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Appel à tous les intellectuels congolais de souche : l’avenir du Congo est notre responsabilité commune. Agissons ensemble.

21 Avr

 

Appel à tous les intellectuels congolais de souche : l’avenir du Congo est notre responsabilité commune. Agissons ensemble.

Par Fweley Diangitukwa

http://www.fweley.wordpress.com

 

Notre pays est arrivé à un tournant de son histoire qui nécessite l’union de notre intelligence collective. À trois reprises, notre pays a été dominé et sauvagement pillé : d’abord par le roi des Belges, Léopold II, qui avait donné la forme actuelle de notre pays et qui en avait fait sa propriété privée en s’appuyant sur les hommes qu’il envoyait dans sa colonie pour l’exploiter à son compte. Ces derniers en avaient profité pour s’enrichir eux aussi. À partir de 1908, l’État belge avait poursuivi l’œuvre macabre de son Roi ; ensuite, le 24 novembre 1965, le colonel Joseph-Désiré Mobutu avait fait un coup d’État en s’appuyant sur ses « compagnons de la révolution ». L’enrichissement rapide et illicite était la seule préoccupation de différents dirigeants du Mouvement populaire de la Révolution (MPR) ; enfin, depuis 1997, le Congo est tombé entre les mains d’un conglomérat d’aventuriers venus du Rwanda et de l’Ouganda épaulés par des Congolais qui ont vendu leur âme au diable. Tous, sous la conduite de Joseph Kabila, poursuivent les mêmes ambitions que les colons de Léopold II et les « compagnons de la révolution » de Joseph-Désiré Mobutu[1]. À présent, notre aujourd’hui est bloqué et notre avenir commun est incertain.

Depuis 1885, des étrangers de tous bords, se disputent les ressources naturelles du Congo alors que les natifs du pays sont réduits au silence et contraints à courber l’échine. Nous devons mettre fin à ce régime basé sur la loi du plus fort afin de construire une véritable République dans laquelle les dirigeants seront au service du peuple.

Pour mieux illustrer notre situation actuelle, nous rappelons quelques éléments de la Tchécoslovaquie créée sur les ruines de l’empire Habsbourg. Au sortir de la Première Guerre mondiale, la Première République tchécoslovaque est l’un des États qui fit sa première apparition sur la carte de l’Europe wilsonienne, fondée sur le principe du droit des peuples à disposer de leur destin. La Première République tchécoslovaque est née sur les décombres de l’Empire austro-hongrois grâce au concours des intellectuels slovaques et tchèques qui vivaient aux États-Unis et qui avaient peur que leurs territoires soient envahis par les Russes ou plutôt par les Soviets. Pour résister contre ce risque d’invasion, les intellectuels tchèques et slovaques ont décidé d’unir leurs efforts pour créer une République commune. Leur entente depuis des États-Unis a été transmise à leurs compatriotes restés dans les deux territoires afin qu’ils concrétisent leur vision commune d’un espace sécurisé et protégé contre la menace des Soviets. C’est ainsi qu’est née la Tchécoslovaquie. Pour exister au sein de cette Europe remaniée, l’État tchécoslovaque a besoin d’un principe nouveau : le « tchécoslovaquisme ». Un concept national inédit en 1918 mais qui est issu des liens étroits tissés au cours du XIXe siècle entre les mouvements tchèque et slovaque d’émancipation nationale. L’indépendance est proclamée le 28 octobre 1918 et Prague devient la capitale du nouveau pays. Son territoire s’étend des Monts métallifères à l’Ouest, à la Ruthénie subcarpatique, à l’Est. Il s’étend ainsi de l’Allemagne de Weimar à l’Ukraine. La Tchécoslovaquie fut le pays qui a abrité le seul régime démocratique non conservateur d’Europe centrale durant l’entre-deux-guerres.

L’idée de créer un nouvel État, la Tchécoslovaquie, prit naissance en octobre 1918 aux États-Unis grâce aux « minorités tchèque et slovaque se trouvant en nombre important aux États-Unis, notamment les Slovaques. Ce sont ces immigrés issus de plusieurs vagues de migration du XIXe siècle qui ont financé l’action de Masaryk. C’est aux États-Unis que se joua le destin et l’avenir de la Tchécoslovaquie et c’est lors des accords de Cleveland et de Pittsburg que les Tchèques et les Slovaques se mirent autour d’une table pour négocier l’avenir de la Tchécoslovaquie. » Il est important de retenir que l’invention de la nation tchécoslovaque a servi « à renverser la prépondérance des Allemands et des Hongrois au sein du nouvel État ».

La Tchécoslovaquie n’aura pas vécu un siècle. Le dernier chef du gouvernement de la fédération tchèque et slovaque, annonça à la télévision le soir du 31 décembre 1992, la séparation de l’un des États les plus jeunes d’Europe et le 1er janvier 1993, la Tchécoslovaquie se dissocia en deux nouveaux États, la République tchèque et la Slovaquie. Son existence a été en effet très courte et sa fin a coïncidé avec l’éclatement de l’ex-URSS.

Ce rappel de la Tchécoslovaquie doit interpeller les intellectuels congolais que nous sommes. Quel est notre rôle devant le blocage auquel nous assistons impuissants jusqu’à ce jour ? Que devons-nous faire pour sauver notre pays des mains des aventuriers sans mandat qui s’accrochent au sommet de l’État et qui sont prêts à organiser des élections en décembre pour se maintenir au pouvoir ? Qui doit dire au peuple souverain ce qu’il doit faire pour sortir le pays de la domination des pilleurs qui changent au cours de l’histoire mais qui recourent toujours aux mêmes pratiques ? Si les immigrés tchèques et slovaques s’étaient unis d’accord sur l’idée nationale tchécoslovaque pour faire entendre leurs revendications territoriales et créer l’un des rares États européens qui a proposé, à l’heure des fascismes et des totalitarismes dont il fut par ailleurs l’une des premières victimes, un modèle de société multiculturelle et démocratique, quel travail les intellectuels congolais éparpillés à travers le monde doivent-ils accomplir pour construire au cœur de cette Afrique centrale, dominée par des régimes autocratiques, un Congo libre et démocratique et qui doit rapidement devenir un exemple de développement et de stabilité ? Telle est la question que nous posons aux intellectuels congolais[2] de la diaspora et à ceux de l’intérieur.

Le Congo n’est pas une monarchie qui appartient à une caste. Il est une res publica, c’est-à-dire un espace public appartenant à tout Congolais de souche. Ceci revient à dire que nous ne devons pas attendre que la minorité qui détient le pouvoir par défi (parce que sans mandat légal) et qui a pris toutes les institutions en otage, rende le pouvoir au peuple de façon civilisée. Cette minorité ne le fera jamais car il conservera le pouvoir aussi longtemps que le peuple ne s’opposera pas de façon radicale et déterminée pour récupérer ce qui lui revient de droit. Nous avons l’obligation de reconnaître que nous sommes collectivement responsables du blocage de nos institutions parce que nous ne parvenons pas à trouver les moyens de défenestrer ceux qui s’accrochent au pouvoir en utilisant l’armée et la police. Nous avons perdu de nombreux braves compatriotes qui ont cru à la lutte pacifique afin de rétablir le Congo dans ses droits, malheureusement nos stratégies ont un côté destructeur car nous n’avons jamais tenu bon en restant debout jusqu’au bout. Jusqu’à présent, nous avons pris la mauvaise habitude d’agir de façon sporadique et d’abandonner la lutte au moment où la victoire est proche. Pire, notre malheur commun réside dans le fait que nous attendons que ceux qui sont dans l’illégitimité et dans l’illégalité cède le pouvoir au peuple alors que nous savons pertinemment bien qu’ils ne le feront jamais. Nous avons l’expérience de 2006 et de 2011 où la victoire de l’opposition a été sciemment et publiquement volée, au su et au vu des observateurs étrangers présents dans le pays et de la communauté internationale. De ce fait, il n’est plus permis de fonder un nouvel espoir sur l’élection présidentielle prévue le 23 décembre 2018. Ceux qui s’inscrivent dans cette logique veulent tout simplement accompagner le PPRD dans la fabrication de sa victoire truquée. Il est permis de penser qu’ils sont des complices. Dans le cas contraire, ce sont des naïfs qui sont incapables de tirer la leçon de notre passé récent.

Il appartient maintenant au peuple lésé par des imposteurs souvent à double nationalité de se réapproprier ce qui lui revient de droit afin de réorganiser la refondation de la République. Concrètement, puisque les anciens gouvernants n’ont plus de mandat légal, nous ne pouvons pas les autoriser à organiser les élections dans une République qui prétend être une démocratie. Le peuple souverain doit arrêter leur folie en mettant en place une équipe de transition qui aura l’obligation d’organiser les élections afin de revenir à une situation normale. Cette équipe doit absolument s’annoncer, se manifester et se mettre au travail en négociant avec les pays qui veulent bien reconnaître la nouvelle donne et accompagner le Congo dans la démolition de sa tyrannie et dans la construction de sa modernité. Oui, nous ne pouvons plus attendre. Nous devons agir au grand jour. Si nous comprenons cela, nous évoluerons et notre réalité collective changera. La question à résoudre – qui reste entière – est celle de savoir comment faire comprendre à l’armée que son rôle est d’empêcher la confiscation du pouvoir par des gouvernants sans mandat, c’est-à-dire comment éviter une guerre inutile contre ceux qui se cramponnent au pouvoir en utilisant la violence ? Un travail titanesque doit être fait pour que les Congolais de souche qui sont dans l’armée œuvrent pour le rétablissement de l’État de droit dans notre pays. En plus, si nous mettons nos intelligences ensemble, nous y parviendrons, certainement. Il est temps de nous accorder sur un leadership collectif, consensuel et transformateur pour aspirer au changement que nous attendons depuis longtemps. Pour y parvenir, nous devons nous appuyer sur une communauté d’intérêt, d’où la nécessité et le sens de cet Appel aux intellectuels congolais. Nous ne devons plus voir la politique sous le prisme de la concurrence entre individus (où chacun voudrait à tout prix être candidat à l’élection présidentielle), entre les partis (où chaque parti cherche à tout prix à aligner son candidat) et entre les provinces (où chacune souhaite à tout prix voir le sien à la tête de l’État dans une logique de « maintenant c’est notre tour » et combat les candidats des autres provinces) mais plutôt sous celui du rassemblement ou d’association de nos intelligences et de nos capacités afin de provoquer des forces centripètes plus grandes. Comme l’a dit notre compatriote Arthur Kalombo, quelle que soit la brillance de l’intelligence d’un individu, celui-ci ne peut se suffire à lui-même sans recourir à d’autres individus qui le dépassent dans d’autres domaines. Dans le même sens, l’auteur de ces lignes s’adresse à vous.

Le Pacte politique scellé à Sun City en Afrique du Sud a échoué à cause de l’amateurisme et de l’aventurisme des dirigeants actuels qui n’ont pas respecté les prescrits de la Constitution, notamment l’article 220. Il devient donc indispensable de reconstruire un nouveau Pacte politique pour refonder la République. Tout ce qu’entreprennent les dirigeants actuels n’a aucun fondement juridique puisqu’ils sont hors mandat et agissent sans légalité et sans légitimité. Les élections qu’ils se préparent à organiser le 23 décembre 2018 ne s’appuient sur aucun cadre juridique et elles sont contestées avant même qu’elles soient organisées non pas uniquement à cause de la machine à voter ou à voler les voix des électeurs ni à cause des doublons et du lieu de résidence du serviteur qui n’est pas connu du public mais d’à peine quelques membres du gouvernement et de la CENI ; elles sont surtout contestées sur le principe de non-respect de l’ordre juridique en vigueur dans le pays. Comme les gouvernants actuels ont été incapables de garantir le respect de la Constitution, c’est aux intellectuels de remettre l’ordre dans le pays.

