Veuillez d’abord écouter :
http://congojustice.org/le-conflit-au-congo-la-verite-devoilee/
Cher compatriote Diana Gikupa Joachim,
Les questions que vous soulevez ont déjà toutes trouvé des réponses dans mes différents livres. Ceux qui me lisent le savent et ils doivent rire sous cape en vous lisant.
Le pasteur Ngoy Mulunda est l’un des fondateurs du PPRD. Il est mal placé pour diriger la CENI qui aurait dû être confiée à la société civile. Le passé de ce pasteur ne lui permet pas d’être neutre. Il a été appelé par le pouvoir pour organiser les fraudes. Si vous n’avez par retenu cela, c’est encore votre droit de faire une lecture sélective de mes arguments.
Vos propos sont en italique.
Les Fardc n’ont jamais gagné les Fdlr parce que Joseph Kabila composerait avec Kagame. Lisez Pierre Péan, Carnages. Il vous donne toutes les explications avec des références. Vous ne voulez pas lire mes ouvrages, autrement vous trouverez des éléments de réponse dans « Stratégies pour la conquête, l’exercice et la conservation du pouvoir », avril 2011. Pour les moments, les Américains et les Britanniques mais aussi les Canadiens misent sur Museveni et Paul Kagame qui jouent le rôle que jouait Mobutu contre le communisme. Museveni et Paul Kagame les aident pour régler la question du Soudan (il y a 3.300 casques blues rwandais au Darfour), de l’islamisme et du terrorisme mais aussi au passage pour piller les ressources naturelles dans l’est du Congo. Je fais court. Des livres qui répondent à cette question existent. Il suffit de les consulter.
La Légion d’honneur française a sauté sur Kolwezi parce que le pouvoir de Mobutu était soutenu par l’Occident qui est venu au secours de son pion, de son affidé. Pareil. L’armée de Mobutu a détalé devant les troupes de l’Afdl jusqu’à la chute de la capitale parce que Mobutu qui était totalement soutenu par l’Occident a été lâché par lui. Le même Occident a armé Museveni et Kagame (en utilisant provisoirement Laurent-Désiré Kabila) pour accélérer la chute de Mobutu. Le maréchal est tombé. Les Américains ont utilisé les armes qu’ils avaient utilisées en Somalie et qu’ils avaient transférées en Ouganda après leur échec (en Somalie). C’est avec ses armes que Kagame a mené sa guerre et une partie a été utilisée par l’AFDL. Après la chute de Mobutu, il fallait rembourser la facture. D’où le pillage dans l’est du Congo et d’où aussi l’impunité des pilleurs. Ai-je répondu ? Etes-vous satisfait ? Le jour où Museveni et Kagame seront lâchés par les Américains et les Britanniques, ils tomberont. Souvenez-vous du rôle que M. Swing a joué à la fin du règne de Mobutu mais aussi après, disons jusqu’à son départ. Il travaillait pour la CIA si vous ne le savez pas. Il a causé du tort à notre pays alors que les musiciens et les journalistes chantaient « ses bienfaits », jusqu’à l’appeler « koko Swing ». Je fais aussi court.
Vous me questionnez : L’armée de Laurent Désiré Kabila n’a pas réussi à vaincre les mouvements rebelles jusqu’à ce qu’il y ait un accord de cessez-le-feu. Les rebelles sont même entrés dans la capitale où il fallait l’intervention des Angolais, des Zimbabwéens et des Namibiens. C’était pourquoi à votre avis ? Je réponds. Les Américains n’avaient pas besoin de voir Laurent-Désiré Kabila aux commandes à Kinshasa. Museveni et Kagame non plus. Il fallait donc lui rendre la vie difficile. Ils l’ont fait jusqu’au moment où ils ont trouvé l’homme qui correspond à leur plan dans la région des Grands Lacs. Ai-je répondu ?
Vous me questionnez : En quoi toutes ces guerres diffèrent-elles de celle que les Fardc menaient contre le Cndp ? Je réponds. Cette dernière guerre est de basse intensité. Elle intéresse plus les firmes transnationales qui sont protégées par leurs Etats. Elle permet à Kagame de continuer à piller l’est du Congo. Ai-je répondu ?
Vous dites : La guerre contre le Cndp s’est terminée par des négociations parce que le gouvernement Joseph Kabila ne voulait pas combattre le Cndp. Je dis non et non. Je répète : AFDL, RCD-Goma et CNDP sont des créations de Kagame soutenu par les Britanniques et les Américains. Ces acteurs font croire aux Congolais qu’ils se haïssent là où ils s’entendent à l’insu des Congolais. Le RCD-Goma a rejoint le pouvoir à Kinshasa et le CNDP a rejoint le même pouvoir à Kinshasa à son tour. Cessons d’être dupes. Ouvrons les yeux. Vous pouvez toutefois ne pas partager cette compréhension.
