Appel à tous les intellectuels congolais de souche : l’avenir du Congo est notre responsabilité commune. Agissons ensemble.

21 Avr

 

Appel à tous les intellectuels congolais de souche : l’avenir du Congo est notre responsabilité commune. Agissons ensemble.

Par Fweley Diangitukwa

http://www.fweley.wordpress.com

 

Notre pays est arrivé à un tournant de son histoire qui nécessite l’union de notre intelligence collective. À trois reprises, notre pays a été dominé et sauvagement pillé : d’abord par le roi des Belges, Léopold II, qui avait donné la forme actuelle de notre pays et qui en avait fait sa propriété privée en s’appuyant sur les hommes qu’il envoyait dans sa colonie pour l’exploiter à son compte. Ces derniers en avaient profité pour s’enrichir eux aussi. À partir de 1908, l’État belge avait poursuivi l’œuvre macabre de son Roi ; ensuite, le 24 novembre 1965, le colonel Joseph-Désiré Mobutu avait fait un coup d’État en s’appuyant sur ses « compagnons de la révolution ». L’enrichissement rapide et illicite était la seule préoccupation de différents dirigeants du Mouvement populaire de la Révolution (MPR) ; enfin, depuis 1997, le Congo est tombé entre les mains d’un conglomérat d’aventuriers venus du Rwanda et de l’Ouganda épaulés par des Congolais qui ont vendu leur âme au diable. Tous, sous la conduite de Joseph Kabila, poursuivent les mêmes ambitions que les colons de Léopold II et les « compagnons de la révolution » de Joseph-Désiré Mobutu[1]. À présent, notre aujourd’hui est bloqué et notre avenir commun est incertain.

Depuis 1885, des étrangers de tous bords, se disputent les ressources naturelles du Congo alors que les natifs du pays sont réduits au silence et contraints à courber l’échine. Nous devons mettre fin à ce régime basé sur la loi du plus fort afin de construire une véritable République dans laquelle les dirigeants seront au service du peuple.

Pour mieux illustrer notre situation actuelle, nous rappelons quelques éléments de la Tchécoslovaquie créée sur les ruines de l’empire Habsbourg. Au sortir de la Première Guerre mondiale, la Première République tchécoslovaque est l’un des États qui fit sa première apparition sur la carte de l’Europe wilsonienne, fondée sur le principe du droit des peuples à disposer de leur destin. La Première République tchécoslovaque est née sur les décombres de l’Empire austro-hongrois grâce au concours des intellectuels slovaques et tchèques qui vivaient aux États-Unis et qui avaient peur que leurs territoires soient envahis par les Russes ou plutôt par les Soviets. Pour résister contre ce risque d’invasion, les intellectuels tchèques et slovaques ont décidé d’unir leurs efforts pour créer une République commune. Leur entente depuis des États-Unis a été transmise à leurs compatriotes restés dans les deux territoires afin qu’ils concrétisent leur vision commune d’un espace sécurisé et protégé contre la menace des Soviets. C’est ainsi qu’est née la Tchécoslovaquie. Pour exister au sein de cette Europe remaniée, l’État tchécoslovaque a besoin d’un principe nouveau : le « tchécoslovaquisme ». Un concept national inédit en 1918 mais qui est issu des liens étroits tissés au cours du XIXe siècle entre les mouvements tchèque et slovaque d’émancipation nationale. L’indépendance est proclamée le 28 octobre 1918 et Prague devient la capitale du nouveau pays. Son territoire s’étend des Monts métallifères à l’Ouest, à la Ruthénie subcarpatique, à l’Est. Il s’étend ainsi de l’Allemagne de Weimar à l’Ukraine. La Tchécoslovaquie fut le pays qui a abrité le seul régime démocratique non conservateur d’Europe centrale durant l’entre-deux-guerres.

L’idée de créer un nouvel État, la Tchécoslovaquie, prit naissance en octobre 1918 aux États-Unis grâce aux « minorités tchèque et slovaque se trouvant en nombre important aux États-Unis, notamment les Slovaques. Ce sont ces immigrés issus de plusieurs vagues de migration du XIXe siècle qui ont financé l’action de Masaryk. C’est aux États-Unis que se joua le destin et l’avenir de la Tchécoslovaquie et c’est lors des accords de Cleveland et de Pittsburg que les Tchèques et les Slovaques se mirent autour d’une table pour négocier l’avenir de la Tchécoslovaquie. » Il est important de retenir que l’invention de la nation tchécoslovaque a servi « à renverser la prépondérance des Allemands et des Hongrois au sein du nouvel État ».

La Tchécoslovaquie n’aura pas vécu un siècle. Le dernier chef du gouvernement de la fédération tchèque et slovaque, annonça à la télévision le soir du 31 décembre 1992, la séparation de l’un des États les plus jeunes d’Europe et le 1er janvier 1993, la Tchécoslovaquie se dissocia en deux nouveaux États, la République tchèque et la Slovaquie. Son existence a été en effet très courte et sa fin a coïncidé avec l’éclatement de l’ex-URSS.

Ce rappel de la Tchécoslovaquie doit interpeller les intellectuels congolais que nous sommes. Quel est notre rôle devant le blocage auquel nous assistons impuissants jusqu’à ce jour ? Que devons-nous faire pour sauver notre pays des mains des aventuriers sans mandat qui s’accrochent au sommet de l’État et qui sont prêts à organiser des élections en décembre pour se maintenir au pouvoir ? Qui doit dire au peuple souverain ce qu’il doit faire pour sortir le pays de la domination des pilleurs qui changent au cours de l’histoire mais qui recourent toujours aux mêmes pratiques ? Si les immigrés tchèques et slovaques s’étaient unis d’accord sur l’idée nationale tchécoslovaque pour faire entendre leurs revendications territoriales et créer l’un des rares États européens qui a proposé, à l’heure des fascismes et des totalitarismes dont il fut par ailleurs l’une des premières victimes, un modèle de société multiculturelle et démocratique, quel travail les intellectuels congolais éparpillés à travers le monde doivent-ils accomplir pour construire au cœur de cette Afrique centrale, dominée par des régimes autocratiques, un Congo libre et démocratique et qui doit rapidement devenir un exemple de développement et de stabilité ? Telle est la question que nous posons aux intellectuels congolais[2] de la diaspora et à ceux de l’intérieur.

Le Congo n’est pas une monarchie qui appartient à une caste. Il est une res publica, c’est-à-dire un espace public appartenant à tout Congolais de souche. Ceci revient à dire que nous ne devons pas attendre que la minorité qui détient le pouvoir par défi (parce que sans mandat légal) et qui a pris toutes les institutions en otage, rende le pouvoir au peuple de façon civilisée. Cette minorité ne le fera jamais car il conservera le pouvoir aussi longtemps que le peuple ne s’opposera pas de façon radicale et déterminée pour récupérer ce qui lui revient de droit. Nous avons l’obligation de reconnaître que nous sommes collectivement responsables du blocage de nos institutions parce que nous ne parvenons pas à trouver les moyens de défenestrer ceux qui s’accrochent au pouvoir en utilisant l’armée et la police. Nous avons perdu de nombreux braves compatriotes qui ont cru à la lutte pacifique afin de rétablir le Congo dans ses droits, malheureusement nos stratégies ont un côté destructeur car nous n’avons jamais tenu bon en restant debout jusqu’au bout. Jusqu’à présent, nous avons pris la mauvaise habitude d’agir de façon sporadique et d’abandonner la lutte au moment où la victoire est proche. Pire, notre malheur commun réside dans le fait que nous attendons que ceux qui sont dans l’illégitimité et dans l’illégalité cède le pouvoir au peuple alors que nous savons pertinemment bien qu’ils ne le feront jamais. Nous avons l’expérience de 2006 et de 2011 où la victoire de l’opposition a été sciemment et publiquement volée, au su et au vu des observateurs étrangers présents dans le pays et de la communauté internationale. De ce fait, il n’est plus permis de fonder un nouvel espoir sur l’élection présidentielle prévue le 23 décembre 2018. Ceux qui s’inscrivent dans cette logique veulent tout simplement accompagner le PPRD dans la fabrication de sa victoire truquée. Il est permis de penser qu’ils sont des complices. Dans le cas contraire, ce sont des naïfs qui sont incapables de tirer la leçon de notre passé récent.

Il appartient maintenant au peuple lésé par des imposteurs souvent à double nationalité de se réapproprier ce qui lui revient de droit afin de réorganiser la refondation de la République. Concrètement, puisque les anciens gouvernants n’ont plus de mandat légal, nous ne pouvons pas les autoriser à organiser les élections dans une République qui prétend être une démocratie. Le peuple souverain doit arrêter leur folie en mettant en place une équipe de transition qui aura l’obligation d’organiser les élections afin de revenir à une situation normale. Cette équipe doit absolument s’annoncer, se manifester et se mettre au travail en négociant avec les pays qui veulent bien reconnaître la nouvelle donne et accompagner le Congo dans la démolition de sa tyrannie et dans la construction de sa modernité. Oui, nous ne pouvons plus attendre. Nous devons agir au grand jour. Si nous comprenons cela, nous évoluerons et notre réalité collective changera. La question à résoudre – qui reste entière – est celle de savoir comment faire comprendre à l’armée que son rôle est d’empêcher la confiscation du pouvoir par des gouvernants sans mandat, c’est-à-dire comment éviter une guerre inutile contre ceux qui se cramponnent au pouvoir en utilisant la violence ? Un travail titanesque doit être fait pour que les Congolais de souche qui sont dans l’armée œuvrent pour le rétablissement de l’État de droit dans notre pays. En plus, si nous mettons nos intelligences ensemble, nous y parviendrons, certainement. Il est temps de nous accorder sur un leadership collectif, consensuel et transformateur pour aspirer au changement que nous attendons depuis longtemps. Pour y parvenir, nous devons nous appuyer sur une communauté d’intérêt, d’où la nécessité et le sens de cet Appel aux intellectuels congolais. Nous ne devons plus voir la politique sous le prisme de la concurrence entre individus (où chacun voudrait à tout prix être candidat à l’élection présidentielle), entre les partis (où chaque parti cherche à tout prix à aligner son candidat) et entre les provinces (où chacune souhaite à tout prix voir le sien à la tête de l’État dans une logique de « maintenant c’est notre tour » et combat les candidats des autres provinces) mais plutôt sous celui du rassemblement ou d’association de nos intelligences et de nos capacités afin de provoquer des forces centripètes plus grandes. Comme l’a dit notre compatriote Arthur Kalombo, quelle que soit la brillance de l’intelligence d’un individu, celui-ci ne peut se suffire à lui-même sans recourir à d’autres individus qui le dépassent dans d’autres domaines. Dans le même sens, l’auteur de ces lignes s’adresse à vous.