[1] Lire Fweley Diangitukwa (sous la direction de), Les Congolais rejettent le régime de Joseph Kabila, éditions Monde Nouveau/Afrique Nouvelle, 2015.

[2] Dans cet Appel, il faut comprendre le concept d’« intellectuel » dans le sens de celui qui garde son intellect en éveil, qui manifeste un engagement dans tout ce qu’il entreprend ; celui qui cherche des idées nouvelles ou plutôt neuves pouvant permettre à notre pays de sortir des blocages actuels à différents niveaux de fonctionnement, pas uniquement au sommet de l’Etat mais à tous les niveaux institutionnels, du haut vers le bas ou du bas vers le haut. Le diplôme n’est donc pas le critère principal de sélection, car il y a des intellectuels et des leaders à tous les niveaux de la vie publique. Les intellectuels qui existent dans nos communautés villageoises doivent être pris en compte dans la réflexion générale. Ici, l’intellectuel est celui qui non seulement se donne la peine de comprendre les problèmes de la société dans laquelle il vit mais qui va plus loin en proposant des solutions de sortie. Or, de nombreux individus ont étudié dans le seul but d’obtenir un diplôme (sésame) ouvrant la possibilité d’occuper un poste prestigieux qui donne des facilités matérielles à son détenteur. Ces individus-là ne sont pas des intellectuels car ils ne réfléchissent pas – sinon très peu – après leurs études.

 

Il ne faut plus les appeler « Son Excellence » ou « Honorable »

21 Fév

Billet du jour

Dans notre pays, la plupart de ceux qui sont au pouvoir n’ont jamais eu le sens de l’Etat et de sa continuité. Ils y sont pour leur ventre (la politique par le bas, comme l’a théorisé Jean-François Bayart) et à la moindre incertitude, ils sortent l’artillerie pour tuer les paisibles citoyens, sans aucun état d’âme, car ils croient qu’il n’y a personne pour les sanctionner. Désormais, notre réflexion collective doit être menée dans le sens de trouver le mécanisme qui mettra ces gens (ou ces médiocres) dans l’impossibilité de recourir à l’usage abusif de la force. Rawlings avait réussi au Ghana. Mais Rawlings n’était pas un médiocre ou un barbare, il était éduqué et en plus un nationaliste qui avait le sens de l’Etat et de sa continuité. En RDC, nous avons des voyous, des menteurs et des médiocres au pouvoir. L’Eglise catholique est sur la bonne voie car elle dit vrai. Après la grosse faute de décembre 2016 causée par le passage hypocrite de Joseph Kabila au Vatican où il a menti le pape, l’Eglise de Kinshasa mène maintenant le même combat que l’Eglise catholique de Philippines sous le règne tyrannique de Marcos. Pour cette raison, nous devons soutenir ses actions.

Que ceux qui avaient écrasé les chrétiens en 1992 doivent se rendre compte de la lourde faute qu’ils avaient commise, qu’ils fassent amende honorable et se taisent par respect pour les morts de février 1992. Certains d’entre eux se déclarent même père de la résistance après avoir tué des Congolais et nargué les opposants que nous étions au régime de Mobutu. Ils parlent comme s’ils étaient saints parce qu’ils n’ont pas été sanctionnés. Ne commettons plus la même erreur.

J’invite mes compatriotes à la désobéissance civile afin de revenir à l’ordre constitutionnel.

Aujourd’hui, sur toute l’étendue de la République, nous n’avons aucune autorité qui jouit de la légalité ni de la légitimité. La RDC n’est plus gouvernée depuis le 1er janvier 2018. Ne nous laissons pas distraire. Tous nos anciens dirigeants n’ont plus le droit de parler au nom du Congo car ils n’ont reçu l’autorisation de personne. Personne ne peut être appelé « Son Excellence » ou « Honorable ». Mais alors, personne, parce qu’ils ont tous perdu ce titre. Ce sont maintenant des personnes ordinaires, sans pouvoir. Qu’ils dégagent afin de revenir à l’ordre constitutionnel.

Pour la marche pacifique prévue le 25 février 2018 sur toute l’étendu de la RD Congo

18 Fév

Mes sincères félicitations à tous mes compatriotes de la diaspora, qui, en communion spirituelle avec nos compatriotes de l’intérieur, se battent jour et nuit avec les moyens dont ils disposent pour aspirer au changement de paradigme (pas le changement dans le paradigme que nous connaissons jusqu’à présent). Nous sommes les Nzeza Nlandu, Kasa-Vubu, Lumumba, Okito, Mpolo, Iléo, Bamba, Mahamba, etc. d’aujourd’hui. L’avenir du Congo est notre responsabilité. Eux ont lutté contre les colonialistes et nous luttons contre les envahisseurs. Où que nous soyons, restons debout jusqu’à la victoire totale. 

Nous n’avons qu’un seul pays et les étrangers que nous avons accueillis n’ont aucun droit de nous ravir notre beau et riche pays. Que personne ne nous donne des ordres et ne nous fasse taire lorsque nous nous battons pour l’intérêt de notre pays. Ces années d’occupation nous ont permis de découvrir les Congolais qui collaborent avec les ennemis de la République et les laudateurs qui font le lit de la dictature. Collabos et laudateurs soutiennent l’ignominie pour le bonheur de leur ventre. Dressons régulièrement les listes de ces ennemis de la République, car nous en aurons grandement besoin demain.

En février 2017, il y a une année déjà, j’ai publié un livre qui devient incontournable dans notre cheminement vers la libération de notre pays. J’ai recensé l’expérience de beaucoup de pays qui ont vaincu la tyrannie par des moyens non violents, c’est-à-dire pacifiques. Je vous invite à prendre le temps de lire ce livre qui est, du reste court (moins de 130 pages). Beaucoup l’ont déjà lu. Plus nombreux nous serons à connaître son contenu et plus vite nous irons vers la victoire.
Nous sommes parfois incompris, nous sommes combattus par nos propres compatriotes qui soutiennent la tyrannie pour leur ventre (Kabila to tondi nano te) mais puisque nous savons où nous allons, nous ne reculons pas et ne reculerons jamais. L’amour pour son pays ressemble à l’amour que l’on a pour ses parents. Par ses mots, je présence mes remerciements à tous mes compatriotes dans la lutte contre le régime ignoble de « Joseph Kabila ». Soyons courageux et constants afin de léguer aux générations futures un beau et riche pays pour lequel les nôtres donnent leur vie : « Debout Congolais » est notre hymne national. Ne l’oublions pas.
Dans cette lutte, soyons unis car nos ennemis sont partout et ils sont dans nos rangs.
Lire Fweley Diangitukwa, Comment mettre fin à une dictature solidement installée, Paris, L’Harmattan, 2017.
Rendez-vous pris le 25 février. Occupons toutes les rues de la République avec un seul slogan : « Kabila dégage/Kabila out ».
 

Où trouver la force pour continuer à parler de la tyrannie en RDC ?

26 Jan

Où trouver la force pour continuer à parler de la tyrannie en RDC ?

Les sbires de « Joseph Kabila » « en action » à l’UNIKIN (Université de Kinshasa). Jusqu’à quand les Congolais vont-ils regarder ces soldats voyous répandre la terreur et la mort sans réagir ? A quel moment les grandes puissances abonderont-elles leur soutien au régime de « Joseph Kabila » contre le pillage organisé des ressources naturelles du Congo, entre autres le coltan, la cassitérite, le cobalt, diamant, l’or, etc.

https://www.facebook.com/wetshi.amba/videos/1822506731113472/

 

Voici ci-dessous le premier discours de Kabila aux Nations unies. Il est incapable de lire correctement un chiffre correspondant à une année. Quelle honte ! Comme s’il n’y avait pas de femmes et d’hommes capables dans notre pays pour occuper le poste de chef de l’Etat. Ne tolérons plus de tels décideurs incompétents à la tête de notre nation. La première fois que j’ai suivi cette vidéo, j’ai eu des larmes aux yeux. Merci de partager cette vidéo en guise de rappel de notre passé récent.

https://www.facebook.com/Congosolutionmutimedia/videos/1610901985665375/

Monsieur « Joseph Kabila », il est temps de quitter le pouvoir

22 Jan

Monsieur « Joseph Kabila », il est temps de quitter le pouvoir

Par Fweley Diangitukwa

Le 22 janvier 2018

Cruelles comme toutes les manifestations de protestation voulues pacifiques, celle du hier 21 janvier 2018 a connu son lot de morts. Tuer les Congolais et voler les richesses de notre pays sont le seul travail que vous avez accompli en RDC depuis votre entrée dans notre pays en 1997. Après la querelle des chiffres pour connaître le nombre de Congolais tués lors de la marche pacifique du 31 décembre 2017, nous voici devant une nouvelle querelle des chiffres pour connaître le nombre exact de Congolais tués lors de la marche pacifique du 21 janvier 2018. Que vos soldats aient tué 2, 6, 12 ou 22, peu importe, sachez que vous avez versé le sang des Congolais sans raison, à part votre défi de demeurer au pouvoir sans mandat. Monsieur « Joseph Kabila », vous devez savoir que les Congolais ne sont pas nés pour être massacrés par vos soldats anglophones venus de Tanzanie ou d’on ne sait où. Les Congolais vous ont assez supporté, malgré eux. Ils sont maintenant profondément déçus de vous et de votre règne. Il est temps de quitter le pouvoir, car ils ne vous pardonneront plus.

N’oubliez pas que les Congolais, que vos soldats – payés avec l’argent de notre pays – ont tués, ont eu la même envie de vivre comme vous [qu’ils reposent en paix auprès du Seigneur], comme vos femmes, vos enfants, nos tantes, vos frères et votre mère. Si vous n’acceptez pas que quelqu’un porte atteinte à la vie de vos membres de famille, sachez que les membres de famille de Congolais que vous tuez sans cesse ne souhaitent pas voir les leurs mourir prématurément parce qu’ils ont tout simplement voulu vous rappeler que vous êtes hors mandat et n’avez plus le droit de gouverner le Congo. Vous vous êtes assez moqué de la vie des autres, il est temps de quitter le pouvoir et de rendre compte de vos forfaits devant la justice populaire congolaise et devant la justice internationale, même si celle-ci est en carton. Vous narguez les Congolais, mais pour combien de temps encore ?

De quel droit et avec quel pouvoir, Monsieur « Joseph Kabila », vous autorisez-vous à massacrer les Congolais pendant que vous êtes hors mandat depuis décembre 2016 ? Sachez que vous n’avez plus le droit de trôner à la tête de notre pays parce que vous ne jouissez d’aucune légitimité et d’aucune légalité. Vous êtes « out » et vous vous moquez encore des paisibles Congolais qui, soit dit en passant, vous ont toléré dans notre pays alors que certains parmi eux peuvent vous apprendre un bout sur l’art de gouverner une République moderne parce qu’ils ont plus de compétences que vous.

De quel droit un étranger que vous êtes, placé à la tête du Congo par d’autres étrangers, représentant l’ancienne puissance coloniale (1885-1960), vous permettez-vous de tuer des Congolais dans notre propre pays ? N’avons-nous pas le droit de marcher pacifiquement pour vous rappeler que vous avez cessé d’être le chef d’Etat ? Non. Vous êtes « out », Monsieur « Joseph Kabila », il est temps de quitter le pouvoir. Les Congolais ne vous reconnaissent plus et ne veulent plus de vous comme chef d’Etat parce que vous en n’avez plus le droit.

