Monsieur Mastaki Bayange,
Vous avez été très clair et très précis car votre pensée est fluide.
J’en veux à l’aîné Albert Kisonga parce qu’il confond les époques et les individus. Je m’explique : en 1960, le Congo venait d’acquérir son indépendance et il n’y avait pas suffisamment de cadres pour contribuer au développement du pays. D’où le souhait de Lumumba de collaborer avec les cadres étrangers afin de former les nationaux. En 2016, le contexte n’est plus le même, le Congo a ses cadres bien formés qui sont capables de redresser l’économie du pays. Au sortir de l’apartheid en Afrique du Sud, le pays s’est retrouvé dans le même contexte que le Congo de 1960. D’où le souhait de Mandela de collaborer avec les cadres étrangers afin de former les nationaux. Plusieurs Congolais sont allés travailler en Afrique du Sud : des maçons, des médecins, des professeurs d’universités, etc. Lumumba et Mandela qui avaient lutté pour l’indépendance ne pouvaient jamais souhaiter le retour de la recolonisation, comme le souhaite l’aîné Albert Kisonga qui est, dans son raisonnement, toujours dans le contexte de 1960. Puisqu’il n’a pas évolué, il devient dangereux.
La volonté de dialoguer commence par l’ouverture, or, l’aîné Albert Kisonga refuse de s’ouvrir, il reste figé dans son idée de la supériorité blanche et de l’infériorité nègre, un peu comme dans la logique de Léopold Sédar Senghor qui disait que la raison est hellène tandis que l’émotion est nègre. En le disant, Senghor oubliait qu’il était lui-même un Nègre. Aussi, l’aîné Albert Kisonga oublie qu’il est un Nègre mais pour lui seuls ses compatriotes sont des Nègres à recoloniser. Je ne partage donc pas l’idée que « nous ne serions pris que dans nos propres perceptions projetées chez l’autre, notre interlocuteur ». C’est parce que nous voulons la participation pleine de l’un et de l’autre dans un contexte de réciprocité que je refuse de « tomber dans des monologues improductifs et calomniateurs ». Je rejette les propos abjects de notre aîné car j’aimerais amorcer un dialogue sincère (en diades ou triades) et constructif.
C’est parce que je ne suis pas proche de l’aîné Kisonga que je refuse de croire dans sa manière de raisonner car il est – sous cet angle-là – à l’opposé du monde tel que je le pense dans mon for intérieur.
Ne tâtonnons plus.
1) Si nous avions des patriotes bien formés à la tête du pays, qui mettaient la sécurité du Congo et le développement au-dessous de tout, la ville de Bukavu que le compatriote Kisonga avait connue n’aurait pas subi de destruction car dès la première invasion rwandaise l’Etat aurait envoyé rapidement des bataillons de soldats le long de la frontière et aurait éparpillé les Hutu (qualifiés tous de FDLR) à travers le pays pour enlever tout prétexte à Kagame de s’installer à l’Est de notre pays pour piller nos ressources naturelles. La beauté de cette ville serait toujours là et le peuple serait joyeux et reconnaissant envers l’autorité étatique. Notre pays n’aurait pas connu les 8 à 10 millions de morts et les bébés, les filles et les femmes ne seraient pas violées. Ce sont l’indifférence, la complicité avec les puissances ennemies et l’inaction des dirigeants congolais qui expliquent la situation actuelle. Il faut nommer clairement les responsables et ne pas culpabiliser tous les Congolais. Si les dirigeants luttaient contre l’impunité, Bukavu et l’Est de notre pays n’auraient pas connu autant de destructions accomplies parfois par des Congolais, « souvent parmi les plus formés», à la recherche d’un enrichissement rapide et illicite. L’impunité explique en grande partie la dérive que nous connaissons, déplorons et condamnons. À cause de cette impunité, l’aîné Albert Kisonga « a côtoyé la barbarie inimaginable du Noir congolais qui a même bouffé son premier Premier ministre élu… ». Voilà pour quelle raison, « Aujourd’hui, nous parlons de plus de 6 millions de morts et d’un nombre très élevé de violence sexuelle à l’encontre de nos enfants, nos mères et sœurs, etc. ». Nous devons dire clairement que ce ne sont pas les Congolais dans leur ensemble qui sont responsables, mais ceux qui commandent la force du feu, ceux qui sont payés pour assurer l’intégrité du territoire. Comme vous le savez, notre pays est dirigé par un conglomérat d’aventuriers et d’opportunistes. Ce n’est pas moi qui le dis mais Laurent-Désiré Kabila qui l’a dit. Or, ce conglomérat se soucie plus de son enrichissement rapide et illicite que de la sécurité des Congolais. Il ne cherche pas à unir l’« intelligence nationale » mais à la désunir en s’inscrivant dans la logique de diviser pour régner. La preuve, le Gouvernement qui a accepté l’idée du dialogue est incapable de passer à l’action plusieurs mois après sa convocation. C’est tout simplement honteux.