Le Pacte politique scellé à Sun City en Afrique du Sud a échoué à cause de l’amateurisme et de l’aventurisme des dirigeants actuels qui n’ont pas respecté les prescrits de la Constitution, notamment l’article 220. Il devient donc indispensable de reconstruire un nouveau Pacte politique pour refonder la République. Tout ce qu’entreprennent les dirigeants actuels n’a aucun fondement juridique puisqu’ils sont hors mandat et agissent sans légalité et sans légitimité. Les élections qu’ils se préparent à organiser le 23 décembre 2018 ne s’appuient sur aucun cadre juridique et elles sont contestées avant même qu’elles soient organisées non pas uniquement à cause de la machine à voter ou à voler les voix des électeurs ni à cause des doublons et du lieu de résidence du serviteur qui n’est pas connu du public mais d’à peine quelques membres du gouvernement et de la CENI ; elles sont surtout contestées sur le principe de non-respect de l’ordre juridique en vigueur dans le pays. Comme les gouvernants actuels ont été incapables de garantir le respect de la Constitution, c’est aux intellectuels de remettre l’ordre dans le pays.

[1] Lire Fweley Diangitukwa (sous la direction de), Les Congolais rejettent le régime de Joseph Kabila, éditions Monde Nouveau/Afrique Nouvelle, 2015.

[2] Dans cet Appel, il faut comprendre le concept d’« intellectuel » dans le sens de celui qui garde son intellect en éveil, qui manifeste un engagement dans tout ce qu’il entreprend ; celui qui cherche des idées nouvelles ou plutôt neuves pouvant permettre à notre pays de sortir des blocages actuels à différents niveaux de fonctionnement, pas uniquement au sommet de l’Etat mais à tous les niveaux institutionnels, du haut vers le bas ou du bas vers le haut. Le diplôme n’est donc pas le critère principal de sélection, car il y a des intellectuels et des leaders à tous les niveaux de la vie publique. Les intellectuels qui existent dans nos communautés villageoises doivent être pris en compte dans la réflexion générale. Ici, l’intellectuel est celui qui non seulement se donne la peine de comprendre les problèmes de la société dans laquelle il vit mais qui va plus loin en proposant des solutions de sortie. Or, de nombreux individus ont étudié dans le seul but d’obtenir un diplôme (sésame) ouvrant la possibilité d’occuper un poste prestigieux qui donne des facilités matérielles à son détenteur. Ces individus-là ne sont pas des intellectuels car ils ne réfléchissent pas – sinon très peu – après leurs études.

 

Il ne faut plus les appeler « Son Excellence » ou « Honorable »

21 Fév

Billet du jour

Dans notre pays, la plupart de ceux qui sont au pouvoir n’ont jamais eu le sens de l’Etat et de sa continuité. Ils y sont pour leur ventre (la politique par le bas, comme l’a théorisé Jean-François Bayart) et à la moindre incertitude, ils sortent l’artillerie pour tuer les paisibles citoyens, sans aucun état d’âme, car ils croient qu’il n’y a personne pour les sanctionner. Désormais, notre réflexion collective doit être menée dans le sens de trouver le mécanisme qui mettra ces gens (ou ces médiocres) dans l’impossibilité de recourir à l’usage abusif de la force. Rawlings avait réussi au Ghana. Mais Rawlings n’était pas un médiocre ou un barbare, il était éduqué et en plus un nationaliste qui avait le sens de l’Etat et de sa continuité. En RDC, nous avons des voyous, des menteurs et des médiocres au pouvoir. L’Eglise catholique est sur la bonne voie car elle dit vrai. Après la grosse faute de décembre 2016 causée par le passage hypocrite de Joseph Kabila au Vatican où il a menti le pape, l’Eglise de Kinshasa mène maintenant le même combat que l’Eglise catholique de Philippines sous le règne tyrannique de Marcos. Pour cette raison, nous devons soutenir ses actions.

Que ceux qui avaient écrasé les chrétiens en 1992 doivent se rendre compte de la lourde faute qu’ils avaient commise, qu’ils fassent amende honorable et se taisent par respect pour les morts de février 1992. Certains d’entre eux se déclarent même père de la résistance après avoir tué des Congolais et nargué les opposants que nous étions au régime de Mobutu. Ils parlent comme s’ils étaient saints parce qu’ils n’ont pas été sanctionnés. Ne commettons plus la même erreur.

J’invite mes compatriotes à la désobéissance civile afin de revenir à l’ordre constitutionnel.

Aujourd’hui, sur toute l’étendue de la République, nous n’avons aucune autorité qui jouit de la légalité ni de la légitimité. La RDC n’est plus gouvernée depuis le 1er janvier 2018. Ne nous laissons pas distraire. Tous nos anciens dirigeants n’ont plus le droit de parler au nom du Congo car ils n’ont reçu l’autorisation de personne. Personne ne peut être appelé « Son Excellence » ou « Honorable ». Mais alors, personne, parce qu’ils ont tous perdu ce titre. Ce sont maintenant des personnes ordinaires, sans pouvoir. Qu’ils dégagent afin de revenir à l’ordre constitutionnel.

Pour la marche pacifique prévue le 25 février 2018 sur toute l’étendu de la RD Congo

18 Fév

Mes sincères félicitations à tous mes compatriotes de la diaspora, qui, en communion spirituelle avec nos compatriotes de l’intérieur, se battent jour et nuit avec les moyens dont ils disposent pour aspirer au changement de paradigme (pas le changement dans le paradigme que nous connaissons jusqu’à présent). Nous sommes les Nzeza Nlandu, Kasa-Vubu, Lumumba, Okito, Mpolo, Iléo, Bamba, Mahamba, etc. d’aujourd’hui. L’avenir du Congo est notre responsabilité. Eux ont lutté contre les colonialistes et nous luttons contre les envahisseurs. Où que nous soyons, restons debout jusqu’à la victoire totale. 

Nous n’avons qu’un seul pays et les étrangers que nous avons accueillis n’ont aucun droit de nous ravir notre beau et riche pays. Que personne ne nous donne des ordres et ne nous fasse taire lorsque nous nous battons pour l’intérêt de notre pays. Ces années d’occupation nous ont permis de découvrir les Congolais qui collaborent avec les ennemis de la République et les laudateurs qui font le lit de la dictature. Collabos et laudateurs soutiennent l’ignominie pour le bonheur de leur ventre. Dressons régulièrement les listes de ces ennemis de la République, car nous en aurons grandement besoin demain.

En février 2017, il y a une année déjà, j’ai publié un livre qui devient incontournable dans notre cheminement vers la libération de notre pays. J’ai recensé l’expérience de beaucoup de pays qui ont vaincu la tyrannie par des moyens non violents, c’est-à-dire pacifiques. Je vous invite à prendre le temps de lire ce livre qui est, du reste court (moins de 130 pages). Beaucoup l’ont déjà lu. Plus nombreux nous serons à connaître son contenu et plus vite nous irons vers la victoire.
Nous sommes parfois incompris, nous sommes combattus par nos propres compatriotes qui soutiennent la tyrannie pour leur ventre (Kabila to tondi nano te) mais puisque nous savons où nous allons, nous ne reculons pas et ne reculerons jamais. L’amour pour son pays ressemble à l’amour que l’on a pour ses parents. Par ses mots, je présence mes remerciements à tous mes compatriotes dans la lutte contre le régime ignoble de « Joseph Kabila ». Soyons courageux et constants afin de léguer aux générations futures un beau et riche pays pour lequel les nôtres donnent leur vie : « Debout Congolais » est notre hymne national. Ne l’oublions pas.
Dans cette lutte, soyons unis car nos ennemis sont partout et ils sont dans nos rangs.
Lire Fweley Diangitukwa, Comment mettre fin à une dictature solidement installée, Paris, L’Harmattan, 2017.
Rendez-vous pris le 25 février. Occupons toutes les rues de la République avec un seul slogan : « Kabila dégage/Kabila out ».
 

Face à un régime sans foi ni cœur, l’Église devient le dernier recours du peuple congolais en détresse

5 Fév

Face à un régime sans foi ni cœur, l’Église devient le dernier recours du peuple congolais en détresse

Par Fweley Diangitukwa

http://www.fweley.wordpress.com

Le 5 février 2018

Après un temps d’attente et d’observation, l’Église catholique a subitement décidé de mettre fin à sa façon de concevoir ses relations avec le pouvoir en place sans mandat légal, en refusant publiquement ses intransigeances politiques de subordination du théologique au politique. Elle a rejoint en définitive les positions des partis politiques dans l’opposition ainsi que les positions de la société civile et de la majorité du peuple congolais, victimes non consentantes depuis longtemps d’un pouvoir ingrat, incompétent, irresponsable, égoïste, médiocre, barbare et ignoble. En sortant de son silence, l’Église catholique plaide désormais son indépendance, celle qui avait opposé jadis le cardinal Malula au tyran Mobutu qui prêchait maladroitement un retour à l’authenticité alors qu’il fallait prêcher à la place un recours à l’authenticité. Deux positions qui recoupent un clivage politique traditionnel entre la défense inconditionnelle de l’ouverture démocratique voulue par le peuple via l’alternance au sommet de l’État et le statu quo voulu par un régime qui s’impose sans aucune légitimité. Pour le premier camp, la politique doit nécessairement se définir dans le respect de la Constitution en se concrétisant dans une volonté déterminée du peuple, qui est le peuple témoignant, dans son fonctionnement même, de son refus de subordination à un régime sans légitimité ni légalité. Pour le second camp, celui du régime en place (PPRD, partis alliés et laudateurs), le pouvoir doit avant tout être une soumission aveugle à l’autorité, même si cette autorité est arrivée à la fin de son second et dernier mandat (article 220 de la Constitution) et même si cette même Constitution demande au peuple congolais de « faire échec à un individu ou un groupe d’individus qui exerce le pouvoir en violation des dispositions de la Constitution » (article 64), comme c’est exactement le cas depuis décembre 2016. À ce titre, la position du second camp contredit superbement les exigences des institutions républicaines que revêt un État démocratique.