Votre degré d’irresponsabilité et d’indécence est d’autant plus consternante que vous persévérez à tuer les Congolais, comme vos commanditaires le font sans vergogne et sans aucun état d’âme à l’Est de la RD Congo. Nous savons que vous vous entêtez parce que vous croyez jouir de la protection de ces grandes puissances auxquelles vous vendez non seulement les ressources naturelles mais aussi les entreprises publiques du Congo comme la Gécamines à des prix dérisoires sinon vils et qui, en retour, vous livrent, malgré l’embargo, des armes démodées qui servent à massacrer le courageux peuple congolais. Sachez, Monsieur « Joseph Kabila » que tout soutien a aussi des limites. Le maréchal Mobutu, qui vous a précédé et que vous avez combattu avec opiniâtreté, avait lui aussi bénéficié de soutiens étrangers, mais devant l’horreur de ses cruautés, ses commanditaires l’ont lâché comme vous serez bientôt lâché par ceux-là qui vous poussent à tuer les Congolais. Vos crimes au Congo ne demeureront pas indéfiniment impunis. Le moment vient de rendre compte de vos forfaits ou de vos crimes.

Vous ne pourrez plus nier vos responsabilités devant vos hommes armés qui ont coupé les têtes des Congolais à Beni, à Butembo, à Bunia et ailleurs, devant ceux qui ont massacré les adeptes de Bundu dia Kôngo et du pasteur Mukungubila, devant ceux qui ont tué les jeunes Congolais dans toutes les manifestations publiques de protestation. L’horreur a atteint les sommets et nous ne pouvons et ne voulons plus vous tolérer à la tête de l’Etat congolais. Vous êtes « out », Monsieur « Joseph Kabila », il est temps de quitter le pouvoir, car les Congolais ne veulent plus verser des larmes à cause de vos atrocités, de vos cruautés sans borne.

Ces homélies des catholiques et des protestants ainsi que ces immenses foules qui bravent la brutalité, la férocité, la sauvagerie, la barbarie, la bestialité, etc. de vos soldats ne vous troublent pas, ne vous arrachent aucun remords, et vous voudriez qu’on vous accepte encore à la tête de l’Etat congolais ! Non, Monsieur « Joseph Kabila », vous avez trop abusé, les Congolais ne veulent plus de vous. Quittez le pouvoir et rendez compte au peuple congolais de votre gestion calamiteuse de la République depuis 2001. Votre bilan sera jugé sur la place publique.

À cause de vous, le drame congolais a fait des millions de victimes innocentes. Ce bain de sang n’a que trop duré et il est maintenant temps de trouver une solution politique en éliminant le conglomérat des aventuriers qui gesticulent et s’agglutinent autour de votre personne. Vous semez l’horreur et la terreur, tout le monde le sait. Lorsque vous persévérez à tuer les Congolais comme des animaux, que cherchez-vous au juste ? Nous voir nous mettre à genoux devant vous afin que vous régniez sur nous comme des soumis ou vous voudriez plutôt nous exterminer tous pour céder notre payer à ceux avec qui vous pillez le Congo notre pays ou encore vous souhaiteriez que nous utilisions les mêmes moyens utilisés par l’AFDL en 1997 ou les mêmes moyens utilisés par ceux qui ont assassiné votre père nourricier ?

Malgré les horreurs semées par vos militaires venus de la Tanzanie et d’on ne sait où encore, la détermination des Congolais est encore plus grande, les défenseurs des droits de l’homme dénoncent les violences exercées par vos soldats étrangers sur le peuple congolais et leurs rapports se multiplient. Ils viennent alourdir le Rapport Mapping qui pèse sur votre tête depuis sa publication. Vous payerez bientôt tout le mal que vous avez fait aux Congolais. Un chef d’Etat ne peut gouverner que lorsqu’un peuple se soumet et lui obéit. Or, dans le cas du Congo, votre politique d’une « révolution de la modernité » a fait long feu. Le peuple congolais a compris que vous êtes un menteur, car vous n’avez jamais réalisé tout ce que vous avez publiquement promis depuis 2001. Il ne se soumettra plus et ne vous obéira plus. Il est temps de dire adieu à votre aventure qui a trop duré.

Tout ce que votre parti entreprendra ne servira à rien car le peuple congolais vous a déjà rejeté. Trop tard. Vous ne pourrez briguer un troisième mandat. Tout ce que vous entreprendrez ou tout ce que le PPRD entreprendra en votre faveur sera illégal et illégitime car vous êtes hors mandat. Faire croire que vous avez le droit et les capacités de diriger encore la RD Congo revient à tordre le cou à la réalité, à se moquer des Congolais qui ont déjà tourné la page et qui vous conjuguent déjà au passé. Cessez, Monsieur « Joseph Kabila », de vous croire encore Président de la RD Congo, car vous avez cessé de l’être dans la tête des Congolais. Mais qui en porte la responsabilité, sinon ceux qui veulent vous imposer au pouvoir que vous avez déjà perdu.

Si votre gouvernement avait le souci de protéger le peuple congolais et de travailler pour le développement de notre pays, cela se saurait. La brutalité – sinon la bestialité – avec laquelle vous avez toujours massacré le peuple congolais depuis votre installation au pouvoir ne le démontre guère, pas plus que les comportements de vos soldats dans le grand Kasaï où deux experts des Nations unies ont été sauvagement tués.

Le peuple congolais ne pense plus à vous, il ne croit plus en vos capacités à diriger encore la RD Congo, parce que vous être hors mandat, et c’est l’essentiel. Après de longues années d’attente, une zone de liberté d’expression a été enfin franchie d’abord par l’église catholique et ensuite par l’église protestante qui, toutes les deux, apparaissent comme la seule force capable de rétablir l’ordre dans notre pays. J’en suis fier. Les Congolais viennent de s’y installer, l’espoir renaît et la vie reprend, malgré la mort que vous semez dans nos rangs. Tout ce que votre gouvernement entreprendra ne changera rien. Il est certain que le peuple congolais ne parlera plus bientôt de vous, sinon en rappelant vos cruautés à leurs enfants. Vous pouvez encore pérorer si vous le voulez, mais sachez d’ores et déjà que plus personne ne vous écoutera. Et c’est tant mieux ainsi. En voulant tuer incessamment les Congolais qui ont toujours voulu marcher pacifiquement, vous vous êtes mis bêtement hors-jeu.

Quittez le pouvoir, Monsieur « Joseph Kabila », vous êtes déjà « out ».

Vous moquant des Congolais, vous avez un jour proféré cette accusation gravissime à l’encontre des jeunes kinois (que vous avez qualifiés de chômeurs invétérés) qui restent sous le toit de leurs parents jusqu’à 40 ans, alors que vous n’avez pas créé des emplois malgré les énormes ressources naturelles que regorge notre pays. À la place, vous avez préféré vous enrichir rapidement et illicitement en plaçant votre fortune à l’abri, dans des paradis fiscaux.

Je répète : tout ce que vous entreprendrez est une perte de temps. Les Congolais ne veulent plus de vous. Partez. C’est fini. Adieu.

Fweley Diangitukwa

22 janvier 2018

www.fweley.wordpress.com

Auteur du livre : « Comment mettre fin à une dictature solidement installée », Paris, L’Harmattan, 2017.

Qui doit diriger la période de transition ouverte depuis le 1er janvier 2018 ?

10 Jan

Qui doit diriger la période transitoire ouverte depuis le 1er janvier 2018 ?

Par Fweley Diangitukwa

Politiste

Le gouvernement du président Joseph Kabila est hors mandat depuis décembre 2016 déjà. Le non-respect de l’Accord de la St-Sylvestre du 31 décembre 2017 et la répression sanglante des marches pacifiques organisées par le Comité Laïc de Coordination (CLC) pour réclamer le départ du présent « Kabila » du pouvoir ont enlevé aux gouvernants actuels toute possibilité de diriger encore les institutions de la République.

Notre pays traverse une situation chaotique car, depuis le 31 décembre 2017 à minuit, il a cessé d’être gouverné. Aucune autorité ne jouit de la légalité ni de la légitimité. Les Sénateurs et les députés provinciaux les ont perdues en 2012, les députés nationaux les ont perdues en février 2017 et le chef de l’Etat, qui a bénéficié d’une rallonge gratuite grâce l’Accord de la St-Sylvestre, les a perdues le 31 décembre 2017. Le pouvoir est donc présentement dans la rue. Il appartient aux plus organisés sinon aux plus braves de le ramasser.

Il y a vingt ans, j’ai écrit dans mon livre « Qui gouverne le Zaïre, la Républicains des copains », Paris, L’Harmattan, 1997, que les Congolais (Zaïrois à l’époque) savent discuter longuement sur les problèmes de leur pays mais ils peinent à trouver des réponses qui imposent un changement de paradigme. Au Congo, le changement dans le paradigme a toujours triomphé dans la gestion des affaires publiques depuis le coup d’Etat de Mobutu et de ses compagnons de la révolution. Laurent-Désiré Kabila, qui est venu en 1997 avec sa révolution-pardon, a accepté le retour des Mobutistes au pouvoir sans les punir pour les fautes qu’ils ont commises. Celui qui se fait appeler « Joseph Kabila » a gouverné avec les mêmes Mobutistes jusqu’en décembre 2017.

Depuis la fin du second et dernier mandat du président sortant et depuis les massacres du 31 décembre 2017, la Cour constitutionnelle ne s’est pas prononcée sur la vacance au sommet de l’Etat. Le ministre de la Justice n’a pas publiquement condamné les forces disproportionnées qui ont été utilisées pour contrer des manifestants sans arme. Tous ces éléments montrent clairement que nous sommes en présence d’un Gouvernement qui ne protège pas le peuple mais qui agit contre le peuple.

Certains Etats occidentaux ont pris des sanctions contre les entreprises liées à Joseph « Kabila », à Zoé « Kabila », à Jeannette « Kabila » et contre certains gouvernants de la République mais la justice congolaise ne s’est jamais prononcée sur ces dossiers. Aucune enquête n’a été menée pour établir la vérité sur les causes à l’origine des sanctions prises par les Etats étrangers contre certaines autorités congolaises accusées de détournement des fonds publics (fonds placés dans des paradis fiscaux ou dans des banques des pays étrangers). Tout montre que le Congo est un Etat failli – sinon une République des copains qui se soutiennent pour leur propre épanouissement. En tout cas, ce silence prouve, si besoin en était, que nous avons affaire à une justice complaisante dans notre pays.

Que devons-nous faire pour changer de régime face à une équipe de médiocres et des barbares qui s’appuient sur la force militaire pour mâter le peuple et se maintenir au pouvoir ? Telle est la question que chaque Congolais doit absolument se poser, car si nous ne nous la posons pas en vue de trouver une réponse immédiate, ceux qui dirigent notre République par défi vont s’imposer à nous et continuer à diriger notre pays comme s’ils en avaient encore le droit. Nous devons absolument les empêcher pour montrer au monde entier leur état d’illégalité et d’illégitimité. Dans cet ordre d’idée, je propose à mes compatriotes de prendre publiquement position. Comme nous ne pouvons pas tous gouverner la République en même temps, nous devons mettre en place un gouvernement d’union nationale composé de Congolais résolus et compétents ayant chacun d’eux une formation reconnue et un métier précis (méfions-nous de politiciens sans formation accomplie et sans métier parce qu’ils refusent généralement de quitter le pouvoir). Pendant cette courte période de transition, ce sont ceux-là qui mèneront notre combat collectif auprès des Etats et des gouvernements étrangers, auprès des Organisations internationales et auprès des Nations unis. Ce sont encore eux qui feront fonctionner les institutions pendant la période transitoire qui a débuté le 1er janvier 2018. Ne faisons pas semblants, nous devons être décidés et déterminés, comme nous l’avons fait le 31 décembre 2017 en marchant malgré les soldats d’artillerie plantés devant des foules en colère.