L’adage dit : « On n’est jamais prophète chez soi ». Vous êtes libre de ne pas me considérer comme un politologue confirmé (scientifique) mais les scientifiques me considèrent comme l’un de leurs. Ils m’associent à leurs travaux. Je suis sollicité pour donner des cours dans des universités étrangères. Je suis invité par des chaînes de télévision et des radios étrangères. Des grands journaux internationaux me citent. Libre à vous de ne pas reconnaître mes compétences. Déjà vous ne cherchez même pas à pénétrer un seul de mes ouvrages mais vous vous prononcez sur ma qualité de scientifique. Ah les Congolais ! Nous sommes très spéciaux ! Nous dénigrons facilement et gratuitement nos propres compatriotes sans connaître le sérieux de leurs travaux. Vous dites : vous lisez mal tous les livres qui vous tombent sous le bras. Car, vous y cherchez ce qui vous caresse et non ce qu’ils contiennent. Les scientifiques de renom pensent que je lis bien et c’est pour cette raison qu’ils citent mes ouvrages dans leurs publications, dans les thèses de doctorat ou m’associent à des travaux de réflexion et de recherche. En tout cas, pour moi, l’avis des scientifiques qui prennent la peine de me lire comptent plus que tout autre avis (surtout pas celui des personnes qui osent se prononcer sur mes livres sans avoir lu un seul).
Oui. Lorsque vous, en tant que journaliste, ou tout autre personne à l’est du pays qui vit la guerre dans cette partie du pays, devez parler de la guerre, vous avez l’obligation de vous imposer la connaissance des sources externes parce que la guerre dans notre pays vient de l’extérieur. Si vous oubliez cela, vous partez sur une mauvaise piste qui vous amène à répéter la version officielle des faits.
Vous me questionnez : Pourquoi Al Qaïda enlève-t-il des Occidentaux, pourquoi pose-t-il des bombes ? Est-ce une preuve que Ben Laden commande la politique des pays occidentaux ? Je réponds. J’ai traité cette question dans mon livre « Géopolitique, intégration régionale et mondialisation », Paris, L’Harmattan, 2006.
Vous me questionnez : Pourquoi Hitler avait-il entrepris la conquête de l’Europe ? La réponse à cette question se trouve également dans mon livre cité ci-dessus. L’Allemagne était composée de principautés soumises aux puissances occidentales, notamment la France de Napoléon qui les traversait sans payer un sou pour aller conquérir des contrées lointaines en Russie. Bismarck a unifié l’Allemagne et a cherché à l’imposer en tant que puissance avec laquelle les autres pays devaient compter. Hitler a poursuivi la politique de Bismarck. On peut discuter sur ses moyens et ses méthodes. Ai-je répondu ?
Je suis politologue et j’ai étudié les relations internationales à Genève. Les rapports de force entre les Etats, j’en sais quelque chose et j’en parle régulièrement dans mes livres. Vous ne le savez pas parce que vous refusez de me lire. Encore une fois, c’est votre droit. Dans mon livre « La thèse du complot contre l’Afrique. Pourquoi l’Afrique ne se développe pas », je défends l’idée suivant laquelle le complot contre l’Afrique existe à cause des rapports de force inégaux entre les pays du Nord et du Sud. La question de rapports de force est ce que les politologues étudient en profondeur.
Vous avez écrit : Ce que vous dites au sujet de la déclaration de Louis Michel selon laquelle l’Europe avait choisi Kabila, je suis étonné qu’en votre qualité de politologue, vous tombiez dans ce panneau. Comment s’est fait ce choix ? Expliquez aux Congolais. C’est la seule façon de leur dire la vérité. Vous ne parlez pas de soutien, mais de choix. Je me demande si Louis Michel faisait le compte rendu de quelle réunion de l’Union européenne qui l’aurait mandaté d’exprimer ce choix. Comment le bulletin de vote que les Congolais avaient mis dans les urnes se sont-ils transformés en choix européen ? Je réponds. Pour votre mémoire, Louis Michel a été en Afrique du Sud à Sun City où il a joué un rôle important. Dans cette ville sud-africaine, la « communauté internationale » a exigé que Joseph Kabange soit le chef de la transition. Louis Michel était le premier à annoncer l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila. Celui-ci a été tué avec un revolver de fabrication belge. Ne l’oublions pas. Le 18 juin 2005, sur une chaîne privée belge, Louis Michel a déclaré : le président Kabila est « la chance que le Congo devait saisir » (lire Jeune Afrique no 2355 du 26 février au 4 mars 2006 ; lire aussi Fweley Diangitukwa, « Les fraudes électorales. Comment on recolonise la RDC », Paris, L’Harmattan, 2007, p. 27). L’Union européenne a financé les élections au Congo à hauteur de 500 millions. Pensez-vous que les Européens l’ont fait pour les beaux yeux des Congolais ? On finance une entreprise ou une opération économique dans le but de gagner et jamais le contraire. Je suis politologue et je parle politique. Je n’écris pas sur la chimie mais sur ce que je sais.
Je ne vous critique pas. Je vous demande simplement de dire la vérité aux Congolais et de ne pas les distraire car la crise dans notre pays est profonde et les enjeux sont grands à cause de la convoitise et de la mainmise des puissances étrangères mais aussi des pays limitrophes enclavés qui se sentent à l’étroit à l’intérieur de leurs frontières. Ils sont pour l’heure soutenus par les puissants parce qu’ils servent aveuglément leurs intérêts. Pour combien de temps encore !
Tout en vous remerciant vivement, je vous présente mes amitiés.
Fweley Diangitukwa
Nouvelles publications : « Gouvernance, action publique et démocratie participative », éditions Monde Nouveau/Afrique Nouvelle (avril 2011), 236 pages (grand format), janvier 2011, 270 pages et « Stratégies pour la conquête, l’exercice et la conservation du pouvoir », éditions Monde Nouveau/Afrique Nouvelle (avril 2011), 236 pages (grand format).