Dans cette confrontation épique, le premier camp exige simplement de veiller à ce que les institutions de la République garantissent le libre exercice du pouvoir, dans le respect du droit, et n’en contredisent pas les valeurs fondamentales. Pour l’Église catholique donc et pour les partis politiques dans l’opposition, l’autorité publique en laquelle s’incarne la liberté collective se doit de respecter les lois de la République et se soumettre à la volonté du peuple qui refuse d’être gouverné par défi et par un individu sans mandat. À ce stade, l’émancipation populaire recommande l’éradication de tout facteur de soumission et de servitude.

Dans cet affrontement épique, M. « Joseph Kabila » demande à l’Église de « rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ». En clair, il exige médiocrement que l’Église se soumette à son pouvoir, même s’il n’a plus de mandat légal. À dire vrai, M. « Joseph Kabila » est dans une confusion mentale totale. N’est-ce pas lui qui a toujours recouru au soutien des hommes de l’Église en leur demandant de célébrer son mariage avec Olive Lembe afin de prétendre à la nationalité congolaise par le mariage ? N’est-ce pas lui qui a désigné l’abbé Malu Malu à la tête de la CEI puis de la CENI en lui demandant de présider l’organisation de l’élection présidentielle de 2006 et au Pasteur Ngoyi Mulunda de présider l’organisation de l’élection présidentielle de 2011 ? N’est-ce pas encore lui qui a supplié l’Église catholique (CENCO) de le sauver du pétrin dans lequel l’a laissé le faux négociateur togolais au nom d’Edem Kodjo ? Maintenant que l’Église catholique lui a définitivement tourné le dos, il demande aux catholiques de s’occuper des affaires de l’Évangile (de Dieu) et de tenir César (c’est-à-dire lui) loin de leurs préoccupations du moment. Que nenni ! Avancer une telle exigence revient à ignorer le fondement même de l’Église, c’est-à-dire sa mission au sein de la société. Le problème au cœur de la société congolaise se présente autrement ou plutôt différemment. Malgré la séparation qui est advenue, depuis le XVe siècle, entre le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel, les deux ordres n’ont jamais cessé de se côtoyer et parfois de se soutenir, raison pour laquelle en pleine impopularité, il y a deux ans, nous nous en souvenons, M. « Joseph Kabila », encore président de la RD Congo, est allé lui-même rencontrer le pape à Rome, librement et sans autorisation du peuple congolais. C’est encore lui qui a confié à l’Église catholique le mandat de négocier une année supplémentaire avec les partis politiques dans l’opposition, et c’est cette négociation qui a accouché les Accords de la St-Sylvestre que M. « Joseph Kabila » et son régime ont jeté par les fenêtres en se maintenant au pouvoir par défi. Donc, la confusion entre ce qu’il faut rendre à César et à Dieu – si confusion il y a – a été voulue par celui-là même qui exige que l’Eglise rende maintenant à César ce qui lui revient, c’est-à-dire la reconnaissance de son autorité, sauf que celui qui l’exige ainsi refuse de reconnaître qu’il a cessé de jouir, depuis décembre 2016, de cette autorité venue du peuple. L’ignorance tue, ne cessons-nous de rappeler.

S’il revient à l’Église catholique ou à l’Église protestante – sinon à l’Église tout court (qu’elle soit catholique, protestante, kimbanguiste ou musulmane, c’est pareil) – « de maintenir vivante l’âme des pouvoirs de droit divin », il revient également à cette même Église de protéger ses croyants contre les dérives du pouvoir. Et lorsqu’il n’y a plus de limites ni d’autorités dans la République capables d’arrêter les abus du pouvoir[1], l’Église devient le dernier recours qui, de ce fait, a le devoir de rappeler la morale chrétienne. Il faut croire que M. « Joseph Kabila » ne le sait pas.

La Constitution de la RD Congo a voulu que l’exemple du pouvoir émane de la communauté des citoyens, c’est-à-dire du peuple, et, quand le peuple s’oppose, le pouvoir doit se soumettre. Or, nous sommes aux antipodes de cette réalité. C’est ce contexte qui donne un prodigieux retentissement à l’Église catholique et à l’Église protestante de sortir de la langue de bois et de dire au pouvoir (présentement sans légalité, sans légitimité et sans mandat) qu’il a outrepassé ses droits et qu’il est temps de revenir à la raison en évitant un bain de sang continuel et inutile. Tant que le pouvoir ne se soumettra pas aux lois de la République, l’Église se permettra de manifester publiquement sa vocation à moraliser l’espace public en fournissant la clé de voûte de l’ordre politique bafoué par ceux qui sont censés le respecter en premier lieu.

Si dans la hiérarchie des normes le pouvoir vient d’en haut ou du sommet (lire Kelsen), ce principe cesse d’être respecté lorsque le détenteur du pouvoir refuse de se soumettre à la Constitution. D’où l’origine de l’insoumission des peuples et des révolutions. Dans un tel contexte, le pouvoir vient d’en bas, il est une délégation du peuple et rien d’autre. Or, l’Église est une partie prenante de la société, elle est la représentante de sa conscience. Elle est ensuite le parti de la dénonciation sans concession des insuffisances et des mensonges des dirigeants dans une République des médiocres, des barbares, des impies qui violent sans remords les droits de l’homme.

Dans notre République, tout est devenu mensonge. Le ministre de l’information est devenu le ministre de la désinformation (un menteur public). Mensonge, lorsqu’on entend M. « Joseph Kabila » sans mandat électif depuis décembre 2016 déclarer publiquement : « Quand je vois ceux qui prétendent défendre la Constitution, je ne fais que m’éclater, c’est plus que rire. Ils défendent la Constitution aujourd’hui, une Constitution qu’ils avaient rejetée ». Tout le monde sait que le projet de cette Constitution avait été rédigé en Belgique et qu’il avait été âprement discuté à Sun City en Afrique du Sud entre les prétendants au pouvoir et les belligérants. M. « Joseph Kabila » ignore superbement que dans une République démocratique, les partis qui s’opposent à un projet de loi doivent l’accepter après son adoption au Parlement et au Sénat et sa publication dans le journal officiel. Par cette déclaration, M. « Joseph Kabila » a montré son ignorance crasse du fonctionnement d’un État de droit dans lequel il n’a jamais vécu. Son attaque frontale contre l’Église catholique est donc sans objet.

Mensonge, lorsque le régime prétend créer les conditions de stabilité, alors qu’il a installé partout la corruption, le pillage, l’enrichissement sans cause, l’impunité, l’emprisonnement et l’assassinat des innocents. Combien de Congolais sont déjà morts à cause de la tyrannie du régime Kabila ?

Mensonge grossier, lorsqu’il prétend que « les élections dans ce pays commencent à coûter plus cher que le développement », car les élections ont lieu une fois tous les 5 ans alors que le développement s’accomplit quotidiennement, 24 heures sur 24 et pendant 365 jours par an. « Joseph Kabila » mélange les pinceaux lorsqu’il ajoute bêtement : « Est-ce qu’il faut qu’on (État congolais) soit cité comme le pays le plus démocratique dans le monde ou bien c’est le développement qui compte ? ». Le disant ainsi, il fait la démonstration d’une ignorance crasse car les deux concepts (démocratie et développement) sont étroitement liés. Il n’y a pas durablement de développement sans démocratie ou, pour dire la même chose en d’autres termes, les pays développés sont les plus démocratiques ou encore inversement les pays réellement démocratiques sont les plus développés. Oui, médiocre, M. « Joseph Kabila » l’est et nous l’avons toujours dit sans nous cacher. Ceux qui ont rédigé son discours sont aussi médiocres que lui, car ils ignorent tous l’existence de nombreux livres sur le marché qui établissent la relation entre le développement et la démocratie et vice-versa.

Mensonge, lorsque M. « Joseph Kabila » prétend que ses amis (la précision est de taille) de la Monusco n’ont jamais réussi à éradiquer un seul groupe armé. Du reste, cette dernière lui a vertement répondu que « les relations entre l’État congolais et la Monusco sont devenues très mauvaises depuis la chute de M23 ». En termes clairs, les relations entre la Monusco et l’auteur de l’accusation sont se sont détériorées depuis qu’elle a défait le M23 sur lequel M. « Joseph Kabila » s’appuyait[2] pour déstabiliser l’Est du Congo. En plus, ô ignorance quand tu nous tiens solidement !, le rôle d’éradiquer un groupe de rebelles n’est pas une responsabilité de la Monusco mais bien celui de « Joseph Kabila » (FARDC) et de son gouvernement. Dans une République qui se respecte, c’est à lui-même qu’il aurait dû adresser le reproche qu’il a fait à la Monusco. Étant le premier commanditaire des violations des droits de l’homme à l’Est du Congo, et ne pouvant le reconnaître publiquement, il a préféré charger ses amis.

Mensonge, lorsqu’il prétend lutter pour l’union nationale, alors qu’il a installé partout la désunion, la discorde et la mort (Ituri, Bunia, Butembo, Kasaï, Kongo central, Kinshasa, etc.). Par rapport à ces atrocités criantes, l’Église devient justement, enfin, le dernier recours. Elle est le parti qui se donne authentiquement les moyens de hausser le ton pour défendre la cause du peuple sans arme afin qu’il impose, par des marches pacifiques, le respect des normes aux dirigeants qui ont tous perdu le sens de la raison et du droit que certains parmi eux enseignent aux futurs juristes[3]. De ce fait, elle, l’Église, doit être conséquente jusqu’au bout [j’ai plutôt voulu écrire jusqu’à la victoire], s’agissant de contraindre les autorités sans mandat depuis décembre 2016 à abandonner leur prétention de se maintenir coûte que coûte au pouvoir et à quitter définitivement ledit pouvoir [que les partis sans armes dans l’opposition échouent lamentablement à obtenir], car si l’Église s’arrête à mi-chemin, c’est tout l’édifice Congo qui s’écroulera. L’enjeu entamé est donc de taille. Sans doute cette mission de sauver la démocratie en péril – et donc de sauver la République en danger – reprise en filigrane dans les prêches du cardinal Monsengwo et du révérend François David Ekofo, Recteur de l’Université protestante, est l’accomplissement le plus mobilisateur depuis l’installation maffieuse de M. « Joseph Kabila » à la tête de notre pays en 2001. Cette nouvelle idéocratie venue de l’Église n’est autre chose qu’un appel ultime à la prise du pouvoir par des Congolais conscients et responsables qui ont un réel projet pour le Congo, loin de l’enrichissement rapide et illicite qui a longuement préoccupé les dirigeants sortants. Pour sauver la République, nous avons tous l’obligation de mettre absolument fin au conglomérat d’aventuriers venus de l’AFDL, du RCD-Goma et de CPP mais aussi aux laudateurs qui font le lit de la tyrannie.