Or, pour éviter ce vide juridique, un groupe de Congolais a déjà organisé une élection au niveau international et national. J’invite mes Compatriotes à accepter d’être administrés par cette équipe qui sera épaulée par des technocrates hautement qualifiés. Cette équipe doit se mettre au travail dès aujourd’hui. Si elle n’agit pas dans le sens de se faire connaître et se faire accepter par les instances internationales, plus personne ne parlera d’eux demain. Ces élections organisées par les Congolais de la diaspora auront vécu.

La durée de la transition sera courte (entre six et 12 mois, pas plus) et cette équipe n’aura que trois missions : (1) remplir le vide politique laissé par ceux qui ont saboté la Constitution, (2) organiser les élections qui permettront à notre pays de reprendre une vie normale et (3) mettre sur pied les fondements d’une armée nationale et républicaine composée uniquement de dignes fils du pays.

Il n’est plus nécessaire d’attendre une déclaration publique du Président sortant dans laquelle il dira qu’il ne sera pas candidat à sa propre succession conformément à la Constitution, car il a déjà prouvé par sa mauvaise fois qu’il ne le fera jamais. Cette équipe mettra en application les mesures ci-après : « a. La libération de tous les prisonniers politiques ; b. La fin de l’exil des opposants menacés d’arrestation à leur retour au pays ; c. La fin du dédoublement des partis politiques ; d. La libéralisation des espaces médiatiques et particulièrement de la RTNC ; e. La réouverture des médias injustement fermés ; f. La restructuration de la CENI afin de recréer la confiance entre l’électorat et l’institution organisatrice des élections ; g. L’utilisation du calendrier récemment proposé par la CENI comme outil de travail pour l’élaboration d’un calendrier consensuel ; h. Le libre exercice des activités politiques par tous ».

Tout en demandant à la justice internationale, notamment la Cour Pénale Internationale (CPI) de s’autosaisir des cas de violation des droits humains en RD Congo, nous ne devons pas attendre qu’une puissance étrangère vienne chasser M. « Joseph Kabila » du pouvoir. Aucune n’est vraiment prête à le faire à notre place parce que les grandes puissances ont des intérêts incommensurables dans notre pays, d’autres travaillent en étroite collaboration avec les dirigeants actuels et pillent notre pays ensemble. Le changement de paradigme doit être l’œuvre des Congolais afin que nous jouissions réellement de notre indépendance et de notre souveraineté. Un challenge est devant nous. Montrons-nous collectivement capables de le relever. Si nous y parvenons, nous laisserons un exemple de fierté et de grandeur aux générations futures. Soyons debout et restons debout jusqu’à la victoire finale.

La RDC devient ingouvernable parce que le peuple congolais ne se reconnaît pas dans les autorités actuelles qui n’ont plus de mandat. Les risques à venir sont considérables. Sans une autorité acceptée par le peuple congolais, notre pays risque de connaître de nouveaux conflits locaux, semblables à ceux du Kasaï, qui déstabiliseront d’autres régions entières, qui engendreront des millions de déplacés et placeront de très nombreuses personnes dans une situation de risque de famine. Un tel chaos sera un prétexte pour ne pas organiser les élections en décembre 2018 si nous laissons l’équipe actuelle au pouvoir. Nous ne pouvons pas accepter que ceci nous arrive encore. Voilà pour quelle raison, je demande aux dirigeants de toutes les sociétés civiles (ONG) de s’engager publiquement – par une déclaration – à soutenir les Administrateurs publics qui ont été élus au suffrage universel direct organisé par la diaspora. Mettons nos egos de côté pour défendre l’intérêt de la nation. C’est une situation particulière et inédite mais qui a sa raison d’être pour combler le vide politique. Nous n’avons pas le droit de laisser des dirigeants sans légitimité ni légalité nous gouverner. Nous avons connu le coup d’Etat de 1965, le coup d’Etat de 1997, le coup d’Etat de 2001. Nous devons refuser cet autre coup d’Etat constitutionnel qui se dessine devant nous, aujourd’hui et maintenant. Aspirons à devenir un peuple souverain et mature.

Notre pays n’est plus gouverné depuis le 1er janvier 2018. Ne nous laissons pas distraire et sortons vite de nos émotions et de notre traumatisme sinon le pire nous arrivera si nous ne mettons pas définitivement fin à ce régime ignoble et irresponsable. Reprenons notre destin en main et mettons-nous à organiser l’avenir immédiat de notre nation. Tout en poursuivant les actions qui conduiront à « dégager les médiocres » qui ne travaillent pas pour la nation et qui ne sécurisent pas les populations, nous devons rapidement fédérer nos forces et nos intelligences, réunir nos moyens sous une seule direction qui posera des actes au nom du peuple afin que le Congo redevienne un pays où règne la paix et la justice.

J’invite le peuple congolais dans son ensemble à adhérer à cette solution salutaire pour la République.

 

Le 10 janvier 2018.

 

Fweley Diangitukwa

Politiste et essayiste

Auteur de « Comment mettre fin à une dictature solidement installée », Paris, L’Harmattan, 2017.

http://www.fweley.wordpress.com

Lu pour vous : « Je mourrai d’une balle dans la tête. »

20 Déc

A la cour du roi Kabila, les barons sont à la fois puissants et révocables

En RDC, un an après la fin de son mandat, le président se maintient grâce à un système clientéliste construit par vingt années de guerres et d’affaires.

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Le président congolais, Joseph Kabila, lors d’un discours à la nation, au palais du Peuple, siège du Parlement, le 5 avril 2017, à Kinshasa.

« Je mourrai d’une balle dans la tête. » Joseph Kabila aime confier à certains de ses visiteurs qu’il pense sa destinée déjà écrite. A 46 ans, le président de la République démocratique du Congo (RDC) n’aurait rien à perdrecar, feint-il de penser, sa fin sera tragique. Comme celle de son père et prédécesseur, Laurent-Désiré Kabila, assassiné en 2001. Pour se détendre, il se plonge dans les jeux vidéo ou enfourche sa moto. Pour se protéger, il porte un gilet pare-balles sous son costume et change d’itinéraire au dernier moment.

Situation unique au monde, le président congolais est toujours en poste malgré la fin de son deuxième et dernier mandat, le 19 décembre 2016. Reportée de nombreuses fois, l’élection présidentielle doit se tenir le 23 décembre 2018. Des sanctions économiques des Etats-Unis et de l’Union européenne visent actuellement 17 proches de Joseph Kabila.

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Lui voyage rarement et on lui prête une fortune dont une partie serait à l’abri en Afrique du Sud ou dans des paradis fiscaux, sous des prête-noms. Pour protéger son pouvoir, Kabila orchestre une cour singulière, composée de personnalités dont la destinée s’est confondue avec la sienne. Et c’est par ce système clientéliste qu’il se maintient aux commandes. « Kabila est un homme seul, entouré de groupes qui se font la guerre plus qu’ils ne convergent vers une seule stratégie, observe un diplomate africain familier du pouvoir congolais. Ils n’essaient pas de le sortir de l’impasse. Ils ont peur et exécutent sa volonté, si tant est qu’il l’exprime. »

Le jeune homme inexpérimenté des débuts, moqué pour son français aussi approximatif que son lingala (la langue parlée dans l’ouest de la RDC), ne demande plus les conseils de l’entourage de son père mais donne des ordres à un microcosme de courtisans qui veulent lui plaire. Pour eux, la moindre route, le moindre centre de santé relèvent de « l’initiative personnelle du chef de l’Etat ». Nombreux sont ceux qui ont fait les frais de leurs excès de zèle ou de leur indolence. Jusqu’au-boutiste dans la répression des opposants, l’ancien ministre de l’intérieur, Evariste Boshab, a ainsi fini par être écarté. « Même ses conseillers ont peur de le conseiller », croit savoir un haut cadre des Nations unies.

Des conseillers plus puissants que des ministres

En cette période d’incertitude politique, le premier homme de cette cour est un austère professeur de droit de 40 ans : Néhémie Wilondja. Directeur de cabinet de Kabila depuis 2015, ce technocrate discret est considéré par ses collègues comme « le vrai premier ministre de la RDC »« Tout ce que le président doit signer passe par Néhémie », assurent avec une pointe de jalousie des membres de l’entourage présidentiel. « Je sers le chef de l’Etat et la stabilité du pays, menacée par des opposants futiles », confiait l’intéressé, d’une voix assurée, en décembre 2016, alors qu’il feignait de négocier pour mieux manipuler l’opposition. Comme Kabila, Wilondja est un homme de secrets et d’intrigues.

A ses autres hommes de main, le chef de l’Etat délègue des missions précises, sans dévoiler l’intégralité de son plan. C’est le cas pour Alexis Thambwe, une ancienne figure du mobutisme muée en chef de rébellion et visée par une plainte pour crimes contre l’humanité déposée en Belgique. Kabila a fait de ce juriste de 74 ans son ministre de la justice. « Thambwe formalise les vagues d’arrestations de manifestants et de militants pour les justifier par le droit », confie l’un de ses proches.

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Plus discret encore, l’avocat Norbert Nkulu, 71 ans, ambassadeur à Kigali depuis 2009, a été le maître d’œuvre de l’exploitation des failles de la Constitution congolaise pour le maintien au pouvoir. « Certains conseillers de Kabila sont bien plus puissants que des ministres au-dessus d’eux selon l’organigramme, remarque un négociateur. Mais que valent les organigrammes en RDC ? »

Aux hommes de main les petits coups bas contre l’opposition et la communauté internationale, au « raïs » les décisions qui portent sur l’avenir immédiat d’un pays grand comme l’Europe de l’Ouest, fragilisé par des conflits internes permanents et convoité pour ses ressources minières. En l’absence d’une alternative politique crédible ou d’un dirigeant plus respecté, ils maintiennent au pouvoir celui qui les a fait vivre.

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Ce système volontairement déstructuré règle les problèmes au coup par coup. « Ce qu’ils réussissent à faire n’est jamais calculé à l’avance, raconte un diplomate africain. Ils ressemblent à un aveugle qui marche avec sa canne, ne voyant pas le ravin au bout du chemin. » La cour de Kabila fonctionne par cercles concentriques, où la valeur de chacun augmente à mesure de sa proximité momentanée avec le sommet.

Rompu aux méthodes clandestines depuis la lutte de son père contre Mobutu Sese Seko et son exil en Tanzanie, le président surveille ses obligés. Leur impopularité est compensée par des avantages financiers et l’assurance d’une protection. Comme n’importe quel habitant de Kinshasa, ils vivent au jour le jour, mais avec une extravagance qui leur fait oublier qu’ils peuvent finir assassinés, lynchés ou jugés.

« Ils ne savent pas où ils seront dans cinq ans »

New York, le 23 septembre. Les hommes de Kabila, réunis à l’hôtel Intercontinental, préparent le discours présidentiel à l’assemblée générale des Nations unies. Ils multiplient aussi les rencontres informelles avec des diplomates et des lobbyistes grassement payés pour contrer les sanctions occidentales. « Ils ont pris goût au style de vie qu’offre le pouvoir, dit un diplomate européen. Mais ils ne savent pas où ils seront dans cinq ans. » Ce jour-là, Joseph Kabila prononce son discours devant une salle vide. Eux se donnent une image détendue et sereine, comme si leur pouvoir était bien parti pour durer.

