d´argent à gaspiller dans des élections au moment où le peuple trime, broie du noir et trépasse. En plus, le pays a grandement besoin des infrastructures routières, scolaires,  hospitalières et sanitaires…sur toute l´étendue de son territoire.

Qu´on donne du temps à la CENI, au gouvernement et à la classe politique actuelle pour organiser le recensement de la population, produire des cartes nationales d´identité, d´épargner pour le financement des futures élections…pour être prêts au grand rendez-vous de l´horizon 2023.

Que la priorité soit donnée au secteur agricole par la création d´une classe moyenne des fermiers agriculteurs et éleveurs. La R.D.C avec ses 80 millions d´hectares des terres arables peut servir de grenier d´une grande partie du monde. Que les crédits agricoles, d´investissements… soient accordés aux Congolais afin que tous ne voient pas seulement la politique comme le seul métier où l´on peut gagner de l’argent. Rendons meilleur les Congolais dans leur domaine pour qu’ils acquièrent l´espoir d´aller toujours de l´avant.

Qu´un code d´éthique politique soit élaboré durant cette transition de manière à promouvoir  la naissance d´un nouvel État dans lequel seul l´intérêt national primera devant les ambitions personnelles et autres intérêts particuliers. Idem pour les antivaleurs qui doivent être combattues fermement par la création d´une structure appropriée dans le domaine civique et éducatif…

Le débat est ouvert…

JP-Vununu, Congo Mon Amour, 22 août 2013

Mon dernier hommage à Edi Angulu Mabengi

21 Août

La nouvelle est tombée sur nous comme un coup de massue.

Il est parti dans la nuit du 20 au 21 août 2013 sans prévenir personne,

Même pas ses êtres les plus chers : sa femme, ses enfants, son neveu Thomas Ntambu et ses vieux amis de Suisse

Lui, c’est Edi Angulu Mabengi.

Il avait écrit, vous vous en souvenez, « Les enfants de Mobutu et Papa Wemba » (madeso génération), « Mobutu, le ‘génie’ de Gbadolite », « Le fédéralisme le plus émotif au monde » (éditions Afrique Nouvelle).

Un homme talentueux au cœur ouvert et avec un franc parlant déroutant.

Il était journaliste et enseignant. Un cumulard comme ils nous qualifiaient à Kinshasa dans les années 1980.

Il fallait bosser dur pour arrondir les fins du mois sous le régime de Mobutu qui n’avait aucune pitié pour les gagne-petits, les miteux, les besogneux, que nous étions.

Puis, en 1981, il décida de quitter Kin pour la Suisse afin de poursuivre ses études à l’université de Genève en linguistique africaine et mieux mener le combat contre le pouvoir tyrannique de Mobutu.

Il fut l’une des personnes que j’avais cherché à rencontrer dès mon arrivée en Suisse en 1983.

En 1990, il quittait l’université de Genève lorsque j’entrai tardivement pour des études en science politique.

Nous avons continué à nous mobiliser pour manifester notre opposition au régime de Mobutu, devenu maréchal, jusqu’au jour où il m’apprit la bonne nouvelle :

« Laurent-Désiré Kabila vient de prendre des armes pour  mettre fin à l’ignominie ».

Il alla rejoindre M’Zee à Goma sans moi alors qu’il voulut m’y associer,

Mais j’étais aux études et les examens pour mon DEA (Master) approchaient.

Puis, nous revoilà à Kin en 1997, cette ville qu’il n’avait plus revue depuis son départ en Europe.

Le voilà Ministre de l’environnement.

Je le vois encore, comme si c’était hier, défendre le tourisme congolais à Istambul (Turquie) et à Grand Baie (Ile Maurice) jusqu’à convaincre les dirigeants de l’Organisation mondiale du tourisme d’accepter le paiement de la dette laissée par les Mobutistes à l’Office national du tourisme pendant quatorze ans.

En 2000, ayant quitté le ministère de l’environnement, j’assiste à l’ISP Gombe à sa leçon inaugurale devant un jury composé d’éminents professeurs, dont Mbulamoko.

Quelques années plus tard, le voilà ambassadeur de la RD Congo à Paris.

Rentré au Congo, il est tombé dans le silence pour ne pas se compromettre comme d’autres le font sans état d’âme.

Déçu de l’évolution du pouvoir au Congo,

Tu as décidé de partir pour ne pas assister aux concertations nationales

Et marquer définitivement ton attachement à M’Zee que tu n’as pas trahi.

Tu es resté fidèle à tes principes pendant que les autres ont organisé la mort de M’Zee pour prendre sa place.

Tout au long de ta vie, tu as manifesté ton engagement, ton attachement et ton amour à ce pays qui t’a vu naître,

Et c’est de là que tu as préféré aller rejoindre tes ancêtres, sans nous prévenir.

Que ton âme repose en paix.

Tu as été et tu resteras un exemple de loyauté pour moi et pour nous tes amis.