« Joseph Kabila » a toujours tordu le cou à la Vérité. Il ne mérite pas qu’on lui fasse confiance, quelle que soit la circonstance. Tenez : en 2006, il a déclaré : « La Constitution, c’est sacré… J’ai donné ma parole d’honneur en promulguant cette Constitution, je n’y toucherai donc pas. Le pouvoir use. Il faut s’arrêter »[4]. Combien de fois a-t-il révisé la Constitution, passant de deux tours à un seul tour pour ne citer que cet exemple ? S’était-il arrêté comme il l’avait promis ? Il a promis au pape à Rome qu’il organiserait les élections la fin de 2017, l’a-t-il fait ? S’il ment le Saint-Père, qui d’autre peut-il encore respecter sur terre ? M. « Joseph Kabila » est un menteur invétéré qui doit être mis hors d’état de nuire. Il s’est enrichi rapidement et illicitement en mentant tout le temps et à tout moment. Aucune négociation n’est désormais permise avec lui.

« Que les médiocres dégagent » doit devenir notre credo politique et révolutionnaire, lequel est destiné à se faire pouvoir, pouvoir lui-même appelé à fusionner avec le peuple dans une gouvernance participative qui fera naître une pleine conjonction consciente du peuple entier avec lui-même pour un renouveau démocratique. Ce dessein de faire dégager les médiocres pour que les plus compétents viennent repose entièrement sur ce que le peuple se propose de détruire définitivement, à savoir la médiocrité et le mensonge au sommet de l’État. Ce message, qui sert de repoussoir, est ce qui fournit le levier aux plus démocrates des Congolais. Que les meilleurs gagnent, dirons-nous en guise de requiem pour les millions de morts que la médiocrité a envoyés précocement dans l’au-delà. Requiem aeternam dona eis [donne-leur le repos éternel]. Le tour des bourreaux viendra aussi un jour, car la roue de l’histoire ne peut pas s’arrêter de tourner. À chacun son tour. Demain, les Congolais reconstruiront un autre pays. Oui, pour sûr, le Congo renaîtra.

Fweley Diangitukwa

http://www.fweley.wordpress.com

[1] Malgré le nombre de morts à chaque marche pacifique, la Cour de justice ne s’est jamais prononcée parce qu’elle est complètement inféodée à ce régime sans mandat. Elle ne peut pas poursuivre judiciairement les organisateurs des troubles et les assassins des Congolais ni les condamner parce qu’elle est étroitement complice.

[2] En y injectant des soldats rwandais qu’il a régulièrement intégrés dans l’Etat-major des FARDC afin de lui ôter toute efficacité combattante. Selon la Monusco, les opérations dans l’Est du Congo seraient sans doute moins compliquées s’il n’existait pas de liens entre les groupes rebelles et certains officiers de l’armée congolaise. Si « Joseph Kabila » était sérieux, il se serait donné la mort après cette grave accusation car l’État-major et la Cour pénale l’aurait automatiquement mis en poursuite pour haute trahison, du fait que la Monusco a officiellement déclaré sa complicité avec les ennemis du Congo. C’est la preuve que l’État n’existe plus au Congo.

[3] Dans le régime qui vient, tous ceux qui ont pactisé avec la tyrannie sous le régime du maréchal Mobutu et sous le régime de « Joseph Kabila » doivent être mis hors d’état de nuire après un jugement en bonne et due forme, en les interdisant d’exercer toute fonction étatique, et à tous les niveaux (du sommet de l’État jusqu’aux fonctions de bourgmestre) pendant 20 à 30 ans afin qu’ils n’empoisonnent pas la bonne marche des affaires de l’État. Quant aux juristes du PPRD qui enseignent le droit à l’université, ils doivent être interdits d’enseigner le droit (dans les universités publiques comme dans les universités privées) sur toute l’étendue de la République jusqu’à la fin de leur vie pour épargner la jeunesse de leur manière erronée d’interpréter les textes de droit en faveur de la tyrannie. Les laudateurs doivent subir le même sort pour leur complicité avec la tyrannie. Il faut mettre définitivement fin à la révolution-pardon maladroitement initiée par Laurent-Désiré Kabila.

[4] François Soudan, « RDC : Joseph Kabila, cartes sur tables », in http//www.jeuneafrique.com

Où trouver la force pour continuer à parler de la tyrannie en RDC ?

26 Jan

Où trouver la force pour continuer à parler de la tyrannie en RDC ?

Les sbires de « Joseph Kabila » « en action » à l’UNIKIN (Université de Kinshasa). Jusqu’à quand les Congolais vont-ils regarder ces soldats voyous répandre la terreur et la mort sans réagir ? A quel moment les grandes puissances abonderont-elles leur soutien au régime de « Joseph Kabila » contre le pillage organisé des ressources naturelles du Congo, entre autres le coltan, la cassitérite, le cobalt, diamant, l’or, etc.

https://www.facebook.com/wetshi.amba/videos/1822506731113472/

 

Voici ci-dessous le premier discours de Kabila aux Nations unies. Il est incapable de lire correctement un chiffre correspondant à une année. Quelle honte ! Comme s’il n’y avait pas de femmes et d’hommes capables dans notre pays pour occuper le poste de chef de l’Etat. Ne tolérons plus de tels décideurs incompétents à la tête de notre nation. La première fois que j’ai suivi cette vidéo, j’ai eu des larmes aux yeux. Merci de partager cette vidéo en guise de rappel de notre passé récent.

https://www.facebook.com/Congosolutionmutimedia/videos/1610901985665375/

Monsieur « Joseph Kabila », il est temps de quitter le pouvoir

22 Jan

Monsieur « Joseph Kabila », il est temps de quitter le pouvoir

Par Fweley Diangitukwa

Le 22 janvier 2018

Cruelles comme toutes les manifestations de protestation voulues pacifiques, celle du hier 21 janvier 2018 a connu son lot de morts. Tuer les Congolais et voler les richesses de notre pays sont le seul travail que vous avez accompli en RDC depuis votre entrée dans notre pays en 1997. Après la querelle des chiffres pour connaître le nombre de Congolais tués lors de la marche pacifique du 31 décembre 2017, nous voici devant une nouvelle querelle des chiffres pour connaître le nombre exact de Congolais tués lors de la marche pacifique du 21 janvier 2018. Que vos soldats aient tué 2, 6, 12 ou 22, peu importe, sachez que vous avez versé le sang des Congolais sans raison, à part votre défi de demeurer au pouvoir sans mandat. Monsieur « Joseph Kabila », vous devez savoir que les Congolais ne sont pas nés pour être massacrés par vos soldats anglophones venus de Tanzanie ou d’on ne sait où. Les Congolais vous ont assez supporté, malgré eux. Ils sont maintenant profondément déçus de vous et de votre règne. Il est temps de quitter le pouvoir, car ils ne vous pardonneront plus.

N’oubliez pas que les Congolais, que vos soldats – payés avec l’argent de notre pays – ont tués, ont eu la même envie de vivre comme vous [qu’ils reposent en paix auprès du Seigneur], comme vos femmes, vos enfants, nos tantes, vos frères et votre mère. Si vous n’acceptez pas que quelqu’un porte atteinte à la vie de vos membres de famille, sachez que les membres de famille de Congolais que vous tuez sans cesse ne souhaitent pas voir les leurs mourir prématurément parce qu’ils ont tout simplement voulu vous rappeler que vous êtes hors mandat et n’avez plus le droit de gouverner le Congo. Vous vous êtes assez moqué de la vie des autres, il est temps de quitter le pouvoir et de rendre compte de vos forfaits devant la justice populaire congolaise et devant la justice internationale, même si celle-ci est en carton. Vous narguez les Congolais, mais pour combien de temps encore ?

De quel droit et avec quel pouvoir, Monsieur « Joseph Kabila », vous autorisez-vous à massacrer les Congolais pendant que vous êtes hors mandat depuis décembre 2016 ? Sachez que vous n’avez plus le droit de trôner à la tête de notre pays parce que vous ne jouissez d’aucune légitimité et d’aucune légalité. Vous êtes « out » et vous vous moquez encore des paisibles Congolais qui, soit dit en passant, vous ont toléré dans notre pays alors que certains parmi eux peuvent vous apprendre un bout sur l’art de gouverner une République moderne parce qu’ils ont plus de compétences que vous.

De quel droit un étranger que vous êtes, placé à la tête du Congo par d’autres étrangers, représentant l’ancienne puissance coloniale (1885-1960), vous permettez-vous de tuer des Congolais dans notre propre pays ? N’avons-nous pas le droit de marcher pacifiquement pour vous rappeler que vous avez cessé d’être le chef d’Etat ? Non. Vous êtes « out », Monsieur « Joseph Kabila », il est temps de quitter le pouvoir. Les Congolais ne vous reconnaissent plus et ne veulent plus de vous comme chef d’Etat parce que vous en n’avez plus le droit.

Votre degré d’irresponsabilité et d’indécence est d’autant plus consternante que vous persévérez à tuer les Congolais, comme vos commanditaires le font sans vergogne et sans aucun état d’âme à l’Est de la RD Congo. Nous savons que vous vous entêtez parce que vous croyez jouir de la protection de ces grandes puissances auxquelles vous vendez non seulement les ressources naturelles mais aussi les entreprises publiques du Congo comme la Gécamines à des prix dérisoires sinon vils et qui, en retour, vous livrent, malgré l’embargo, des armes démodées qui servent à massacrer le courageux peuple congolais. Sachez, Monsieur « Joseph Kabila » que tout soutien a aussi des limites. Le maréchal Mobutu, qui vous a précédé et que vous avez combattu avec opiniâtreté, avait lui aussi bénéficié de soutiens étrangers, mais devant l’horreur de ses cruautés, ses commanditaires l’ont lâché comme vous serez bientôt lâché par ceux-là qui vous poussent à tuer les Congolais. Vos crimes au Congo ne demeureront pas indéfiniment impunis. Le moment vient de rendre compte de vos forfaits ou de vos crimes.

Vous ne pourrez plus nier vos responsabilités devant vos hommes armés qui ont coupé les têtes des Congolais à Beni, à Butembo, à Bunia et ailleurs, devant ceux qui ont massacré les adeptes de Bundu dia Kôngo et du pasteur Mukungubila, devant ceux qui ont tué les jeunes Congolais dans toutes les manifestations publiques de protestation. L’horreur a atteint les sommets et nous ne pouvons et ne voulons plus vous tolérer à la tête de l’Etat congolais. Vous êtes « out », Monsieur « Joseph Kabila », il est temps de quitter le pouvoir, car les Congolais ne veulent plus verser des larmes à cause de vos atrocités, de vos cruautés sans borne.