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Ils ont en vu d’autres. La plupart, originaires de l’est de la RDC, se sont connus durant la guerre menée par Laurent-Désiré Kabila contre ses anciens alliés ougandais et rwandais à partir de 1998. Ils y ont aussi croisé Joseph Kabila, nommé chef d’état-major par son père à la place de son mentor rwandais James Kabarebe. Vingt ans plus tard, le président congolais vit toujours dans une atmosphère de paranoïa où, comme pendant la guerre, le pouvoir comme la vie peuvent lui échapper en un instant.

Un tel héritage mène à travailler étroitement avec des hommes en armes. Plus que les ministres de l’intérieur et de la défense, le patron de l’Agence nationale de renseignements, Kalev Mutond, peut ainsi « faire et défairen’importe quelle histoire », reconnaissent des conseillers du président. Loin d’être un personnage de l’ombre, ce natif du Katanga, la province d’origine de la famille Kabila, se révèle omniprésent. Les rencontres et les négociations politiques se déroulent même parfois sous sa houlette.

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Verrouillée par un système qui réprime la moindre manifestation publique et traque les opposants qu’il n’a pas réussi à « acheter », la scène politique intérieure est un champ de bataille au-dessus duquel plane Joseph Kabila. Une partie du noyautage de l’opposition a pris forme au cours des derniers jours de l’année 2016, dans un appartement luxueux du complexe immobilier Utex-Africa, dans le centre de Kinshasa. Alors que les évêques congolais s’épuisaient à obtenir un accord prévoyant des élections en 2017, le régime et l’opposition discutaient des postes et des contreparties sur la terrasse, sous le regard du président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, également secrétaire général de la majorité présidentielle.

« Les débauchages de membres de l’opposition se font par l’argent, car beaucoup ne se contentent pas de leur salaire d’élus », précise un député. Les gouverneurs de province, maintenus à leur poste malgré l’expiration de leur mandat – à l’instar des députés et des sénateurs –, sont acquis au régime, tout comme une partie des chefs coutumiers, auprès desquels Kabila dépêche des émissaires. « Tout le monde est achetable », admet l’un des leaders traditionnels du Kasaï (centre).

La course à la succession est ouverte

A Kinshasa, le swahili est resté la langue des affaires de la cour Kabila depuis l’ère d’Augustin Katumba Mwanke. Banquier en Afrique du Sud, gouverneur du Katanga sous Laurent-Désiré Kabila puis directeur du cabinet de son fils, il fut, jusqu’à sa mort dans un accident d’avion en 2012, le plus influent conseiller de Joseph Kabila et l’homme des contrats miniers. « Dans les années 2000, raconte Barnabé Kikaya, actuel conseiller diplomatique de Joseph Kabila, nous étions un groupe restreint de cinq, six personnes, mené par Katumba Mwanke. Puis il y a eu un renouvellement des conseillers de confiance. On est passé des affaires au droit comme compétence prioritaire du premier cercle du président. »

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Mais certaines affaires continuent dans la cour et alimentent une diplomatie économique fondée sur des commissions personnelles. « Si Katumba Mwanke a un héritier, c’est bien moi ! », plastronne Moïse Ekanga dans ses bureaux de Kinshasa, au bord du fleuve Congo. Ce pasteur de l’Eglise du Sang précieux est surtout le patron du conglomérat minier Sicomines. En 2008, il a été chargé du partenariat sino-congolais, qui possède le monopole de la construction d’infrastructures. Et ce en harmonie avec l’autre homme fort des affaires de Joseph Kabila, Albert Yuma, patron des patrons congolais, également à la tête de la société minière Gécamines.

Kabila l’enfant de la guerre a pris goût à l’argent, qui, avec les armes, le renseignement et la manipulation du droit, renforce un pouvoir qu’il ne voulait pas et qu’il ne semble plus vouloir quitter. En théorie, un an sépare la RDC de l’investiture de son prochain président. Entre-temps, la course à la succession est ouverte au sein de la cour, qui n’a pas fini de s’interroger sur les intentions de son chef. « Quelle est la principale vertu que vous a léguée votre père ? », demandait un journaliste en 2001. Joseph Kabila répondait alors : « La détermination. Savoir ce que l’on veut. S’en donner les moyens. Ne pas dévierAller jusqu’au bout. »

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Le président Donald Trump s’est lourdement trompé

8 Déc

En date du 6 décembre 2017, Donald Trump a annoncé au cours d’un discours public le transfert de l’ambassade des États-Unis en Israël à Jérusalem qu’il a reconnu comme la capitale officielle d’Israël. Cette annonce a été une surprise générale car cette annonce n’a pas été faite par Israël lui-même qui est un État souverain mais par le président américain. Tout au long de son discours, Donald Trump a parlé plus d’Israël et moins de Palestine qui a toujours revendiqué Jérusalem comme la capitale de son futur État. Donald Trump n’a eu aucune pensée positiver pour les Palestiniens car il n’a donné aucune contrepartie aux Palestiniens de s’exprimer sur le choix de Jérusalem. Cette décision unilatérale contrevient au droit international et aux résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU. Au-delà, elle freine la possibilité d’une paix négociée entre Israéliens et Palestiniens, entre Juifs et musulmans. Mais pour quelle raison Donald Trump a-t-il oublié que depuis 1948 Jérusalem n’appartient à personne, que cette ville n’appartient ni aux juifs ni aux chrétiens ni aux musulmans, qu’elle est ouverte à tous ?

Après l’annonce de Donald Trump, un torrent de critiques a afflué. La seule réaction positive est venue du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, qui a salué le discours de Donald Trump comme étant un « jour historique ». Dans un enregistrement vidéo, il a publiquement dit : « Le peuple juif et l’État juif seront à jamais reconnaissants », et il a ajouté : [Cette décision] « est un important pas vers la paix ». L’une des voix discordantes est venue d’Emmanuel Macron qui a qualifié de « regrettable » cette décision et qui a appelé à « éviter à tout prix les violences ». Il a souligné « l’attachement de la France et de l’Europe à la solution de deux États, Israël et la Palestine vivant côte à côte en paix et en sécurité dans des frontières internationalement reconnues avec Jérusalem comme capitale des deux États »[1].

En recevant à Paris le premier ministre israélien, le président Macron a demandé à celui-ci de faire un geste en direction des Palestiniens. Mais en réalité, à la place de faire un geste aux Palestiniens, c’est le respect du droit international envers le peuple palestinien et des résolutions des Nations unies qu’Israël a toujours violées que le président Macron aurait dû exiger mais il ne l’a pas fait. Comme le président Trump, le président Macron a publiquement manifesté sa soumission au représentant du peuple israélien et son mépris, par le silence, au représentant du peuple palestinien qu’il n’a pas simultanément reçu à Paris. De ce fait, la demande publique du président Macron au premier ministre Benjamin Netanyahu n’a pas été à la hauteur des attentes des pacifistes du monde entier, car elle relève d’une hypocrisie pour flouer les Palestiniens et pour faire croire que la France a une position neutre dans le conflit entre Israël et la Palestinien.

En effet, il appartient aux Palestiniens et aux Israéliens de se mettre d’accord sur le statut de Jérusalem. Toute ingérence étrangère sur la gestion de Jérusalem ne fera que mettre l’huile sur le feu.

En s’appuyant sur des données historiques, il est permis de dire que cette décision relève d’une provocation inutile car le peuple palestinien et les musulmans ne peuvent pas accepter la solution du président Donald Trump. Avec cette décision, la ville de Jérusalem sort du statu quo qui a été observé depuis de 1967. Donald Trump a davantage divisé les deux peuples car, désormais, pour les Palestiniens, Washington ne peut plus jouer son rôle de médiateur au Proche Orient, même si les Israéliens, par la voix de Netanyahu, ont salué ce discours sur Jérusalem comme étant une journée historique.

[1] https://www.lexpress.fr/actualite/monde/proche-moyen-orient/jerusalem-capitale-d-israel-trois-questions-sur-la-decision-historique-de-trump_1966885.html

L’humiliation publique des Africains noirs en Libye

7 Déc

L’humiliation publique des Africains noirs en Libye

Pour lutter contre le régime du colonel Kadhafi, la France et l’OTAN ont recruté, par l’intermédiaire des opposants libyens au régime de Kadhafi, des mercenaires arabes dans différents pays musulmans. Ce sont ces soldats qui ont mené la guerre en Libye pour le compte des Occidentaux. Après l’assassinat de Kadhafi et la chute de son régime, la plupart des mercenaires sont restés en Libye pour assurer la sécurité. Ces soldats, recrutés par l’intermédiaire des opposants libyens, qualifiés de « tueurs sans pitié » ont été formés par l’Union européenne comme des « gardes-côtes libyens » pour empêcher les migrants venus d’Afrique subsaharienne de traverser de la mer Méditerranée pour gagner l’Europe via l’Italie. Les crimes commis par les « soldats libyens » sur les migrants d’Afrique noire et les violences sexuelles sur les négresses, filmés et diffusés à profusion, sont une stratégie bien réfléchie des pays européens pour décourager définitivement les Africains noirs à « envahir » l’Europe, selon une expression utilisée par les Européens racistes. C’est dans ce but que les vidéos de ces crimes odieux circulent dans les réseaux sociaux. Les soldats qui commettent ces actes horribles sans aucun état d’âme sont au service de l’Union européenne qui les ont formés et qui leur paie un salaire mensuelle pour surveiller les côtes libyennes.

Auparavant, au cours d’une émission télévisée, un Français a eu l’audace de prononcer ouvertement ces paroles malheureuses et choquantes pour s’opposer à l’arrivée des Noirs africains dans l’Hexagone. Il a publiquement dit : « Nous (pays européens) n’irons pas jusqu’à bombarder les pays africains pour mettre fin à l’immigration des Noirs en Europe, mais presque, car leur arrivée met en danger la civilisation européenne qui risque de disparaître si nous ne faisons rien »[1]. La réponse à cette inquiétude, l’Europe l’a trouvée en formant des gardes-côtes libyens qui « bombardent » sans pitié les jeunes Africains noirs pour les empêcher de traverser de mer Méditerranée et surtout pour décourager à distance d’autres jeunes qui ont l’intention de se rendre en Libye pour tenter leur aventure d’atteindre l’Europe.

Le racisme contre les Noirs dans le Maghreb est une très vieille tradition qui a été longuement étouffée pendant le régime de Kadhafi car ce dernier se faisait passer pour un panafricaniste. Sa mort et le refus de l’Union européenne de voir les Africains noirs utiliser les côtes libyennes pour arriver en Europe ont été l’occasion d’étaler ouvertement ce racisme anti noir qui existe depuis l’occupation de l’Afrique du Nord par les Arabes venus d’Asie qui avaient jadis chassé les Noirs de cette partie du continent (de l’Égypte au Maroc) qui leur appartenait.