2) Nous avons des cadres peu utilisés, mal utilisés ou tout simplement pas du tout utilisés. Pour citer deux exemples : Combien d’ingénieurs sont sans travail ou ont un travail très précaire qui ne les nourrit pas ? Combien de fois notre pays a-t-il fait appel à l’expertise de la diaspora pour contribuer au développement du pays, comme d’autres pays le font régulièrement, en commençant par citer la Chine (lire mon livre Fweley Diangitukwa, Les migrations internationales, Paris, L’Harmattan, 2008, 290 pages) ?
3) L’intelligence est-elle la faculté la mieux partagée parmi les Congolais ? Chez nous, les moins formés sont plus riches que les plus formés. Prenez les cas de Joseph Kabila, Jaynet, Zoé, etc. Ils sont mieux payés que les professeurs d’universités qui rédigent leurs travaux. Au Congo, il faut être un voyou ou un seigneur de guerre pour prétendre à l’enrichissement lorsqu’on a rien reçu par héritage. Le décideur politique n’accorde aucune importance à « l’autre facteur (qui) est le plus déterminent : l’acquis (social) ». Il est vrai que « si Mozart était né au Congo ben, il ne serait pas le Mozart qu’on connaît ! ». Mais cela n’aurait pas été la faute des Congolais mais de ceux qui avaient organisé la traite négrière et la colonisation. Cela, il fallait le rappeler au frère mariste, Alvouet Roger qui aimait citer l’exemple de Mozart à Nyangezi où vous, compatriote Mastaki Bayange, avez étudié. Toutefois, le Congo a produit ses Lomami, Mudimbe, Ngal, Kadima Nzuji, Lomomba Emongo, etc. Certes, nous devons faire plus mais il faut avant tout sécuriser et stabiliser le pays car il n’y a pas de développement sans l’accomplissement de ces facteurs. Il faut en plus distribuer l’eau et l’électricité et entretenir les routes pour faciliter le développement par le transport.
4) Vous dites : « Oui, c’est connu : plusieurs cadres rdcongolais évoluant à l’étranger sont les clés de succès de leurs milieux professionnels ! Oui, mais, ôtez-les de ces cadres d’action conçus ailleurs, ramenez-les en RDCongo, et vous les verrez échouer… ». Vous avez raison, mais puisque nous le savons, nous devons créer ces cadres manquants dans notre pays. Si Katumba Mwanke, Joseph Kabila, Jaynet, Zoé, et d’autres ont pu réunir des milliards de dollars en peu d’années en pillant les ressources du Congo, cela signifie qu’il est possible de créer des cadres de travail favorables dans notre pays. Il suffit pour cela de mettre des dirigeants probes et compétents dans les postes clés, de lutter contre la corruption et l’impunité, de stabiliser le secteur bancaire, de créer des emplois, etc. Le développement du Congo est avant tout une question de volonté politique. Pourquoi le Botswana – qui est un pays africain comme nous – réussit et nous échouons ? Donc, « ce n’est pas l’intelligence des individus qui manque dans notre pays », mais la volonté de bien faire pour mettre en place l’intelligence-cadre, bien pensée et supervisée par un système de gouvernance basée sur une surveillance mutuelle : public/privé et privé/public. Dans notre pays, la collaboration du secteur privé dans l’action publique est complètement ignorée et l’action de la société civile est également ignorée par les décideurs politiques.
Oui, vous avez raison de dire : « Et là, nous n’y sommes pas encore et ma crainte est que nous ne puissions pas y arriver parce que beaucoup ne voient pas ce vide béat qui risque de nous engloutir toutes et tous : le manque éternel de cadres d’action ». Seuls ceux qui sont conscients peuvent être capables de combler les lacunes, dans le cas contraire, on réfléchit comme l’aîné Albert Kisonga qui démissionne et qui fait appel aux Blancs pour recoloniser le Congo car il se sait incapable de réunir les intelligences nécessaires et susceptibles de doper ou de booster le pays. Ceux qui ont bien compris les arcanes du pouvoir ne peuvent pas « en tout temps faire et défaire le principal cadre (qui est) la constitution du pays ». Ceux-là évoluent en mettant des garde-fous et en se projetant constamment dans le futur, en mettant un accent particulier dans les secteurs promoteurs de formation, en refusant de s’établir dans le provisoire.