Ces homélies des catholiques et des protestants ainsi que ces immenses foules qui bravent la brutalité, la férocité, la sauvagerie, la barbarie, la bestialité, etc. de vos soldats ne vous troublent pas, ne vous arrachent aucun remords, et vous voudriez qu’on vous accepte encore à la tête de l’Etat congolais ! Non, Monsieur « Joseph Kabila », vous avez trop abusé, les Congolais ne veulent plus de vous. Quittez le pouvoir et rendez compte au peuple congolais de votre gestion calamiteuse de la République depuis 2001. Votre bilan sera jugé sur la place publique.

À cause de vous, le drame congolais a fait des millions de victimes innocentes. Ce bain de sang n’a que trop duré et il est maintenant temps de trouver une solution politique en éliminant le conglomérat des aventuriers qui gesticulent et s’agglutinent autour de votre personne. Vous semez l’horreur et la terreur, tout le monde le sait. Lorsque vous persévérez à tuer les Congolais comme des animaux, que cherchez-vous au juste ? Nous voir nous mettre à genoux devant vous afin que vous régniez sur nous comme des soumis ou vous voudriez plutôt nous exterminer tous pour céder notre payer à ceux avec qui vous pillez le Congo notre pays ou encore vous souhaiteriez que nous utilisions les mêmes moyens utilisés par l’AFDL en 1997 ou les mêmes moyens utilisés par ceux qui ont assassiné votre père nourricier ?

Malgré les horreurs semées par vos militaires venus de la Tanzanie et d’on ne sait où encore, la détermination des Congolais est encore plus grande, les défenseurs des droits de l’homme dénoncent les violences exercées par vos soldats étrangers sur le peuple congolais et leurs rapports se multiplient. Ils viennent alourdir le Rapport Mapping qui pèse sur votre tête depuis sa publication. Vous payerez bientôt tout le mal que vous avez fait aux Congolais. Un chef d’Etat ne peut gouverner que lorsqu’un peuple se soumet et lui obéit. Or, dans le cas du Congo, votre politique d’une « révolution de la modernité » a fait long feu. Le peuple congolais a compris que vous êtes un menteur, car vous n’avez jamais réalisé tout ce que vous avez publiquement promis depuis 2001. Il ne se soumettra plus et ne vous obéira plus. Il est temps de dire adieu à votre aventure qui a trop duré.

Tout ce que votre parti entreprendra ne servira à rien car le peuple congolais vous a déjà rejeté. Trop tard. Vous ne pourrez briguer un troisième mandat. Tout ce que vous entreprendrez ou tout ce que le PPRD entreprendra en votre faveur sera illégal et illégitime car vous êtes hors mandat. Faire croire que vous avez le droit et les capacités de diriger encore la RD Congo revient à tordre le cou à la réalité, à se moquer des Congolais qui ont déjà tourné la page et qui vous conjuguent déjà au passé. Cessez, Monsieur « Joseph Kabila », de vous croire encore Président de la RD Congo, car vous avez cessé de l’être dans la tête des Congolais. Mais qui en porte la responsabilité, sinon ceux qui veulent vous imposer au pouvoir que vous avez déjà perdu.

Si votre gouvernement avait le souci de protéger le peuple congolais et de travailler pour le développement de notre pays, cela se saurait. La brutalité – sinon la bestialité – avec laquelle vous avez toujours massacré le peuple congolais depuis votre installation au pouvoir ne le démontre guère, pas plus que les comportements de vos soldats dans le grand Kasaï où deux experts des Nations unies ont été sauvagement tués.

Le peuple congolais ne pense plus à vous, il ne croit plus en vos capacités à diriger encore la RD Congo, parce que vous être hors mandat, et c’est l’essentiel. Après de longues années d’attente, une zone de liberté d’expression a été enfin franchie d’abord par l’église catholique et ensuite par l’église protestante qui, toutes les deux, apparaissent comme la seule force capable de rétablir l’ordre dans notre pays. J’en suis fier. Les Congolais viennent de s’y installer, l’espoir renaît et la vie reprend, malgré la mort que vous semez dans nos rangs. Tout ce que votre gouvernement entreprendra ne changera rien. Il est certain que le peuple congolais ne parlera plus bientôt de vous, sinon en rappelant vos cruautés à leurs enfants. Vous pouvez encore pérorer si vous le voulez, mais sachez d’ores et déjà que plus personne ne vous écoutera. Et c’est tant mieux ainsi. En voulant tuer incessamment les Congolais qui ont toujours voulu marcher pacifiquement, vous vous êtes mis bêtement hors-jeu.

Quittez le pouvoir, Monsieur « Joseph Kabila », vous êtes déjà « out ».

Vous moquant des Congolais, vous avez un jour proféré cette accusation gravissime à l’encontre des jeunes kinois (que vous avez qualifiés de chômeurs invétérés) qui restent sous le toit de leurs parents jusqu’à 40 ans, alors que vous n’avez pas créé des emplois malgré les énormes ressources naturelles que regorge notre pays. À la place, vous avez préféré vous enrichir rapidement et illicitement en plaçant votre fortune à l’abri, dans des paradis fiscaux.

Je répète : tout ce que vous entreprendrez est une perte de temps. Les Congolais ne veulent plus de vous. Partez. C’est fini. Adieu.

Fweley Diangitukwa

22 janvier 2018

www.fweley.wordpress.com

Auteur du livre : « Comment mettre fin à une dictature solidement installée », Paris, L’Harmattan, 2017.

Qui doit diriger la période de transition ouverte depuis le 1er janvier 2018 ?

10 Jan

Qui doit diriger la période transitoire ouverte depuis le 1er janvier 2018 ?

Par Fweley Diangitukwa

Politiste

Le gouvernement du président Joseph Kabila est hors mandat depuis décembre 2016 déjà. Le non-respect de l’Accord de la St-Sylvestre du 31 décembre 2017 et la répression sanglante des marches pacifiques organisées par le Comité Laïc de Coordination (CLC) pour réclamer le départ du présent « Kabila » du pouvoir ont enlevé aux gouvernants actuels toute possibilité de diriger encore les institutions de la République.

Notre pays traverse une situation chaotique car, depuis le 31 décembre 2017 à minuit, il a cessé d’être gouverné. Aucune autorité ne jouit de la légalité ni de la légitimité. Les Sénateurs et les députés provinciaux les ont perdues en 2012, les députés nationaux les ont perdues en février 2017 et le chef de l’Etat, qui a bénéficié d’une rallonge gratuite grâce l’Accord de la St-Sylvestre, les a perdues le 31 décembre 2017. Le pouvoir est donc présentement dans la rue. Il appartient aux plus organisés sinon aux plus braves de le ramasser.

Il y a vingt ans, j’ai écrit dans mon livre « Qui gouverne le Zaïre, la Républicains des copains », Paris, L’Harmattan, 1997, que les Congolais (Zaïrois à l’époque) savent discuter longuement sur les problèmes de leur pays mais ils peinent à trouver des réponses qui imposent un changement de paradigme. Au Congo, le changement dans le paradigme a toujours triomphé dans la gestion des affaires publiques depuis le coup d’Etat de Mobutu et de ses compagnons de la révolution. Laurent-Désiré Kabila, qui est venu en 1997 avec sa révolution-pardon, a accepté le retour des Mobutistes au pouvoir sans les punir pour les fautes qu’ils ont commises. Celui qui se fait appeler « Joseph Kabila » a gouverné avec les mêmes Mobutistes jusqu’en décembre 2017.

Depuis la fin du second et dernier mandat du président sortant et depuis les massacres du 31 décembre 2017, la Cour constitutionnelle ne s’est pas prononcée sur la vacance au sommet de l’Etat. Le ministre de la Justice n’a pas publiquement condamné les forces disproportionnées qui ont été utilisées pour contrer des manifestants sans arme. Tous ces éléments montrent clairement que nous sommes en présence d’un Gouvernement qui ne protège pas le peuple mais qui agit contre le peuple.

Certains Etats occidentaux ont pris des sanctions contre les entreprises liées à Joseph « Kabila », à Zoé « Kabila », à Jeannette « Kabila » et contre certains gouvernants de la République mais la justice congolaise ne s’est jamais prononcée sur ces dossiers. Aucune enquête n’a été menée pour établir la vérité sur les causes à l’origine des sanctions prises par les Etats étrangers contre certaines autorités congolaises accusées de détournement des fonds publics (fonds placés dans des paradis fiscaux ou dans des banques des pays étrangers). Tout montre que le Congo est un Etat failli – sinon une République des copains qui se soutiennent pour leur propre épanouissement. En tout cas, ce silence prouve, si besoin en était, que nous avons affaire à une justice complaisante dans notre pays.

Que devons-nous faire pour changer de régime face à une équipe de médiocres et des barbares qui s’appuient sur la force militaire pour mâter le peuple et se maintenir au pouvoir ? Telle est la question que chaque Congolais doit absolument se poser, car si nous ne nous la posons pas en vue de trouver une réponse immédiate, ceux qui dirigent notre République par défi vont s’imposer à nous et continuer à diriger notre pays comme s’ils en avaient encore le droit. Nous devons absolument les empêcher pour montrer au monde entier leur état d’illégalité et d’illégitimité. Dans cet ordre d’idée, je propose à mes compatriotes de prendre publiquement position. Comme nous ne pouvons pas tous gouverner la République en même temps, nous devons mettre en place un gouvernement d’union nationale composé de Congolais résolus et compétents ayant chacun d’eux une formation reconnue et un métier précis (méfions-nous de politiciens sans formation accomplie et sans métier parce qu’ils refusent généralement de quitter le pouvoir). Pendant cette courte période de transition, ce sont ceux-là qui mèneront notre combat collectif auprès des Etats et des gouvernements étrangers, auprès des Organisations internationales et auprès des Nations unis. Ce sont encore eux qui feront fonctionner les institutions pendant la période transitoire qui a débuté le 1er janvier 2018. Ne faisons pas semblants, nous devons être décidés et déterminés, comme nous l’avons fait le 31 décembre 2017 en marchant malgré les soldats d’artillerie plantés devant des foules en colère.