Lorsqu’on prend en considération la répartition entre nations du monde des ressources naturelles faite par le Créateur, on conclut que les Africains n’ont pas besoin d’Europe pour exister (là où l’Europe a grandement besoin d’Afrique pour son existence, là où sans l’Afrique, l’Europe n’est presque rien). Les Africains possèdent tout chez eux. L’histoire montre que depuis les guerres puniques passant par la traite négrière et la colonisation, ce sont les Européens qui ont toujours ressenti le besoin d’Afrique. C’est pourquoi ils avaient mené des guerres de conquête en Afrique et avaient envahi l’Afrique où ils avaient pratiqué la traite négrière pour leur enrichissement rapide et illicite, avant de coloniser l’Afrique tout entière[2]. Si les Africains au sud du Sahara s’organisent et s’ils se dotent d’une armée, semblable à celle de l’OTAN, pour se protéger du pillage de leurs ressources naturelles et halieutiques, s’ils créent une banque unique et un marché commun, s’ils pacifient et modernisent leurs pays, ils n’auront aucunement besoin d’aller risquer leur vie dans le Maghreb pour gagner l’Europe qui ne leur réserve aucune considération. C’est une question de prise de conscience et de manque d’organisation. Ce sont ces deux facteurs qui retardent le développement de l’Afrique subsaharienne. Si les Africains gagnent en confiance, en dignité et en richesse, les jeunes africains noirs comprendront qu’ils n’ont rien à gagner à se rendre en Europe sinon à se faire régulièrement humilier.

L’Europe qui n’est pas plus riche que l’Afrique n’a jamais été tendre dans ses relations avec l’Afrique. Dans leur volonté atavique de domination, les Européens n’ont jamais épargné les Africains. Si l’Afrique a tout, il lui manque les armes sophistiquées et la détention du savoir diffusé en Occident dans les grandes universités. En vérité, à armes égales, les Africains l’emporteront sur les Occidentaux mais ils ne sont pas encore capables de réunir ce qui leur manque. La nature a doté l’Afrique des ressources naturelles et humaines incommensurables qui ne servent pas au développement de l’Afrique.

Fweley Diangituikwa, le 1 décembre 2017.

[1] Le fait même de le penser et de l’exprimer publiquement montre clairement jusqu’où pourront aller les Occidentaux s’ils entrent en conflit majeur avec les pays d’Afrique subsaharienne. S’ils avaient bombardé les villes de Nagasaki et d’Hiroshima au Japon, on ne voit pas pour quelle raison ils hésiteraient à agir de la même façon contre l’Afrique noire.

[2] À l’exception de l’Éthiopie.

Lu pour vous : CINQ SCENARIOS POLITIQUES AU MATIN DU 1er JANVIER 2018 EN RDC…

5 Oct

CINQ SCENARIOS POLITIQUES AU MATIN DU 1er JANVIER 2018 EN RDC…

Ce samedi 30 septembre 2017 était la date prévue par l’Accord de la Saint Sylvestre pour convoquer officiellement les élections si du moins les congolais voulaient réellement la passation pacifique et démocratique du pouvoir en décembre prochain. Sur le terrain la réalité a été bien différente… Au seuil de ce mois d’octobre 2017, il ne reste plus que trois mois avant l’expiration du délai butoir au-delà duquel le peuple congolais naviguera dans l’illégalité la plus totale, en dehors du cadre constitutionnel et de l’Accord de la Saint Sylvestre, rendant du coup toute institution congolaise illégitime en plus d’être déjà illégale.

En termes clairs, au cas où rien n’est fait selon les dernières prévisions de l’Accord de la dernière chance, celui du 31 décembre 2016, cette étude s’emploiera à explorer anticipativement les différents scénarios que pourra vivre notre peuple dès le 1er janvier de l’année 2018. 

  1. Les élections organisées démocratiquement et un nouveau président pour succéder à J. Kabila. 

Le premier schéma est celui de l’avènement d’un président nouvellement élu conformément aux prescrits de l’Accord de la Saint Sylvestre prévoyant les élections pour avant décembre 2017 prochain. Dans ce cas Kabila, le président sortant, céderait pacifiquement le pouvoir à son successeur qui prendrait les rênes du pays. 

L’on a observé que les tractations de la dernière Assemblée de l’ONU appuyaient ce schéma et ont préconisé la mise sur pied d’un cadre international qui fonctionnerait en appui aux travaux de la CENI. L’organisme américain basé à Washington « Enough Project »  a également proposé le mercredi dernier “un plan pour la conduite d’élections et d’une transition politique conformément à l’accord du 31 décembre et/ou le manifeste récent de la société civile, et où il est admis que Kabila devra quitter ses fonctions avant les élections.”[1] Ce plan prévoit un la nomination d’un médiateur africain idoine et l’implication des groupes des sociétés civiles. 

Toutefois, quand bien même les élections arrivaient à être organisées dans le respect du délai, elles courront immanquablement le risque de se faire dans la grande précipitation. Étant donné qu’il ne reste plus que trois mois sans que l’enrôlement n’ait encore pris fin dans le Kasaï, que  le calendrier ne soit publié et qu’aucun candidat ni aucun programme politique ne soit connu par les électeurs, dans le cas où Kabila acceptera de céder le tablier, le régime de Kinshasa mettra à profit cette précipitation pour pouvoir manœuvrer en vue de placer un élu de la MP très proche de Kabila ou encore un ressortissant du Rassop qui serait en réalité un pion fabriqué de longue date aux fins d’infiltrer l’opposition et de l’asphyxier de l’intérieur lorsque celle-ci cherchera à vouloir imposer une alternative politique. 

Dans un cas comme dans un autre, dans la possibilité d’élection au suffrage universel d’un cadre de la MP ou même d’un de leurs pions du Rassop, un autre danger se pointera à l’horizon : Joseph Kabila, tant qu’il n’est pas mis hors d’état de nuire, agira bel et bien dans l’ombre de ce nouveau pouvoir et pire encore, en gardant mains basses sur tous les leviers de commandement des services de renseignement, des forces militaires et des régies financières à la tête desquels il a placé ses hommes de confiance, il détiendra un immense pouvoir de faire ou de défaire le nouveau magistrat suprême congolais quand bon lui semblera de vouloir réinstaurer son pouvoir avec une nouvelle loi constitutionnelle élaborée à sa guise. 

Avant qu’on y arrive, les congolais sont invités à avoir leurs deux pieds sur terre. Car, malgré l’insistance des uns et des autre Kabila reste vraisemblablement le maître de l’agenda électoral congolais.  Toutes les clefs de solution ou de blocage se trouvent entre ses mains. Et dans sa tête donc, publier le calendrier et organiser des élections équivaudrait à signer son arrêt de mort politique. Voilà pourquoi il a choisi un autre subterfuge de recours à l’art. 220 qui stipule de ne céder le pouvoir qu’à un autre président élu. Sa méthode pour perdurer consistera donc à repousser le plus loin possible l’arrivée de ce nouveau président pour ne pas procéder à la passation du pouvoir. 

Au regard des nombreux facteurs endogènes et exogènes, ce premier scénario est le moins plausible de cinq. Outre l’acharnement de Kabila à s’accrocher au pouvoir, il faut aussi tenir compte des soutiens qu’il reçoit de l’Union Africaine et même des puissances européennes qui nous ont habitués à taper du poing sur la table contre Kabila tout en négociant avec lui en secret.[2] 

C’est suivant cette hypocrisie diplomatique des occidentaux qu’il faut comprendre l’actuelle bataille diplomatique de Kabila via ses émissaires en France, aux USA, en Chine et en Russie pour s’attirer les faveurs de puissants décideurs de ce monde. A ce titre, il est prêt à brader les richesses du pays pour obtenir en échange de garder son pouvoir. Ce n’est donc pas en vain que lors de son séjour aux USA, il a reçu en audience  à huis clos les hommes d’affaires américains, proches de Trump, avec des contrats d’affaire en perspective. 

Ce cas est loin d’être isolé. Les contacts secrets de Frank Paris et Rémi Maréchaux, deux émissaires d’Emmanuel Macron allés rencontrer à Lubumbashi Néhémie Mwilanya et Léonard She Okitundu[3] deux très proches de Kabila puis les récents échanges secrets à Bruxelles des proches collaborateurs de Kabila avec des émissaires du président de la commission européenne et les rumeurs persistantes sur la nomination d’un nouveau premier ministre pour contenter ses partenaires occidentaux, ces trois facteurs mis ensemble doivent mettre un frein à l’immense aspiration béate des congolais à l’exercice de leur droit souverain d’élire un nouveau président. Ce, pour la simple raison que ces faits ci-haut énumérés démontrent que Kabila n’a pas perdu du vent en poupe et que les lobbies euro-américains qui l’ont placé là en 2001 ne sont peut-être pas encore prêts à le lâcher… 

  1. Les élections non organisées et « une transition sans Kabila ». 

Le deuxième schéma est celui dans lequel le peuple congolais atterrit au soir du 31 décembre 2018 sans jamais avoir pu organiser les élections libres et démocratiques. 

C’est le schéma annoncé sans ambages par le Rassemblement de l’opposition à Moussa Faki, le président de la Commission de l’Union Africaine lors de sa visite à Kinshasa le jeudi 28 septembre dernier. En résumé, la délégation du Rassop conduite par Martin Fayulu lui a dit les points ci-après : la démission obligatoire de Kabila de ses fonctions présidentielles avant le 31 décembre 2017, le départ immédiat de Naanga de la CENI ; la dissolution de toutes les institutions à mandat électif et la mise en place d’un gouvernement de transition.[4] 

C’est de cette manière que le Rassop entend mettre en exécution son plan de sauvetage de la Nation  consistant à imposer une transition sans Joseph Kabila pour la simple raison que lui et son exécutif auraient failli à la tâche d’organiser les élections et que pour cette raison, ils auraient perdu toute crédibilité devant l’opinion publique congolaise et devant les partenaires internationaux. 

Si cela se produisait de cette manière, il importera d’envisager deux pistes. 

La première piste verrait le président du Rassop automatiquement investi président de la transition. Ce qui n’ira pas de soi au regard des ambitions démesurées des politiciens congolais et des risques sérieux que les partenaires de cette plate-forme s’empoignent dans une guerre fratricide et intestine portant chacun à vouloir prendre le commande de la transition. Les conséquences collatérales de ce choix, c’est de voir se réveiller les vieux démons de l’opposition congolaise encline à ne jamais porter dans la durée un idéal patriotique commun. C’est en ce moment précis que pourront passer à la contre-attaque, les forces négatives préparées de longue date par Kabila, infiltrées dans le rang de l’opposition et se rendant prêtes à opérer en faveur de leur maître. 

La seconde piste serait d’attribuer la direction de la transition à un homme de la société civile, n’appartenant à aucune famille politique et qui ne nourrit d’aucune ambition politique pour se porter candidat à la magistrature suprême. Ce serait alors l’application du schéma centrafricain avec madame Catherine Samba-Panza qui était tenue de se retirer du pouvoir après la tenue des élections présidentielles. 

Admettons que dans le cas de figure, le choix tombait sur le docteur Denis Mukwege comme le suggèrent beaucoup de stratèges de l’élite intellectuelle congolaise (cfr. Patrick Mbeko) ou de nombreux dirigeants de l’Union européenne ou différentes ONGS nationales et internationales. 

Cet homme jugé intègre et œuvrant au milieu d’un peuple traumatisé dont il panse les plaies et « répare » les femmes violées, s’avère du reste un acteur crédible de la société civile congolaise qui de surplus bénéficie de l’appui de grands de ce monde. Un facteur important qui le rend capable de recueillir l’adhésion tant nationale qu’internationale tout comme un atout de taille pour pouvoir rassembler des moyens financiers suffisants pour la gestion économique du scrutin électoral. De par son expertise, son expérience de terrain et sa maîtrise de la roublardise des rwandais voisins dont il sait contourner les pièges, Denis Mukwege donne mieux que tout autre congolais, toutes les garanties de réussite de la noble et grande mission de la transition qui pourra lui être impartie en vue de porter le Congo de Lumumba vers un État de droit. 

J’attire cependant l’attention des congolaises et des congolais sur le fait que le docteur Denis Mukwege ne pourra réussir cette mission qu’à quatre conditions préalables. 