A toi Cécile qui restes avec ses enfants : Di-A – la grande – et les deux autres

Je te présente toutes mes condoléances.

Sois sereine, sois stoïque.

La mort fait partie de notre vie.

Il y a une vie « spirituelle » après la vie terrestre.

Remercie le Seigneur, notre Dieu, pour le temps que tu as vécu avec l’ami pendant son séjour sur terre.

Dès à présent, tourne ton regard vers le chemin qui te reste à parcourir.

Accepte avec courage le sort que la nature réserve à toute vie humaine.

O mort, perfide compagne, comme tu aimes nous surprendre !

A ce moment de tristesse profonde, je pense

Je pense à toi pendant que la douleur m’envahit et m’accable.

Edi Angulu, tu as servi la cause congolaise.

Tu as lutté toute ta vie contre la tyrannie.

Même sans travail, tu as refusé de louer la dictature actuelle comme le font les hommes qui n’ont pas de dignité à défendre.

Pas un adieu mais un au revoir,

Tu as été un homme fier, un homme digne.

Un exemple de respect.

PS.

Edi Angulu n’a jamais formellement adhéré à l’AFDL que Laurent-Désiré Kabila a qualifié de « conglomérat d’aventuriers ». Ceux-ci posent tant de problèmes au Congo et aux Congolais. Ecoutez les minutes à partir de 11 : 50… et 15.13… dans la vidéo ci-dessous.

http://reveil-fm.com/index.php/2013/08/21/3890-l-ambassadeur-eddy-angulu-a-quitte-la-terre-des-hommes

Fweley Diangitukwa

www.fweley.wordpress.com

Le 21 août 2013

Nationalité de Joseph Kabila et querelle sur la succession

17 Août

Ecoutez d’abord : https://www.youtube.com/watch?v=np9qXbN8IQ0

  1. L’auteur de l’assassinat

    A Rome, quelques personnes voulurent faire disparaître César. Une conjuration fut formée, probablement par Cassius, pour l’assassiner assez rapidement. Brutus, que César aimait comme son fils, entra dans le complot. Quand César vit Brutus soulever son poignard, il eut ces paroles : « Tu quoque filii mi » ! (Toi aussi mon fils). Un leader politique surveillé à tout moment par des gardes du corps ne peut être assassiné que par celui qui lui est très proche.

    Devant le mausolée qui abritait le corps de Laurent-Désiré Kabila, Yerodia N’Dombassi, ami personnel du chef d’Etat assassiné, avait évoqué l’attentat de Brutus contre César, en disant dans la douleur : « Une brute qui s’appelait Brutus t’a ravi à notre affection ». Pour qui connaît l’histoire romaine, il n’y a plus à se poser des questions sur l’auteur de l’assassinat car Yerodia N’Dombassi avait tout dit en des mots voilés. Lire Olivier Lanotte, République démocratique du Congo. Guerres sans frontières, GRIP-Editions Complexe, Bruxelles, 2003, p. 138 et Fweley Diangitukwa, Le règne du mensonge politique en RD Congo. Qui a tué Kabila ?, Paris, L’Harmattan, 2006

  2. Querelle sur la succession

  3. Après l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila, son neveu Gaétan Kakudji, ministre de l’Intérieur, le numéro 1 dans l’ordre de succession, était le premier à se déclarer candidat à la succession au trône. Mais Mwenze Kongolo, ministre de la Justice, lui rappela son impopularité dans l’opinion publique, en particulier auprès des Kinois, lui exigeant ainsi de renoncer. D’autres noms étaient avancés comme le ministre d’Etat Pierre-Victor M’Poyo, le général Lwetcha et le colonel Eddy Kapend. Mais ils avaient tous refusé. Pour quelle raison ? On ne le saura peut-être jamais. Lire Fweley Diangitukwa, Le règne du mensonge politique en RD Congo. Qui a tué Kabila ?, Paris, L’Harmattan, 2006.

  4. Joseph Kabila a été imposé par le Rwanda et l’Ouganda d’une part et par le Zimbabwe et l’Angola d’autre part parce que ces pays étaient engagés dans la guerre à l’Est du Congo, parce qu’ils devaient négocier entre-eux pour le sort de leurs soldats et surtout parce qu’ils travaillaient en sous-main pour le compte des réseaux étrangers, avec le soutien de quelques Congolais qui espéraient récupérer la situation à leur profit. L’homme qui a succédé à Laurent-Désiré Kabila était choisi avant l’assassinat, autrement comment expliquer la présence massive des soldats angolais quadrillant la ville de Kinshasa la nuit qui a précédé l’assassinat ? Sinon pourquoi avoir désarmé tous les soldats avant l’assassinat ? Il a été officiellement dit que le président Laurent-Désiré Kabila était assassiné dans son bureau de travail mais rien ne le prouve lorsqu’on pousse la recherche en rassemblant les éléments.