Or, pour éviter ce vide juridique, un groupe de Congolais a déjà organisé une élection au niveau international et national. J’invite mes Compatriotes à accepter d’être administrés par cette équipe qui sera épaulée par des technocrates hautement qualifiés. Cette équipe doit se mettre au travail dès aujourd’hui. Si elle n’agit pas dans le sens de se faire connaître et se faire accepter par les instances internationales, plus personne ne parlera d’eux demain. Ces élections organisées par les Congolais de la diaspora auront vécu.

La durée de la transition sera courte (entre six et 12 mois, pas plus) et cette équipe n’aura que trois missions : (1) remplir le vide politique laissé par ceux qui ont saboté la Constitution, (2) organiser les élections qui permettront à notre pays de reprendre une vie normale et (3) mettre sur pied les fondements d’une armée nationale et républicaine composée uniquement de dignes fils du pays.

Il n’est plus nécessaire d’attendre une déclaration publique du Président sortant dans laquelle il dira qu’il ne sera pas candidat à sa propre succession conformément à la Constitution, car il a déjà prouvé par sa mauvaise fois qu’il ne le fera jamais. Cette équipe mettra en application les mesures ci-après : « a. La libération de tous les prisonniers politiques ; b. La fin de l’exil des opposants menacés d’arrestation à leur retour au pays ; c. La fin du dédoublement des partis politiques ; d. La libéralisation des espaces médiatiques et particulièrement de la RTNC ; e. La réouverture des médias injustement fermés ; f. La restructuration de la CENI afin de recréer la confiance entre l’électorat et l’institution organisatrice des élections ; g. L’utilisation du calendrier récemment proposé par la CENI comme outil de travail pour l’élaboration d’un calendrier consensuel ; h. Le libre exercice des activités politiques par tous ».

Tout en demandant à la justice internationale, notamment la Cour Pénale Internationale (CPI) de s’autosaisir des cas de violation des droits humains en RD Congo, nous ne devons pas attendre qu’une puissance étrangère vienne chasser M. « Joseph Kabila » du pouvoir. Aucune n’est vraiment prête à le faire à notre place parce que les grandes puissances ont des intérêts incommensurables dans notre pays, d’autres travaillent en étroite collaboration avec les dirigeants actuels et pillent notre pays ensemble. Le changement de paradigme doit être l’œuvre des Congolais afin que nous jouissions réellement de notre indépendance et de notre souveraineté. Un challenge est devant nous. Montrons-nous collectivement capables de le relever. Si nous y parvenons, nous laisserons un exemple de fierté et de grandeur aux générations futures. Soyons debout et restons debout jusqu’à la victoire finale.

La RDC devient ingouvernable parce que le peuple congolais ne se reconnaît pas dans les autorités actuelles qui n’ont plus de mandat. Les risques à venir sont considérables. Sans une autorité acceptée par le peuple congolais, notre pays risque de connaître de nouveaux conflits locaux, semblables à ceux du Kasaï, qui déstabiliseront d’autres régions entières, qui engendreront des millions de déplacés et placeront de très nombreuses personnes dans une situation de risque de famine. Un tel chaos sera un prétexte pour ne pas organiser les élections en décembre 2018 si nous laissons l’équipe actuelle au pouvoir. Nous ne pouvons pas accepter que ceci nous arrive encore. Voilà pour quelle raison, je demande aux dirigeants de toutes les sociétés civiles (ONG) de s’engager publiquement – par une déclaration – à soutenir les Administrateurs publics qui ont été élus au suffrage universel direct organisé par la diaspora. Mettons nos egos de côté pour défendre l’intérêt de la nation. C’est une situation particulière et inédite mais qui a sa raison d’être pour combler le vide politique. Nous n’avons pas le droit de laisser des dirigeants sans légitimité ni légalité nous gouverner. Nous avons connu le coup d’Etat de 1965, le coup d’Etat de 1997, le coup d’Etat de 2001. Nous devons refuser cet autre coup d’Etat constitutionnel qui se dessine devant nous, aujourd’hui et maintenant. Aspirons à devenir un peuple souverain et mature.

Notre pays n’est plus gouverné depuis le 1er janvier 2018. Ne nous laissons pas distraire et sortons vite de nos émotions et de notre traumatisme sinon le pire nous arrivera si nous ne mettons pas définitivement fin à ce régime ignoble et irresponsable. Reprenons notre destin en main et mettons-nous à organiser l’avenir immédiat de notre nation. Tout en poursuivant les actions qui conduiront à « dégager les médiocres » qui ne travaillent pas pour la nation et qui ne sécurisent pas les populations, nous devons rapidement fédérer nos forces et nos intelligences, réunir nos moyens sous une seule direction qui posera des actes au nom du peuple afin que le Congo redevienne un pays où règne la paix et la justice.

J’invite le peuple congolais dans son ensemble à adhérer à cette solution salutaire pour la République.

 

Le 10 janvier 2018.

 

Fweley Diangitukwa

Politiste et essayiste

Auteur de « Comment mettre fin à une dictature solidement installée », Paris, L’Harmattan, 2017.

http://www.fweley.wordpress.com

Lu pour vous : « Je mourrai d’une balle dans la tête. »

20 Déc

A la cour du roi Kabila, les barons sont à la fois puissants et révocables

En RDC, un an après la fin de son mandat, le président se maintient grâce à un système clientéliste construit par vingt années de guerres et d’affaires.

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Le président congolais, Joseph Kabila, lors d’un discours à la nation, au palais du Peuple, siège du Parlement, le 5 avril 2017, à Kinshasa.

« Je mourrai d’une balle dans la tête. » Joseph Kabila aime confier à certains de ses visiteurs qu’il pense sa destinée déjà écrite. A 46 ans, le président de la République démocratique du Congo (RDC) n’aurait rien à perdrecar, feint-il de penser, sa fin sera tragique. Comme celle de son père et prédécesseur, Laurent-Désiré Kabila, assassiné en 2001. Pour se détendre, il se plonge dans les jeux vidéo ou enfourche sa moto. Pour se protéger, il porte un gilet pare-balles sous son costume et change d’itinéraire au dernier moment.

Situation unique au monde, le président congolais est toujours en poste malgré la fin de son deuxième et dernier mandat, le 19 décembre 2016. Reportée de nombreuses fois, l’élection présidentielle doit se tenir le 23 décembre 2018. Des sanctions économiques des Etats-Unis et de l’Union européenne visent actuellement 17 proches de Joseph Kabila.

Lire aussi :   En RDC, des élections désormais promises pour décembre 2018

Lui voyage rarement et on lui prête une fortune dont une partie serait à l’abri en Afrique du Sud ou dans des paradis fiscaux, sous des prête-noms. Pour protéger son pouvoir, Kabila orchestre une cour singulière, composée de personnalités dont la destinée s’est confondue avec la sienne. Et c’est par ce système clientéliste qu’il se maintient aux commandes. « Kabila est un homme seul, entouré de groupes qui se font la guerre plus qu’ils ne convergent vers une seule stratégie, observe un diplomate africain familier du pouvoir congolais. Ils n’essaient pas de le sortir de l’impasse. Ils ont peur et exécutent sa volonté, si tant est qu’il l’exprime. »

Le jeune homme inexpérimenté des débuts, moqué pour son français aussi approximatif que son lingala (la langue parlée dans l’ouest de la RDC), ne demande plus les conseils de l’entourage de son père mais donne des ordres à un microcosme de courtisans qui veulent lui plaire. Pour eux, la moindre route, le moindre centre de santé relèvent de « l’initiative personnelle du chef de l’Etat ». Nombreux sont ceux qui ont fait les frais de leurs excès de zèle ou de leur indolence. Jusqu’au-boutiste dans la répression des opposants, l’ancien ministre de l’intérieur, Evariste Boshab, a ainsi fini par être écarté. « Même ses conseillers ont peur de le conseiller », croit savoir un haut cadre des Nations unies.

Des conseillers plus puissants que des ministres

En cette période d’incertitude politique, le premier homme de cette cour est un austère professeur de droit de 40 ans : Néhémie Wilondja. Directeur de cabinet de Kabila depuis 2015, ce technocrate discret est considéré par ses collègues comme « le vrai premier ministre de la RDC »« Tout ce que le président doit signer passe par Néhémie », assurent avec une pointe de jalousie des membres de l’entourage présidentiel. « Je sers le chef de l’Etat et la stabilité du pays, menacée par des opposants futiles », confiait l’intéressé, d’une voix assurée, en décembre 2016, alors qu’il feignait de négocier pour mieux manipuler l’opposition. Comme Kabila, Wilondja est un homme de secrets et d’intrigues.

A ses autres hommes de main, le chef de l’Etat délègue des missions précises, sans dévoiler l’intégralité de son plan. C’est le cas pour Alexis Thambwe, une ancienne figure du mobutisme muée en chef de rébellion et visée par une plainte pour crimes contre l’humanité déposée en Belgique. Kabila a fait de ce juriste de 74 ans son ministre de la justice. « Thambwe formalise les vagues d’arrestations de manifestants et de militants pour les justifier par le droit », confie l’un de ses proches.

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Plus discret encore, l’avocat Norbert Nkulu, 71 ans, ambassadeur à Kigali depuis 2009, a été le maître d’œuvre de l’exploitation des failles de la Constitution congolaise pour le maintien au pouvoir. « Certains conseillers de Kabila sont bien plus puissants que des ministres au-dessus d’eux selon l’organigramme, remarque un négociateur. Mais que valent les organigrammes en RDC ? »

Aux hommes de main les petits coups bas contre l’opposition et la communauté internationale, au « raïs » les décisions qui portent sur l’avenir immédiat d’un pays grand comme l’Europe de l’Ouest, fragilisé par des conflits internes permanents et convoité pour ses ressources minières. En l’absence d’une alternative politique crédible ou d’un dirigeant plus respecté, ils maintiennent au pouvoir celui qui les a fait vivre.

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Ce système volontairement déstructuré règle les problèmes au coup par coup. « Ce qu’ils réussissent à faire n’est jamais calculé à l’avance, raconte un diplomate africain. Ils ressemblent à un aveugle qui marche avec sa canne, ne voyant pas le ravin au bout du chemin. » La cour de Kabila fonctionne par cercles concentriques, où la valeur de chacun augmente à mesure de sa proximité momentanée avec le sommet.

Rompu aux méthodes clandestines depuis la lutte de son père contre Mobutu Sese Seko et son exil en Tanzanie, le président surveille ses obligés. Leur impopularité est compensée par des avantages financiers et l’assurance d’une protection. Comme n’importe quel habitant de Kinshasa, ils vivent au jour le jour, mais avec une extravagance qui leur fait oublier qu’ils peuvent finir assassinés, lynchés ou jugés.