Primo, qu’il se rende capable de nettoyer les écuries d’Augias de la Ceni qu’il doit commencer par auditer et rendre apolitique et indépendante. 

Deuxième condition : discuter avant tout du statut de l’ex-président Kabila qui risque de constituer une force négative et un danger permanent pour la démocratie en RDC et, par voie de conséquence, exiger le contrôle total des forces policières et militaires durant la transition pour assurer un climat serein et pacifique au processus électoral. 

Troisième condition : commencer dès maintenant à prendre contact avec la matière grise de la société civile de toutes les provinces de la RDC pour avoir le temps de mûrir sa décision et de s’informer sur l’itinéraire de ses éventuels collaborateurs pour parer à toute surprise désagréable. Cette méthodologie lui permettra de former, le moment venu, un gouvernement de transition fort équilibré, ne comportant aucun acteur politique traînant derrière lui des casseroles ou ayant déjà collaboré avec des ennemis du Congo. Le critère de ce gouvernement de transition .devant être uniquement l’aptitude à travailler uniquement pour l’amour de la patrie. 

Quatrième condition : La manière dont Denis Mukwege aura à gérer le rapport avec les puissants de ce monde qui lui ont décerné des prix  à travers les grandes capitales de l’Occident afin de ne pas se laisser instrumentaliser par eux. C’est d’ailleurs avec raison que Jean-Pierre Mbelu émettait ses réserves à ce sujet et attirait l’attention de Denis Mukwege sur les pièges des ultralibéraux mondialistes qui ont l’art de se servir des états comme proxies (…) ou des individus en qui une frange importante de la population place sa confiance[5]. Ces avertissements valent leur pesant d’or. Le conseil que je peux prodiguer à Denis Mukwege, c’est de savoir et de pouvoir jouer au plus malin pour se rendre capable de défendre l’intérêt supérieur de la Nation envers et contre tout. 

Vu qu’au stade actuel, aucun congolais  ne peut avoir un début de contrôle du destin de ce grand pays (qui a fonctionné comme une colonie internationale depuis 1885) sans des alliances solides parmi les antiques décideurs sur le sort de ce pays, le problème résiderait dans la capacité de celui qui préside aux destinées du Congo de savoir identifier clairement les intérêts vitaux de ce pays à moyen et à long terme et de savoir manœuvrer au milieu des caïmans pour faire avancer le navire Congo. Cette question sera cruciale et pour le président sensé conduire la transition et pour celui qui sera élu dans la suite au suffrage universel. Pour ce faire, les deux acteurs-clé de l’avenir du Congo-Kinshasa auront tout intérêt à s’entourer des services précieux d’un Think Tank aguerri en géopolitique, travaillant en synergie avec les services de renseignement qui lui fourniraient des informations précises en temps réel pour devenir véritablement une officine de stratèges commis à conseiller les mandataires de l’État et à les aider à prendre la bonne direction. 

  1. Les élections non organisées mais assorties d’un glissement sous Kabila 

Il s’agit à ce stade du refus de Kabila pour une passation pacifique du pouvoir et de l’application en territoire congolais, du schéma de Nkurunzinza au Burundi. 

Le constat actuel est que les nombreuses promesses de Kabila en vue d’organiser les élections en RDC ressemblent à un enfumage parce que le concerné refuse catégoriquement de se soumettre à l’article 220 de la Constitution qui lui interdit d’aller au-delà de deux mandats constitutionnels. Ayant essayé par tous les moyens de contourner la loi, Kabila se sent coincé de toute part. Ses grandes réticences à se prononcer là-dessus tout comme son refus de nommer un dauphin pour représenter sa famille politique au prochain scrutin présidentiel conforte les craintes d’ Herman Cohen qui lui a rendu visite à New York (sur invitation de Kabila) et à qui il a fait comprendre, entre les lignes, sa volonté de glissement pour longtemps[6]. 

Dans ce contexte, deux voies  plausibles s’ouvrent. 

Soit Joseph Kabila se décide de diriger la RDC par défi selon le schéma qui a été appliqué au Burundi soit alors, dans une stratégie consistant à couper l’Est de l’Ouest, il se résoudrait à créer une zone-tampon tant pour y créer un petit état indépendant avec l’option de reconquérir la RDC que pour s’en servir comme une base-arrière en vue de relancer le projet cynique de la reconquête du Congo de Lumumba. C’est aussi dans ce contexte qu’il faut comprendre les efforts diplomatiques de Kabila pour s’attirer les faveurs de la France moyennant des grandes concessions à caractère économique[7] et ce, en vue de pouvoir diviser les cinq membres du Conseil de Sécurité de l’ONU vis-à-vis de son futur projet politique. 

L’analyste politique, Christophe Habonimana, nous informe qu’au mois de février 2017, le patron du Service de Renseignement (SNR en sigle) au Burundi a apposé sa signature sur un mémorandum d’entente entre le mouvement rebelle des maï-maï Yakutumba et l’État du Burundi afin de collaborer ensemble en s’accaparant tout l’Est de la RDC quitte à mettre des bâtons dans les roues de tout mouvement rebelle burundais.[8] 

Les Maï-Maï s’en mordront bien les doigts quand ils s’apercevront que l’État burundais joue un double jeu avec Kinshasa. Il y a comme une conspiration entre eux ou l’exécution en cours d’un plan macabre qui permettrait au Président Joseph Kabila de demeurer dans son fauteuil présidentiel. Cette connivence de longue date entre Kabila et Nkurunzinza, entre Bujumbura et Kinshasa pourra donner une tournure inattendue à la crise congolaise dans le prochain avenir. 

Dans cette première hypothèse où Kabila se serait décidé de diriger le Congo par défi, les congolais devront s’attendre à découvrir un Kabila doublement plus cruel que dans le passé. Tous les préparatifs en termes d’achat des armes sophistiquées, des alliances avec des nombreuses milices étrangères déjà en place au Congo, des forces spéciales sans parler de l’installation des bataillons rwandais dans les zones chaudes et réfractaires à son pouvoir, allaient dans le sens de parer à pareille  éventualité. Tous ces gros moyens sont prêts pour perpétrer des massacres en masse pour pouvoir bâillonner les velléités de libération de tout un peuple. Mais cette violence extrême peut devenir pour Kabila un couteau à double tranchant.  Elle peut tourner en sa faveur tout comme en sa défaveur au point où l’opinion internationale s’y mêlait et l’accusait de crimes contre l’humanité. 

Dans la deuxième hypothèse de créer une zone-tampon, des informations persistantes venant des sources fiables donnent à Kabila le projet de délimiter sur le Sud Kivu via la plaine de Ruzizi, Uvira et Fizi, un territoire de plus de 300 kilomètres carrés à l’Est du Congo. Territoire où il compte s’établir comme président, y emportant les 15.000 militaires de sa Garde Républicaine. 

C’est dans cette optique qu’il faille inscrire les récentes gesticulations de la fausse rébellion du Mai Mai Yakutumba. Dans la vidéo diffusée sur la toile à partir de Makobola,  le colonel porte-parole nomme cette rébellion comme le Coalition AA64, à savoir la Coalition de l’Alliance pour l’Article 64 ayant pignon sur rue à Uvira, à Rutsuru, à Masisi et à Beni, cette aire géographique là même où justement se profile la délimitation de cette nouvelle républiquette. 

D’autre part, il faut bien se méfier des déclarations incendiaires de ce colonel contre Kabila dont il promet de renverser le pouvoir. Le Mouvement du 23 mars, en sigle M23, (remarquez des similitudes dans la dénomination) prétendait lui aussi en 2012 « rétablir la vérité des urnes en faveur du candidat Etienne Tshisekedi alors que l’ex-CNDP dont ses combattants étaient issus avait fusionné avec la plate-forme politique de Joseph Kabila et l’avaient fortement soutenu pendant ces mêmes élections contre le même Tshisekedi »[9] qu’ils prétendaient soutenir. 

Les événements militaires d’Uvira font étalage de la stratégie de mensonge et de diversion propre aux rwandais et aux héritiers de l’AFDL en poste à Kinshasa. Tenez ! Le meneur de mouvement AA64, répondant au nom de William Amuri Yakutumba est un un ex-officier des FARDC et, bien curieusement, il n’est personne d’autre que le cousin de Néhémie Mwilanya, l’actuel Directeur de cabinet de  Kabila en  même temps qu’il s’avère être un très proche du président Kabila et de Kalev Mutond. Au dire de plusieurs sources, cet officier supérieur aurait été chargé par la kabilie d’infiltrer les milieux Mai Mai et donc dans ces conditions, l’on n’ a pas besoin d’être intelligent pour comprendre que cet officier agit « en service commandé » à Uvira. 

Cette masse d’informations sur l’identité de cet officier supérieur illustre la complexité dudit dossier dès lors que l’on sait que ce groupe Mai Mai dont se réclame William Yakutumba, possède, tout comme Joseph Kabila, sa base-arrière au Burundi. Bref, et les Mai Mai et Kabila traitent avec un seul et même allié burundais. Trop de convergences parallèles pour ne pas y voir une énième rébellion fabriquée juste pour ruser l’opinion congolaise qui louerait le sens patriotique de ces faux rebelles là où le commanditaire de ce derniers qui tire les ficelles vise simplement à bloquer les élans congolais à leur libération à l’approche du délai butoir du régime de Kinshasa. 

Devant le refus catégorique du peuple congolais de le voir rempiler, d’autres sources concordantes basées à l’Est affirment que « Joseph Kabila tiendrait en réserve des troupes dans la région de Bujumbura, au Burundi, pour attaquer l’est de la RDC et qu’il aurait choisi le pays de Nkurunziza (le Burundi) comme arrière-base de l’invasion à partir de laquelle il envisage lancer  des attaques sur le Sud-Kivu via la plaine de Ruzizi, Uvira et Fizi pour en faire un état indépendant. Ce qui du coup nous fournit un faisceau de lumière sur le déplacement au mois d’août dernier à Bujumbura, de la jeunesse PPRD dans le cadre d’échange stratégique avec la milice du pouvoir Burundais nommée « Imbonerakure »[10] et sur d’éventuels préparatifs en cours avant le jour J. 

  1. Une révolution de palais ou un coup d’état militaire 

La courbe descendante de Joseph Kabila, pourtant resté loyal avec le système de prédation du Tutsi Power qui l’a fabriqué et fait roi, confère de plus en plus au président congolais le statut d’un allié gênant et encombrant à cause du rejet massif dont il est victime soit à l’intérieur de la RDC soit à l’échelle internationale. 