5) Peut-on prétendre être un grand patriote lorsqu’on méprise ses propres compatriotes et qu’on s’émerveille devant les étrangers – uniquement parce qu’ils sont Blancs, comme le dit régulièrement le compatriote Kisonga ? Je me pose la question.
Non, le jour où j’aurai une parcelle de responsabilité, je ne me fierai jamais à « des intelligences qui, hors de cadres établis d’actions, sont plus barbares que quiconque », mais je chercherai des cadres compétents et responsables. Je réfléchirai toujours deux fois avant d’agir. Je punirai ceux qui seront fautifs et j’accepterai d’être puni si je suis fautif. Au lieu que l’élite détruise le Congo-Zaïre, je la pousserai à mettre ses talents au service de la nation pour ne pas donner raison à l’aîné Albert Kisonga qui prône la recolonisation de notre pays. Alors, à ce niveau, nous aurons tout à exhiber fièrement.
Oui, je partage le fait qu’: « il faudrait qu’une infime minorité en son sein arrive à créer un CADRE DE PRODUCTION où toutes ces intelligences pourraient éclore positivement pour l’intérêt supérieur de la Nation ». Or, ce cadre existe déjà au Congo et dans la diaspora. Il suffit que de véritables hommes d’Etat accèdent au pouvoir pour que tout change. Le Congo d’aujourd’hui n’a plus besoin d’une expertise étrangère pour gouverner la République car l’expertise locale est suffisante. Le Congo fera appel à l’expertise étrangère uniquement dans des domaines où cette présence est indispensable.
Ce sont les Congolais bien formés, compétents, consciencieux et probes et qui ont longuement réfléchi à l’avenir de notre pays avant d’accéder aux postes de décisions qui changeront bénéfiquement le destin du Congo. Nous ne pourrons pas agir autrement. Demain, nous placerons la bonne personne à la bonne place pour ne pas échouer.
J’ai cherché à être clair et direct, sans fioritures. Je vous remercie.
Fweley Diangitukwa
www.editions-mondenouveau.com
http://www.fweley.wordpress.com
Gesendet: Dienstag, 17. Mai 2016 um 03:04 Uhr
Von: « MastakiBayange via Congokin-tribune » <congokin-tribune@congokingroupes.com>
An: « mukanya jean-marie » <mukanyambjm@yahoo.fr>, « afriquenouvelle@bluewin.ch » <afriquenouvelle@bluewin.ch>, « Forum Lumumbiste des Patriotes Congolais » <congokin-tribune@congokingroupes.com>, « Forum Lumumbiste des Patriotes Congolais » <congokin-tribune@congokingroupes.com>
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Betreff: [Congokin-tribune] Monsieur Albert Kisonga souhaite la recolonisation du Congo par les Blancs
Et si nous ne serions pris que dans nos propres perceptions projetées chez l’autre, notre interlocuteur? Nous tomberions dans des monologues improductifs et calomniateurs au lieu de dialogues (en diades et triades) constructifs…
Les Prof. Fweley Diangitukwa et le frère JM Mukanya seraient, c’est ma perception, aussi proches de l’aîné Kisonga qu’ils ne le croiraient.
Tâtonnons!
1) Kisonga a connu Bukavu, sa ville de naissance, enfant. Il a vu la beauté de cette ville que j’essaie difficilement de m’imaginer sur photo… Il l’a connu plus tard avec autant de destructions aux mains des congolais, souvent les plus formés.
Il a côtoyé la férocité des cadres blancs — « Ntalumanga » ou « simba ya Ulaya » pour ne citer que cela –, mais aussi la barbarie inimaginable du Noir congolais qui a même bouffé son premier Premier ministre élu… Aujourd’hui, nous parlons de plus de 6 millions de morts et un nombre très élevé de violence sexuelle à l’encontre de nos enfants, nos mères et soeurs, etc. On me dira, certes, ce que je connais mieux: il y en a des étrangers! Mais, ceux-ci ont-ils fait face à une intelligence nationale unie ou à un agrégat d’opportunistes mal en point?
2) Prétendre que nous avons des cadres serait loin de répondre à ce constat bien cru, je crois.