« Ils ne savent pas où ils seront dans cinq ans »

New York, le 23 septembre. Les hommes de Kabila, réunis à l’hôtel Intercontinental, préparent le discours présidentiel à l’assemblée générale des Nations unies. Ils multiplient aussi les rencontres informelles avec des diplomates et des lobbyistes grassement payés pour contrer les sanctions occidentales. « Ils ont pris goût au style de vie qu’offre le pouvoir, dit un diplomate européen. Mais ils ne savent pas où ils seront dans cinq ans. » Ce jour-là, Joseph Kabila prononce son discours devant une salle vide. Eux se donnent une image détendue et sereine, comme si leur pouvoir était bien parti pour durer.

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Ils ont en vu d’autres. La plupart, originaires de l’est de la RDC, se sont connus durant la guerre menée par Laurent-Désiré Kabila contre ses anciens alliés ougandais et rwandais à partir de 1998. Ils y ont aussi croisé Joseph Kabila, nommé chef d’état-major par son père à la place de son mentor rwandais James Kabarebe. Vingt ans plus tard, le président congolais vit toujours dans une atmosphère de paranoïa où, comme pendant la guerre, le pouvoir comme la vie peuvent lui échapper en un instant.

Un tel héritage mène à travailler étroitement avec des hommes en armes. Plus que les ministres de l’intérieur et de la défense, le patron de l’Agence nationale de renseignements, Kalev Mutond, peut ainsi « faire et défairen’importe quelle histoire », reconnaissent des conseillers du président. Loin d’être un personnage de l’ombre, ce natif du Katanga, la province d’origine de la famille Kabila, se révèle omniprésent. Les rencontres et les négociations politiques se déroulent même parfois sous sa houlette.

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Verrouillée par un système qui réprime la moindre manifestation publique et traque les opposants qu’il n’a pas réussi à « acheter », la scène politique intérieure est un champ de bataille au-dessus duquel plane Joseph Kabila. Une partie du noyautage de l’opposition a pris forme au cours des derniers jours de l’année 2016, dans un appartement luxueux du complexe immobilier Utex-Africa, dans le centre de Kinshasa. Alors que les évêques congolais s’épuisaient à obtenir un accord prévoyant des élections en 2017, le régime et l’opposition discutaient des postes et des contreparties sur la terrasse, sous le regard du président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, également secrétaire général de la majorité présidentielle.

« Les débauchages de membres de l’opposition se font par l’argent, car beaucoup ne se contentent pas de leur salaire d’élus », précise un député. Les gouverneurs de province, maintenus à leur poste malgré l’expiration de leur mandat – à l’instar des députés et des sénateurs –, sont acquis au régime, tout comme une partie des chefs coutumiers, auprès desquels Kabila dépêche des émissaires. « Tout le monde est achetable », admet l’un des leaders traditionnels du Kasaï (centre).

La course à la succession est ouverte

A Kinshasa, le swahili est resté la langue des affaires de la cour Kabila depuis l’ère d’Augustin Katumba Mwanke. Banquier en Afrique du Sud, gouverneur du Katanga sous Laurent-Désiré Kabila puis directeur du cabinet de son fils, il fut, jusqu’à sa mort dans un accident d’avion en 2012, le plus influent conseiller de Joseph Kabila et l’homme des contrats miniers. « Dans les années 2000, raconte Barnabé Kikaya, actuel conseiller diplomatique de Joseph Kabila, nous étions un groupe restreint de cinq, six personnes, mené par Katumba Mwanke. Puis il y a eu un renouvellement des conseillers de confiance. On est passé des affaires au droit comme compétence prioritaire du premier cercle du président. »

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Mais certaines affaires continuent dans la cour et alimentent une diplomatie économique fondée sur des commissions personnelles. « Si Katumba Mwanke a un héritier, c’est bien moi ! », plastronne Moïse Ekanga dans ses bureaux de Kinshasa, au bord du fleuve Congo. Ce pasteur de l’Eglise du Sang précieux est surtout le patron du conglomérat minier Sicomines. En 2008, il a été chargé du partenariat sino-congolais, qui possède le monopole de la construction d’infrastructures. Et ce en harmonie avec l’autre homme fort des affaires de Joseph Kabila, Albert Yuma, patron des patrons congolais, également à la tête de la société minière Gécamines.

Kabila l’enfant de la guerre a pris goût à l’argent, qui, avec les armes, le renseignement et la manipulation du droit, renforce un pouvoir qu’il ne voulait pas et qu’il ne semble plus vouloir quitter. En théorie, un an sépare la RDC de l’investiture de son prochain président. Entre-temps, la course à la succession est ouverte au sein de la cour, qui n’a pas fini de s’interroger sur les intentions de son chef. « Quelle est la principale vertu que vous a léguée votre père ? », demandait un journaliste en 2001. Joseph Kabila répondait alors : « La détermination. Savoir ce que l’on veut. S’en donner les moyens. Ne pas dévierAller jusqu’au bout. »

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/12/19/a-la-cour-du-roi-kabila-les-barons-sont-a-la-fois-puissants-et-revocables_5232037_3212.html#sL5Gi6FZkwlU8MxF.99

Les propos de Riccardo Petrella sur les guerres occidentales dans les pays pauvres

13 Déc

L’Italien Riccardo Petrella, professeur à l’Université de Louvain, a déclaré ce qui suit pour expliquer les guerres occidentales dans les pays pauvres :

« Nous (Occidentaux), on est riches parce que nous sommes en train d’appauvrir l’Afrique de nouveau, l’Amérique latine et l’Asie. Nous sommes, nous, responsables de ces millions de morts […] Les Guerres qu’on est en train de faire, c’est quoi ? Ce n’est pas parce qu’ils nous ont attaqués ? Qui ? Quand Sarkozy a bombardé la Libye, aucun Libyen n’avait attaqué la France. Quand les Américains ont bombardé Bagdad ou l’Irak, parce que c’était l’ennemi du mal. Et tous ces millions qui sont morts et tous ces millions de réfugiés syriens, irakiens, etc. ! Est-ce que ce sont eux qui l’ont voulu ? Et nous (Européens), on a le courage de dire : « je veux t’aider pour rester chez toi » alors qu’on leur a créé des conditions pour qu’ils fuient (leur pays) et nous on va dire : je donne six milliards à la Turquie, deux milliards aux Libyens pour pouvoir retenir les gens qui viennent d’Afrique où on est en train d’alimenter les guerres. Mais il faut arrêter de raconter des balivernes ici. Il faut arrêter. Et nous sommes en train de créer la guerre […] La guerre ne se fait plus parce qu’on tue l’ennemi. La guerre est devenue, grâce à la technologisation – elle l’était aussi avant – elle est devenue l’activité économique la plus rentable après l’industrie pharmaceutique et l’industrie informatique. On fait la guerre parce que c’est rentable. Et si nous ne changeons pas nos dirigeants […] on fera la guerre […] D’ici quelques années, si vous éliminez la guerre, le PIB mondial chutera, d’après le système dominant. Il ne chutera pas si on est dans un autre système. Au contraire, la disparition de la guerre sera une source de richesse. C’est pour cela que les dominants, à l’heure actuelle, ne veulent pas réduire les armements et les occasions de guerre parce que […] imaginer la France sans la guerre, que serait l’économie de ce pays, imaginer les États-Unis sans la guerre, ce serait un pays pauvre. Donc, aujourd’hui, on est dans une phase où l’on fait la guerre, parce que c’est rentable et vous n’aurait aucun dirigeant actuel du monde qui arrêtera la guerre parce qu’il sera crucifié, parce qu’il sera lapidé du fait qu’il va contre la logique [générale]. La guerre fait augmenter le PIB mondial, la guerre permet la croissance économique (des pays riches). Et on suppose que si on fait la guerre (aux pays pauvres), on augmente la création d’emplois chez nous (en Occident) »[1].

Toutes les guerres que les grandes puissances mènent contre les pays d’Asie et d’Afrique répondent à la même logique d’enrichissement économique rapide et illicite. Là où les pays occidentaux ne peuvent pas eux-mêmes mener directement la guerre pour ne pas perdre leurs propres soldats, ils passent par leurs affidés, comme dans le cas du Congo-Kinshasa où la mission de piller les ressources naturelles a été confiée aux mercenaires rwandais Paul Kagame et ougandais Museveni. Le monde entier sait que les Africains des Grands Lacs entre-tuent à l’Est de la RDC pour défendre les intérêts des grandes puissances et des firmes multinationales impliquées dans le pillage de ce pays mais rien n’est fait pour arrêter cette sale guerre. Même  les Nations unies défendent les intérêts des Occidentaux contre ceux des Congolais. D’une année à l’autre, les atrocités et le nombre de victimes augmentent. Depuis décembre 2016, la RDC est dirigé par un chef d’Etat sans légalité et sans légitimité parce que celui-ci est arrivé à la fin de son mandat, Malgré cela, toutes les Organisations internationales ferment les yeux pour ne pas déplaire aux puissances occidentales qui pillent la RDC.

[1] L’intégralité de cette interview se trouve sur le site « pour écrire la liberté » : https://www.pour.press/trois-questions-a-riccardo-petrella/

Les Nations unies sont incapables d’assurer la paix du monde

10 Déc

Les Nations unies sont incapables d’assurer la paix du monde

par Fweley Diangitukwa (extrait d’un livre à paraître en 2018)

Les Américains et les Britanniques ne doivent pas être fiers de ce qu’ils ont fait en Irak même s’ils ont réussi à tuer Saddam Hussein par pendaison publique, de la même façon, les Français ne doivent pas être fiers de ce qu’ils ont fait en Côte d’Ivoire même s’ils ont réussi à envoyer Laurent Gbagbo à la CPI et de ce qu’ils ont fait en Libye même s’ils ont réussi à humilier et à tuer Kadhafi. La guerre n’a jamais été une solution. Elle ne l’est pas et elle ne le sera jamais.

Quelle est donc la bonne solution pour sortir le monde de la guerre perpétuelle ? Pour répondre à cette question, il faut d’abord se demander : quel a été le rôle de l’ONU dans l’éclatement de l’ex-Yougoslavie ? Au Kosovo, la transformation de la province en protectorat de l’ONU, dépendant du financement international, constitue-t-elle vraiment un modèle de règlement pour les tensions interethniques qui peut être transféré ailleurs ?