  5. La nationalité de Joseph Kabila 

  6. Il y a deux principales façons de prouver la nationalité de quelqu’un : par les parents via l’acte de naissance établi (maternité et commune) ; en cas d’absence d’un tel acte, par le témoignage de la mère (et /ou du père mais problématique car il arrive parfois que la femme trompe son mari). A défaut de ces « deux sources », on apprend la nationalité de quelqu’un à travers la confidence d’un proche qui connaît bien la personne dont la nationalité est mise en doute.

  7. Voici ce qu’a dit Nkunda Batware Mihogo : « Si vous entendez par soldats rwandais tous ceux qui ont servi un jour au sein du Front patriotique rwandais, le FPR, et ensuite dans l’Armée patriotique rwandaise, l’ARP du général Paul Kagame, alors le peuple congolais a un sérieux problème à résoudre car son propre président, élu au suffrage universel direct par plus de 58 % des voix [en octobre 2006] – je cite Joseph Kabila – est non seulement d’origine tutsi, comme moi, mais est aussi un ancien soldat du FPR, comme moi » , in Pierre Péan, Carnages. Les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique, Fayard, 2010, pp. 415-416. L’intéressé et le gouvernement congolais n’ont jamais contredit ces propos ni protesté. Qui ne dit mot consent, dit-on. Auparavant, Colette Braekman a affirmé dans le Monde diplomatique d’avril 2001 que Joseph Kabila est un fils adoptif du Président défunt ». Puis, dans son livre Les Nouveaux Prédateurs, la même journaliste, Colette Braekman, a écrit en janvier 2003 : « Maman Sifa […] exerce une grande influence sur le jeune homme […]. C’est ainsi qu’elle a fait arrêter José Kabila, un demi-frère de Joseph Kabila, susceptible de révéler les troublants secrets de famille ». Colette Braekman n’a pas écrit : « Maman Sifa, mère de Joseph Kabila ». En février 2005, dans l’avion où elle accompagne Karel Gucht, le ministre belge des Affaires étrangères,  Colette Braekman, récidive en distribuant à bord de l’avion une note biographique de Joseph Kabila dans laquelle il est écrit : « Joseph Kabila pourrait être le fils d’une femme nilotique, probablement rwandaise tutsi, originaire de la ville de Moba, près du lac Tanganyika, et serait le fils de Kanambe (proche collaborateur de Laurent-Désiré Kabila » in Pierre Péan, op. cit., pp. 414-415.  A son tour, Philippe Leymarie a écrit dans le Monde diplomatique du 6 février 2001, je cite : « Joseph Kabila, un inconnu de 29 ans, est de mère rwandaise, a été formé en Afrique de l’Est et parle volontiers le swahili et l’anglais que le français et le lingala ».

    Ceux qui se posent encore des questions doivent lire ce que le journaliste François Soudan a écrit sur ce sujet dans Jeune Afrique des 30 janvier (no 2090) et 5 février (no 2091) 2001. Le journal Libération du 15 août 2001 a affirmé : « Joseph Kabila n’est que le fils adoptif de Laurent-Désiré, enfant d’un compagnon mort au maquis, que le chef rebelle a pris sous son aile en épousant la veuve ».

    En 2011, la télévision suisse romande est revenue sur le sujet en précisant que la mère de M. Joseph Kabila est tutsi. Une fois de plus l’intéressé n’a pas protesté.

    Après toutes ses déclarations qui n’ont jamais été contredites, est-il encore nécessaire de se poser la question lorsqu’on connaît déjà la réponse ? Au Rwanda, en Ouganda et dans toutes les chancelleries occidentales, tous les officiels savent que celui qui porte le nom de Joseph Kabila est de nationalité rwandaise, qu’il est venu en RD Congo dans les bagages de l’AFDL, en compagnie de James Kabarebe. Il n’y a que les Congolais qui ignorent la nationalité de celui qui dirige leur pays. Aimons lire et archiver.

  8. M. Joseph Kabila est le représentant des pays occidentaux qui ont la tradition de piller le Congo. Ceux-ci l’ont placé au pouvoir pour servir leurs intérêts. Au passage, Kabila sert les intérêts de son pays d’origine – le Rwanda – qui a facilité son accession au pouvoir à Kinshasa. Pour gouverner la RD Congo, il s’appuie sur les Congolais cupides et arrivistes qui n’ont qu’un seul souci : s’enrichir vite et illicitement. Ce groupe constitue les nouveaux riches à la tête duquel se trouvait Katumba Mwanke. Parce qu’il faisait trop d’ombre à Joseph Kabila, il a été éliminé à la fin de l’apprentissage politique de son élève. Un accident d’avion monté de toutes pièces a mis fin à sa rapide vie de pacha.

  9. Il faut se séparer de cette clique de mafieux pour garantir la paix et la souveraineté nationale mais aussi pour assurer l’intégrité du territoire. Avec ce genre d’individus, le développement du Congo est difficile, voire impossible.