3) Le Prof. Fweley Diangitukwa a également un peu raison. L’intelligence, je le crois aussi, est la faculté la mieux partagée parmi les êtres humains. Seulement, cette assertion ne tiendrait qu’à une seule des deux composantes qui déterminent que devient une personne: l’innée. Or, c’est prouvé, l’autre facteur est le plus déterminent: l’acquis (social). À Nyangezi, le frère mariste, Alvouet Roger aimait nous dire: « Eh ben, si Mozart était né ici ben, il ne serait pas le Mozart qu’on connais ben! »
4) Oui, c’est connu: plusieurs cadres rdcongolais évoluant à l’étranger sont les clés de succès de leurs milieux professionnels! Oui, mais, ôtez-le de ces cadres d’action conçus ailleurs, ramenez-le en RDCongo, et vous les verrez échouer… Pour dire que ce qui manque ici n’est pas l’intelligence des individus, mais l’intelligence-cadre, bien souvent pensée et supervisée par peu de personnes, mieux par un système.
Et là, nous n’y sommes pas encore et ma crainte est que nous ne puissions pas y arriver parce que beaucoup ne voient pas ce vide béat qui risque de nous engloutir toutes et tous: le manque éternel de cadres d’action. Et comment y arriverions-nous si nous devons en tout temps faire et défaire le principal cadre, la constitution du pays. Comment peut-on évoluer si jamais on s’est établi un tremplin, une fondation, etc.?
5) Enfin, Kisonga et Fweley Diangitukwa sont des grands patriotes, fiers et complémentaires à mon avis. Pendant que le Prof risquerait de se fier à des intelligences qui, hors de cadres établis d’actions, sont plus barbares que quiconque, l’Aîné Kisonga l’amènerait à y penser deux fois avant de foncer. Ce qui a détruit le Congo-Zaïre, c’est son élite avant tout… Alors, à ce niveau, nous n’avons rien à exhiber fièrement.
Cependant, il faudrait qu’une infime minorité en son sein arrive à créer un CADRE DE PRODUCTION où toutes ces intelligences pourraient éclore positivement pour l’intérêt supérieur de la Nation. C’est ce cadre qui devra préexister avant d’amener des assistants d’ailleurs.
Est-ce le CET? Mieux, pourrait-il être le CET révisé?
Je vous remercie tout en m’en voulant de n’avoir pas su être clair. Toutes mes excuses!
Mastaki
From: mukanya jean-marie via Congokin-tribune <congokin-tribune@congokingroupes.com>
To: « afriquenouvelle@bluewin.ch » <afriquenouvelle@bluewin.ch>; Forum Lumumbiste des Patriotes Congolais <congokin-tribune@congokingroupes.com>
Cc: mukanya jean-marie <mukanyambjm@yahoo.fr>
Sent: Monday, May 16, 2016 7:42 PM
Subject: Re: [Congokin-tribune] Monsieur Albert Kisonga souhaite la recolonisation du Congo par les Blancs
Kisonga est coutumier des constructions bancales. Il ne faut pas s’en étonner. Il continue à pratiquer un raisonnement qu’il croit et proclame lumumbisme. Mais en réalité, il a plutôt un gros problème de préjugé politique, voir de rancoeur envers ses compatriotes qu’il catégorise par rapport à leurs origines, leurs parentèles, leurs fréquentations, leurs visions idéologiques etc.
D’où sa drôle d’idées de faire « re-coloniser le pays par les blancs ».
Kisonga ne se demande même pas pourquoi et comment les blancs de mauvaise foi devraient aider les congolais à progresser.
Le pauvre Lumumba était pourtant plus subtil, lui qui, à l’époque où nous étions sans techniciens, voulait garder les blancs. Maintenant que nous en avons en grand nombre, il faut se poser la question de savoir si ce n’est pas l’ignorance et l’extrémisme des maoïstes et trotskistes, ainsi que des machiavéliques qui nous conduit dans cette impasse.
Cela explique qu’il n’arrive pas à s’expliquer que son rejet des siens, avec en tête ses ennemis balubakas (comme il aime bien les distinguer des autres lubas) le conduit à un raisonnement biaisé.
Kisonga,
Lorsque tu toléreras les tiens, tu dépenseras moins en salaires payés à l’étranger, et tu construiras ton Congo plus vite.