Pour empêcher le peuple congolais de se soulever ou de prendre sa revanche sur celui qui a décimé six millions de ses enfants et pour garantir leur contrôle sur le sol et sous-sol congolais, Yoweri Museveni et Paul Kagame s’arrangeraient pour provoquer une révolution du palais. Ayant leurs affidés au niveau des services de renseignement et au haut sommet de FARDC dont le rwandais Charles Bisengimana se prépare à être nommé chef d’état-major dans les tout prochains jours.[11]  Ils auront donc le pouvoir de téléguider un coup d’état et éventuellement l’assassinat de 

Des très proches du général Mundos ont livré des confidences ultrasensibles selon lesquelles, pour porter à terme le projet de création d’une républiquette de 300 kilomètres carrés, Kabila « s’appuie sur les efforts de certains généraux corrompus des FARDC dont le général Mundos avec les autres tels que Delphin Kahimbi, Olenga, John Numbi, Gabriel Amisi, Rugahi, Bonane et toute la gamme des officiers rwandophones qui patronnent l’armée congolaise et qui doivent collaborer avec le gouvernement rwandais, le principal pilier de la machination et  bénéficier du soutien des Imbonerakure, la milice du pouvoir en place au Burundi.».[12] 

Même si Kabila a pris la précaution de former un bataillon des zimbabwéens pour sa sécurité rapprochée, ces derniers ne pourront pas lui garantir une protection à cent pour cent en face de ces officiers supérieurs qui verraient dans leur transfert vers les plaines de Ruzizi, un énorme désavantage face à la dolce vita vécue jusque là à Kinshasa, bien loin de zones de conflits. Leur refus de prendre de risque pour Kabila contre leur vie personnelle pourrait bien inspirer la bravoure d’un loup solitaire ou encore d’un groupe de hauts officiers pour éliminer physiquement le Rais. Si personne de ces officiers n’aurait le courage de franchir le Rubicon, il faut mettre en exergue la véritable crainte de Museveni et de Kagame vis-à-vis de l’épée de Damoclès de la CPI suspendue sur la tête de Kabila et donc la possibilité que ce dernier une fois arrêté, livre des secrets accablants pour les deux faiseurs de roi à propos des millions de morts congolais dont ils sont tous comptables. Le faire assassiner avant qu’il ne soit arrêté et ne témoigne, resterait pour eux comme la meilleure des options. 

Ne perdons pas de vue le dépôt d’une double plainte à la CPI le 15 août 2017 dernier par deux partis d’opposition rwandaise et par l’APRODEC respectivement contre Sieur Paul Kagame pour les opposants rwandais et contre Sieurs Paul Kagame,  Yuweri Museveni et Joseph Kabila de la part de l’asbl belge. Les deux parties requérantes ont déposé des dossiers bien fouillés pour que la CPI se saisisse d’innombrables plaintes contre Kagame, Museveni et Kabila qui tous trois portent à leur actif plusieurs guerres ayant occasionné de millions de morts, des nombreux déplacements de populations, des viols des femmes, l’enrôlement des enfants sans parler des pillages inouïs des richesses de la RD Congo. 

Dans pareil contexte explosif où Kabila venait déjà d’être approché par la Procureure Fatou Bensouda lors de son dernier séjour à New York pour pouvoir répondre à une convocation de la CPI en novembre prochain, ses anciens alliés peuvent prendre cet acte comme signe avant-coureur d’une future réaction judiciaire en chaîne qui aura des effets dévastateurs sur les protagonistes de ce système d’occupation. Ainsi donc, précipiter un coup d’état en RDC ou organiser carrément un assassinat de Kabila permettraient au Rwanda tout comme à l’Ouganda de faire une fuite en avant en changeant la donne politique pour modifier le cours des événements. Supprimer ce témoin gênant leur permettra au final de garder la haute main sur la nomination du successeur de Kabila. A la lumière de ce qu’ils avaient fait d’Ernest Wamba Wamba à la présidence du RCD ou de Mzee Kabila à la présidence de la RDC, ils pourraient alors mettre en exécution leur vieille méthode de nommer PROVISOIREMENT un sujet d’origine congolaise avant de l’écarter ou carrément de le tuer pour le remplacer par un frère du sérail tutsi. Le résultat ? Ce sera le retour à la case du départ. Le retour à l’occupation congolaise par une clique étrangère avec un nouveau cheval de Troie. Kabila tomberait mais le système de prédation resterait intact. 

  1. L’implosion des masses populaires congolaises frustrées et désespérées 

Un facteur non moins négligeable dans la future dynamique des événements, c’est bien la réaction de plus en plus incontrôlable des masses populaires à qui vivre ou mourir ne comportent plus beaucoup de différence. Ce ras-le-bol des populations devant l’inertie du pouvoir politique peut engendrer des situations imprévisibles dans un proche avenir. Ce sera alors à l’image d’une marmite mise au feu et dont la pression de l’eau bouillante fait sauter le couvercle… 

La crise économique actuelle conjuguée à un horizon réellement bouché de leur avenir peut le plonger dans un tel désespoir qu’arrivée au 31 décembres sans une solution politique claire et plausible, les masses populaires congolaises implosent dans une réaction de masse pour déboulonner les fondations du système d’occupation mis en place par l’AFDL. 

Se sentant trahi par ses mandataires et abandonné par ses leaders politiques de l’opposition qui auraient démontré leur inefficacité manifeste, le peuple congolais se décide alors de se prendre lui-même en charge grâce aux nombreux appels de pied des leaders de la société civile. 

Faut-il encore que ces masses populaires comprennent ce qui distingue le plus mauvais architecte de l’abeille la plus experte. Le premier a construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche. Le résultat auquel le travail aboutit préexiste idéalement dans l’imagination du travailleur. Ces manifestations populaires ne feront pas long feu  si elles ne naissent pas des convictions solides longuement méditées, discutées et conçues pour être enfin imprimées dans la pensée des protagonistes et qu’elles ne poursuivent un idéal  pour la réalisation duquel  chacun est prêt à donner sa vie. 

Ici, de nombreuses expériences ont démontré dans le passé l’infécondité des manifestations populaires dans les rues. Cette implosion populaire pourra arriver à chasser Kabila et son régime à  la seule condition qu’elle soit préparée et encadrée par des stratèges et portée sur la durée pour semer doute et panique dans le camp adverse. Ce qui demande une grande coordination des forces locales et celles de la diaspora, des moyens financiers conséquents pour nourrir les milliers qui feront le front pendant des semaines. 

Le travail titanesque d’éducation civique amorcé depuis des mois par la Cenco via ses nombreuses commissions Justice et Paix diocésaines et paroissiales pour neutraliser la bande de criminels qui a pris en otage le destin du peuple congolais puis la jonction, tout dernièrement à Bruxelles, de ce travail de la Cenco avec Sindika Dokolo et de nombreux activistes de la société civile ayant mis sur pied l’opération « Debout le Congo » pourra être d’un grand prix dans les jours qui viennent à condition de se donner un seul leader qui coifferait toutes leurs initiatives et leur donnera une coordination et une orientation politiques. Ce serait de bon aloi que cette société civile prenne langue avec Denis Mukwege pour coordonner les forces en vue de rendre leur stratégie plus efficace contre le Léviathan. 

En fin de compte, le peuple congolais se libérera totalement quand à l’issue de cette implosion, il se reconstituera en masse critique repensant son histoire, passant, comme le suggère Achille Mbembe, du paradigme de la réfutation à une parole affirmative, le rendant confiant en lui-même[13]. Il pourra enfin commencer à parler de lui-même, de son bien-être et de celui de générations futures de ses enfants et petits-enfants. Tant qu’il se cantonnera dans la logique du contre-discours, il restera toujours dans la sidération d’un discours dominant et dans la fascination de celui qui a occupé ses pensées depuis l’entrée de forces de l’AFDL. Grâce aux effets collatéraux de cette implosion populaire,  l’heure sera  alors venue de se libérer dans son mental en vue de libérer ses énergies intellectuelles et spirituelles pour  se remettre enfin sur le devant de la scène. 

Que faire désormais? 

Conformément à ce que  nous avions annoncé anticipativement il y a deux années via deux études bien fouillées[14], dans le contexte actuel de la région des Grands Lacs, la crise qui secoue le Burundi est un puzzle dont les pièces du conflit sont disséminées dans une stratégie de ruse, qui mêle apparence et réalité pour fixer la force ennemie sur un leurre et pour concentrer ses forces sur son lieu de dispersion. Ainsi donc, derrière la crise burundaise se dessinaient déjà depuis deux ans, de grandes manœuvres politiques qui annonçaient une redistribution des cartes suite aux échéances électorales à venir qui devraient se dérouler au Burundi (2015), au Rwanda (août 2017) et en RD Congo (d’abord prévu en décembre 2016 puis renvoyé plus tard en novembre 2017). Les deux premiers ont déjà franchi le cap. Reste le troisième acteur du club. Que les congolais sachent d’ores et déjà que toute transition concédée à Kabila au-delà de décembre 2017 donnera du temps et des moyens nécessaires pour pérenniser son pouvoir à l’instar de Kagame et de Nkurunzinza. 

Pour tout dire, un simple regard rétrospectif nous enseigne que  le triumvirat Kagame-Nkurunzinza-Kabila avance méthodiquement pour la conservation du pouvoir au-delà des limites constitutionnelles. Ce triumvirat s’adapte aux nouvelles circonstances tant il est vrai que le contexte actuel de la résistance qui a commencé à comprendre son modus opératoire devient plus vigilant et plus alerte. 

La ruse a toujours été la meilleure arme de ces trois hommes politiques. La ruse et la surprise pour être plus complet. Ils s’affairent à ce que l’adversaire ne s’imagine pas quand, où et comment ils vont attaquer. Ils tentent de s’adapter sans hésitation ni distraction de manière flexible au rythme de l’adversaire qui commence à vouloir défendre ses positions. Eux se muent… Ils changent… Chacun de ces trois acteurs acteur joue au caméléon pour prendre les couleurs de son environnement et dissimuler ses intentions profondes. Chacun joue contre la souveraineté de son propre peuple. Au pire, chacun est aussi susceptible de jouer contre les intérêts de ses propres alliés au sein du même club des dictateurs.  Toutefois, si l’adversaire direct de ce club (peuple congolais) ne s’attend pas à leur attaque, alors ils attaqueront. S’il les attend, ils n’attaqueront point. 

Voilà à quoi nous devons veiller les jours qui viennent : ne pas nous laisser distraire dans cette guerre faite de désinformation et de ruse à l’instar des opérations sur terrain qui viennent d’être lancées cette semaine à Uvira mais qui pourront les jours à venir s’étendre jusqu’à Kinshasa[15], le siège des institutions et le symbole de l’imperium du pouvoir en RDC. Le Kivu et l’Ituri étant la poudrière des Grands Lacs et l’axe central de stabilité et de sécurité des états de la région[16], il nous faut voir au-delà des apparences et tracer la véritable trajectoire que suit l’action politique et militaire du triumvirat ci-haut cité pour ne pas nous laisser dicter les règles d’un jeu politique qui nous ôterait l’initiative. De souveraine, notre liberté d’action deviendra piteusement contrainte et imposée du dehors prolongeant ainsi ad vitam notre servitude. 

Voulons-nous, nous peuple congolais, gagner cette guerre ? Voulons-nous vraiment nous débarrasser une fois pour toutes de ce système d’occupation inique et cruel ? Alors prenons en grande considération l’avis d’André Beaufre : « le vainqueur d’un conflit est celui qui sait maitriser l’interaction des volontés des protagonistes, c’est-à-dire son jeu, celui de son adversaire et la confrontation de deux qui s’adaptent au changement de circonstances. C’est à partir de cette dynamique évolutive qu’il conviendrait de concevoir et de conduire toute stratégie… Dans ce face-à-face tactique, l’action de l’un lie celle de l’autre, mais le stratège qui le comprend effectue un premier pas vers la victoire. » 

Le sixième stratagème chinois consistant à faire beaucoup de bruit à l’Est pour attaquer à l’Ouest est en voie d’exécution. Des signes avant-coureurs s’accumulent à l’Est qui nous indiquent la direction des efforts déployés par le triumvirat aux fins d’entraîner notre désintégration politique et de nous faire accepter l’inacceptable, à savoir les nouvelles conditions de gouvernance qu’il veut nous imposer. D’où l’urgence continuelle du monitoring de l’esprit adverse pour pouvoir nous élever au-dessus de ses desseins et nous rendre capables de lui dicter notre initiative à nous et de parvenir enfin à la victoire de l’instauration d’un État de droit. Voulons-nous réellement commencer la nouvelle année 2018 dans la liberté ou dans la servitude ? A chaque congolais de donner sa réponse…