Tzvetan Todorov écrit : « De nombreux Afghans hier, Irakiens aujourd’hui, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, ont souhaité une intervention étrangère pour chasser les détenteurs détestés du pouvoir. Mais étaient-ils prêts à assumer toutes les conséquences de leur geste ? Imaginons-les devenus, demain, les dirigeants d’un nouveau gouvernement : accepteront-ils que le destin de leur pays soit décidé ailleurs que chez eux ? Que les puissances étrangères les déposent quand leur politique cesse de leur plaire ? Autrement dit, sont-ils prêts à se soumettre demain à une règle qui les lèse – cette même règle qui, aujourd’hui, tourne à leur avantage ?[1] » Le même Tzvetan Todorov précise :

« Nombreux sont les massacres que l’ONU n’a pas su ou voulu empêcher : génocides au Cambodge et au Rwanda [aussi en RD Congo, c’est nous qui ajoutons], tueries massives au Soudan et en Éthiopie, guerres civiles en Angola et en Sierra Leone […] Les raisons ponctuelles sont diverses, mais leur origine est commune : l’inefficacité d’une organisation qui ne dispose pas d’une force propre, mais doit emprunter celle des pays particuliers. À quoi s’ajoute la lourdeur inévitable d’une machine bureaucratique lointaine et les divergences d’intérêts des pays membres, toujours prêts à lui mettre des bâtons dans les roues[2]. »

Dans beaucoup de situations, les Nations unies se soumettent aux décisions des États-Unis et, en le faisant, elles montrent son degré de servilité. Et lorsqu’il arrive que les Nations unies expriment leur indépendance, les États-Unis quittent tout simplement l’Organisation qui les dérange, comme ils viennent de le faire en ce mois d’octobre 2017 en quittant l’UNESCO[3]. Élève fidèle, Israël a suivi la décision américaine en quittant aussi l’UNESCO. Ceci montre clairement que les Nations unies ne sont pas indépendantes mais dépendantes des grandes puissances qui financent son fonctionnement. Sur ce sujet le journal français Le Figaro a écrit le 12 octobre 2017 : « Washington accuse l’institution d’être anti-israélienne. Les États-Unis ont annoncé jeudi leur retrait de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco).‘Cette décision n’a pas été prise à la légère, et reflète les inquiétudes des États-Unis concernant l’accumulation des arriérés à l’Unesco, la nécessité d’une réforme en profondeur de l’organisation, et ses partis pris anti-israéliens persistants’, a précisé le département d’État dans son communiqué. Washington avait déjà suspendu sa participation financière en 2011 après l’admission de la Palestine comme État membre. Cette nouvelle décision de retrait ne sera effective qu’au 31 décembre 2018. Washington avait déjà quitté l’Unesco entre 1984 et 2003[4]. » En guise de réponse à la démission des États-Unis de l’agence onusienne, la directrice générale de l’organisation, Irina Bokova, a regretté profondément la décision des États-Unis. Elle a dit : « L’universalité est essentielle à la mission de l’Unesco pour construire la paix et la sécurité internationales face à la haine et à la violence, par la défense des droits de l’homme et de la dignité humaine ». Elle a ajouté dans un communiqué : « C’est une perte pour la famille des Nations unies. C’est une perte pour le multilatéralisme »[5].

Le gouvernement américain garde les prisonniers politiques non pas dans les prisons de leur pays en Afghanistan ni dans des prisons américaines mais en dehors des États-Unis, à la base militaire de Guantánamo à Cuba où le respect des droits de l’homme n’ont pas la cote. Dans cette prison, selon le New York Times du 12 mars 2003, les prisonniers subissent « la privation de sommeil et de lumière, la suspension temporaire de nourriture, d’eau et de soins médicaux ». Un traitement qui n’est pas loin de la torture puisque les techniques habituelles de « pression » incluent le fait de « couvrir la tête des suspects avec des capuchons noirs pendant des heures, sans interruption, les forcer de rester debout ou agenouillés dans des positions inconfortables par grosse chaleur ou gros froid ». Un pays qui défend la démocratie doit-il agir ainsi même si le but de ces atrocités est « d’extorquer des aveux pour empêcher des attentats à venir »[6].

Il reste à réfléchir sur l’exercice du pouvoir au niveau international. À propos, Tzvetan Todorov dit : « Le pouvoir est l’expression légale de la volonté populaire. »[7] Déjà, au XVIIIe siècle, Montesquieu avait dit : « Tout pouvoir sans bornes ne saurait être légitime. » (Lettres persanes, lettre 104).

La grande rupture dans les relations internationales a commencé avec la guerre en Afghanistan et en Irak car les grandes puissances, en l’occurrence les États-Unis et la Grande-Bretagne, ont refusé de se soumettre au droit international. Tzvetan Todorov précise :

« Au moment de déclencher la guerre contre l’Irak, les États-Unis ont traité les conventions internationales avec beaucoup de désinvolture. Il faut dire que leurs intentions avaient été clairement formulées dans The National Security. On pouvait y lire en effet : ‘Bien que les États-Unis soient prêts à déployer tous les efforts pour obtenir le soutien de la communauté internationale, nous n’hésiterons pas à agir seuls, si nécessaire’. Autrement dit : la légitimité accordée par l’ONU est un camouflage – souhaitable mais non nécessaire – de la force. L’effet négatif de telles déclarations est difficile à mesurer[8]. »

La position américaine voulait tout simplement dire que le droit international est fait pour les pays faibles qui ont l’obligation de l’observer en y obéissant tandis que les grandes puissances peuvent le transgresser allègrement pour satisfaire leurs ambitions et elles agissent ainsi sans subir la moindre conséquence négative. Dans toutes les situations de guerre, l’ONU a toujours été soumise à la volonté des grandes puissances. La preuve réside dans le fait qu’aucune puissance n’a jusqu’à présent été poursuivie par les Nations unies, parce que celles qui transgressent le droit international sont membres du Conseil de sécurité. Comme les États-Unis sont le pays le plus puissant du monde, ils méprisent les autres et font souvent ce qu’ils veulent. Il faut donc penser qu’un monde unipolaire est beaucoup plus dangereux qu’un monde bipolaire[9] et un monde bipolaire est préférable à un monde multipolaire où les différents États puissants sont condamnés à une confrontation permanente pour occuper la meilleure position par rapport aux autres[10]. L’équilibre des forces entre deux superpuissances n’est-elle pas finalement préférable pour la paix du monde ? La montée de la Chine qui a la tradition de ne pas mener de guerres de conquête et de guerres préventives ni à exporter sa foi religieuse augure un avenir où l’exercice du pouvoir au niveau international sera certainement autolimité par l’équilibre des forces en présence.

On sait que le droit international n’a pas la même efficacité ni le même respect que le droit national mais, comme le disait Monsieur Villepin, le 27 mars 2003, devant l’Institut international d’études stratégiques à Londres, les « normes collectives doivent viser à contenir l’emploi de la force [car] seul le consensus et le respect du droit donnent à la force la légitimité nécessaire [oui] la force doit être mise au service du droit ».

Le même Villepin déclara, le 13 mai 2003, au journal Le Monde : « Le rôle de l’ONU est plus que jamais irremplaçable [car] les Nations unies incarnent une conscience universelle au-dessus des États » avant d’ajouter : l’ONU doit conduire « vers la constitution d’une démocratie mondiale ». Pour y parvenir, les États du monde doivent s’employer à bannir le recours à la force en le remplaçant par le recours constant au droit. L’anarchie règne dans les relations internationales parce que les Nations unies n’ont pas une force armée (neutre) supérieure aux forces armées des États membres à laquelle ils doivent se soumettre. L’anarchie règne dans les relations internationales parce que le droit international est inférieur à la puissance militaire des grandes puissances. Pour parvenir à la paix universelle qui serait supérieure à la paix des peuples, la force doit être jugulée par le droit et les pays membres doivent parvenir à abolir le « droit de veto » attribué aux cinq membres permanents parce qu’il donne des privilèges aux uns et n’en donne pas aux autres[11].

Maintenant qu’il est prouvé que les Nations unies sont incapables d’assurer la paix du monde, que doit-on faire ?

Certes, en cas de guerre d’une grande ampleur, il faut favoriser le recours à une force diplomatique, mais cette force doit agir sous l’égide des Nations unies, c’est-à-dire qu’elle doit être une force multilatérale. C’est la communauté internationale dans son ensemble qui doit être mobilisée et intervenir, pas uniquement les pays membres de l’OTAN avec le soutien d’Israël. Au final, il faut créer une armée plus puissante que les armées nationales qui agira, en cas de conflit armé, sous le contrôle des Nations unies. En plus, tout État qui violera le droit international et une résolution des Nations unies sera exclu de toutes les Organisations de l’ONU. De ce fait, un tel État ne pourra plus commercer avec les autres pays du fait de son exclusion de l’OMC. C’est en se liguant contre les États belliqueux que la paix mondiale reviendra.

Pour mettre fin au terrorisme international sous toutes ses formes et pour assurer la paix universelle, il est indispensable d’agir sur différents plans, notamment juridique, politique, militaire et économique. Mais, pour cela, il faut d’abord abolir l’actuel Conseil de Sécurité (y compris le droit de veto réservé uniquement aux seuls cinq États victorieux de la Seconde Guerre mondiale) et le remplacer par le Conseil de Sécurité de tous les États membres.

[1]Tzvetan Todorov, Le nouveau désordre mondial. Réflexions d’un Européen, Paris, éditions Robert Laffont, 2003, p. 44.

[2] Ibid., pp. 67-68.

[3] Il est important de rappeler que les États-Unis ne se soumettent jamais aux exigences que leurs adressent les Commissions internationales (mêmes si elles ont été créées par l’ONU) lorsqu’elles sont contraires à leur objectif.

[4] http://www.lefigaro.fr/international/2017/10/12/01003-20171012ARTFIG00211-les-etats-unis-se-retirent-de-l-unesco.php

[5] Ibid.

[6] Tzvetan Todorov, Le nouveau désordre mondial, op. cit., p. 50.

[7] Ibid., p. 57.

[8] Ibid., p. 58.

[9] États-Unis–Chine ou États-Unis–Russie.

[10] Cette liste reproduit les pays les plus armés dans le monde : https://www.facebook.com/1801051863514533/videos/2044803142472736/

[11] Avec le « droit de veto », l’injustice a été institutionnalisée au niveau international car les cinq membres permanents du Conseil de sécurité sont non seulement exempts des obligations pesant sur les autres mais en plus ils peuvent imposer leur veto sur toute résolution les concernant. Ceci revient à dire que la justice au niveau international n’existe pas.