JM Mukanya
Le Mardi 17 mai 2016 1h11, afriquenouvelle— via Congokin-tribune <congokin-tribune@congokingroupes.com> a écrit :
Monsieur Albert Kisonga Mazakala dit aux Congolais : « Il n’y a aucun Congolais de bonne volonté qui peut contribuer à reconstruire le Congo car nous en avons pas la capacité« . Ceci signifie que lui-même, en premier, n’a pas cette bonne volonté et il n’en a pas la capacité. Sur plus de 70 millions de Congolais que nous sommes, il ne trouve aucun Congolais compétent avec la capacité et la bonne foi pour contribuer au développement de notre pays. Pour cette raison, à la suite de Donald Trump, il souhaite la recolonisation de notre pays par les Blancs. Voici sa phrase fétiche : « Ce n’est qu’avec les Blancs de bonne volonté que nous pourrons construire notre pays. Nous mêmes, nous n’en avons pas la capacité ». Lisez son texte entier ci-dessous.
Pardonnez-moi de vous poser une question brutale parce que je suis profondément choqué par vos propos. Monsieur Albert Kisonga Mazakala, êtes-vous un homme normal et jouissez-vous toujours de toutes vos facultés ?
Fweley Diangitukwa
www.editions-mondenouveau.com
www.fweley.wordpress.com
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Donald Trump n’a jamais manifesté une grande considération pour ses compatriotes Noir. Cependant, la
vérité peut aussi sortir de la bouche du diable en personne. En effet, si l’on cherche à savoir ce que les peuples noirs ont gagné avec l’indépendance, on peut se trouver devant la difficulté d’énumérer les bénéfices qu’ils ont engrangés. Pour parler de notre pays la RDC, avant l’indépendance, les soins médicaux
étaient gratuits. De tous les pays voisins, on venait se faire soigner au Congo. Or, 1973 où le Président Mobutu voulut créer une ceinture verte autour de Kinshasa, les experts chinois (déjà) en sa compagnie dans l’hélicoptère, lui posèrent la question de savoir ce qu’était l’étendue qu’ils survolaient (le
cimétière de Kimbanseke). A la réponse du Chef de l’Etat, les Chinois posèrent la question de savoir s’il y avait eu une guerre atomique au Zaïre. Cela veut dire que 13ans après l’indépendance, les Congolais mouraient comme des mouches. Qu’en est-il aujourd’hui? Des régions entières sont complètement abandonnées à leur sort, sans la moindre infrastructure médicale. Celles qui ont survécu sont devenues
des mouroirs. Dans le communiqué qu’il a diffusé pour
annoncer la mort de son collègue Banza Mukalay, le Mnistre
de l’Information a annoncé que son collègue était décédé alors que le gouvernement s’apprêtait à l’évacuer à l’étranger par un avion médicalisé, sans doute pour un coût d’au moins 1 million $. Pendant ce temps, plus de 90 % des citoyens congolais ne disposent pas d’un budget de 10 $ pour se faire soigner.
Avant l’indépendance, si la nourriture (en qualité et quantité) semblait quelque peu poser problème à Kinshasa, ce n’était pas le cas à l’intérieur. Dans les villes du Kivu, les gens mangeaient tous les jours de la viande. D’ailleurs à Bukavu, les clercs ne consommaient que la viande du Kenya importée par Elakat. Quelle est la situation aujourd’hui?
Même sur le délicat chapitre des droits de l’homme, je ne me
trompe pas si je dis qu’en 1959, le Congolais jouissait de plus de libertés qu’aujourd’hui, dans un régime colonial évidemment en fin de parcours. Toujours en 1973, mon petit frère le Procureur général Simansi me fit visiter, en compagnie d’un ami, le cachot du parquet à Matonge. Il nous expliqua clairement que les détenus qui n’avaient pas de familles mourraient souvent de famine.
Notre conclusion fut que personne n’accepterait d’enfermer sa chèvre dans ces cachots. Pour ce qui me concerne, même si j’ai mis des décennies à bien comprendre son discours, ma conviction, d’ailleurs largement partagée par les Congolais à ce jour, est que Patrice Lumumba avait raison lorsqu’il avait dit à ses camarades à Bukavu : » Ce n’est qu’avec les Blancs de bonne volonté que nous pourrons construire notre pays. Nous-mêmes, nous n’en avons pas la capacité ». J’ai répété le même discours au Président Kabila à Bruxelles il y a 15 ans, en lui recommandant de faire comme Mandela. On connaît la suite.
La réalité est donc que dans certains pays comme le nôtre,
le citoyen vit comme un esclave, à la merci de l’arbitraire de ses dirigeants dont l’unique intérêt consiste à chercher l’enrichissement rapide, tout en produisant un discours pour entuber la population.
Albert Kisonga Mazakala
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